57/ Napoli

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Naples sous la pluie est comme toutes les villes sous la pluie : moche, sale et peu accueillante. La circulation dense et chaotique l'est encore plus que d'habitude. La loi du plus fort y règne. Gina connaît. Elle sait se faufiler et profiter des ouvertures, même par ce temps. Conduire à Naples, ça ne s'oublie pas et ça prépare à toutes les situations merdiques qu'un conducteur peut rencontrer...

Quand les deux gamines ont finalement craché le morceau à propos de Dante, Gina n'a pas réfléchi à deux fois. Elle a appelé un ami pour aider Marco au bar et elle a pris sa voiture, les deux gazelles dans son sillage.

Elle ne s'étonne pas de leur identité. Elle se morigène même de ne pas les avoir reconnues immédiatement. Évidemment. Francesca a certains traits de la famille de Luca, et l'autre... Et bien l'autre n'est pas du tout comme elle l'imaginait après ce que lui avait dit Dante. En fait, elle se rend compte qu'il n'a jamais décrite la fille amoureuse de lui. Il n'a fait que se plaindre de son comportement envers lui. Mais maintenant qu'elle la voit, elle comprend mieux. À part elle-même, Gina Conti n'a jamais rencontré de fille plus énergique et déterminée.

— Vous êtes sûre qu'il est à Naples ?

— Certaine.... Et vous pouvez me tutoyer, hein ! Parce que je ne suis pas si vieille que ça !

Francesca et Alice échange un coup d'œil. Et Gina éclate de rire.

— C'est sûr que je ne dois pas correspondre à ce que vous rencontrez d'habitude.

— C'est pas ça, dit Alice. C'est le maquillage.

— Le maquillage. Ah ! Dans certaines situations, il faut ce qu'il faut ! Et puis, tu peux parler ! T'as vu tes cheveux, l'anglaise !

— Comment...?!

— Comment je sais que tu es anglaise ? Mais je sais tout de toi, piccia ! Dante ne tarie pas d'éloge !

— Ça, ça m'étonnerait, lâche Alice en s'adossant à la banquette arrière l'air renfrogné.

— Ah ! Ah ! Ah ! Un petit mensonge, hein !

— On va où exactement, demande Francesca qui veut envoyer un message à son grand-père.

— On va chercher Lucio et on file à l'Arène.

— Pardon ? s'écrie Alice. C'est qui ce Lucio, d'abord ? Et l'Arène ? Qu'est-ce que c'est que ça ?

— L'Arène, c'est un endroit où ont lieu des combats sur lesquels tout un tas de gens parient. Et Lucio, c'est notre passe pour y accéder. Sinon on y entre pas. Non. On y entre mais on n'en sort pas vivantes. Enfin, moi peut-être. Mais vous. Non. C'est sûr.

— Cazzo ! siffle Francesca en écrivant à toute vitesse son message. Il a intérêt à répondre, le vieux.

— Tu envoies un message à Vittorio ?

— Oui. Il paraît qu'il cherche Dante aussi. J'imagine qu'ils se sont parlés avant que Dante ne disparaisse.

— Comment ces deux là ont pu se brouiller ?

— C'est compliqué, dit Francesca en soupirant.

— Bloody hell ! C'est pas compliqué du tout ! Au contraire ! Dante est un bâtard ! Il est le petit fils du vieux ! Et le vieux le lui a caché ! lâche Alice avant que Francesca ne lui fasse les gros yeux.

— Porca puttana ! C'est son petit-fils ! Vous déconnez ! C'est pas vrai ! Mais c'est pas vrai ! Mais c'est...

— Si c'est vrai, dit simplement Francesca en fixant le déluge à l'extérieur.


L'obstination d'Alice BaggersmithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant