— Il a peur de moi ? dit Alice en offrant un sourire à décroiser la lune.
— Porca miseria ! Mais tu as quel âge ? On dirait une gamine devant un boys band !
— Tu ne peux pas comprendre... quand tu auras trouvé l'amour, le vrai...
— Il semblerait que l'objet de mon attention préfère les regards incendiaires d'un malfrat.
Alice éclate de rire en prenant brusquement Francesca dans ses bras.
— Tu es bien trop belle pour moi, Francesca ! Et puis, Giulia en serait morte de jalousie !
— Giulia et moi, c'est de l'histoire ancienne. Nous ne sommes plus que des amies. Elle préfère les mecs de toute façon ! Comme toi, manifestement. C'est bien ma veine...
— Francesca. Je suis désolée, commence Alice en s'écartant mais sans brusquerie.
Elle ne veut pas que l'italienne interprète mal son geste. Alice a le cœur en ébullition. C'est la première fois qu'une fille lui avoue son amour. Enfin, si c'est bien ce que vient de faire Francesca sous couvert de sarcasmes ? C'est sans doute idiot, mais Alice ressent réellement une sorte de fierté face à l'attachement révélé de Francesca. Cette fille est si belle, radieuse. Son visage serait digne d'une peinture du grand Raphaël. Une Joconde en chair et en os. Quand elle vous regarde, une vague de sérénité vient aplanir les aspérités et les contrariétés de la vie. Près d'elle, Alice se sent presque calme. État aussi rare que recherché chez elle qui n'en finit pas de s'agiter, de brasser l'air autour d'elle. Rarement inutilement, cela dit.
Les deux jeunes femmes s'observent un bref instant avant que l'italienne prenne le visage de lutin de l'anglaise entre ses mains.
— Je sais. Mais ne compte pas te débarrasser de moi aussi facilement. Lombardi ne fait pas le poids face à moi. Je ne vais pas te lâcher. Parce que ces derniers jours m'ont confirmé que tu avais une place dans ma vie. Même si, après ce que j'ai appris ce matin, il faudrait que je t'éloigne le plus loin possible et dans les plus brefs délais.
— Ce que tu as appris ce matin ? Que se passe-t-il Francesca ? lâche Alice en se redressant.
— Mieux vaut que tu ne saches pas.
— Si tu m'as fait venir, c'est parce que tu avais besoin de parler à quelqu'un. Je suis honorée que tu m'aies choisie plutôt que Giulia ou une autre de tes amies. Alors maintenant, ne recule pas. Vas-y ! Lance toi à l'eau !
Francesca soupire et pose ses yeux sur l'horizon.
— Mon grand-père veut que je lui succède.
— Holy shit ! s'exclame Alice en se rasseyant brusquement.
— Et il y a autre chose... Quelque chose de plus contrariant. Quelque chose qui, si j'étais raisonnable, me forcerait à te faire disparaître de ma vie.
— Mais...
— Il m'a attribué un garde du corps... poursuit Francesca laconique.
— Dante Lombardi, dit calmement Alice tout sourire en se réinstallant face au soleil.
Elle savait que le destin ne pourrait pas éloigner son amour après le lui avoir mis à portée.
— Arrête de sourire comme ça ! Ça ne va pas marcher entre vous deux ! Il a refusé la mission ! Il a dit non à Vittorio de Luca, le patriarche du clan ! Et même si ce dernier n'a rien précisé, je suis sûre que c'est à cause de toi ! Mon grand-père a dû lui forcer la main !
Alice se lève d'un bond, puis aide son amie à se relever. Elle sourit à la madone, prend son visage entre ses mains et dépose un baiser léger sur ses lèvres.
— Je ne peux pas accepter ton amour, Francesca, mais ton amitié m'est précieuse. Je ne te laisserai pas disparaître de ma vie. Et contrairement à ce que tu pourrais penser, ça n'a rien à voir avec Dante Lombardi. Le fait qu'il devienne ton garde du corps me facilite grandement les choses dans un proche avenir, c'est vrai. Mais si ça n'avait pas été le cas, je me serais arrangée autrement pour le revoir.
— Tu es indécrottable !
— J'espère bien ! Cazzo !
Francesca soupire et sourit. Comment être en colère contre Alice ? Comment lui en vouloir ? Comment préférez qu'elle disparaisse ?
— Il faut que je rentre maintenant.
— Bien mademoiselle la matriarche du clan de Luca !
— Chuuuut ! Pas un mot ! Tu ne dois en parler à personne ! Pour le moment, je suis stagiaire ! Et personne ne doit être au courant... si certains membres de la famille apprennent les projets de mon grand-père... ce serait très dangereux pour moi.
— D'où le garde du corps.
— D'où Dante Lombardi.
![](https://img.wattpad.com/cover/310591291-288-k486280.jpg)
VOUS LISEZ
L'obstination d'Alice Baggersmith
Literatura FemininaIl n'y a qu'une Alice Baggersmith. Et c'est heureux ! Le monde ne se relèverait pas s'il y en avait deux. Son obstination est légendaire, comme sa bonne humeur et son langage de charretier. On l'aime ou on la déteste. Au choix. Mais l'indifférence n...