61/ Boire la rage jusqu'à la lie

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Mais Dante n'atteint pas Vittorio. Renzo et Luigi font aussitôt barrage. Enfin, surtout Renzo, qui envoie Dante dans un coin de la pièce d'un coup de poing. La voix de Vittorio s'élève alors que le jeune homme revient vers ses adversaires pour un deuxième round.

— Je ne te permets pas de juger ma conduite à l'égard de ta mère. Je la savais à l'abri. Je la savais heureuse. C'était tout ce que je souhaitais pour elle. Sa mort tragique a été terrible pour moi.

— Vous mentez ! Vous mentez encore ! Si vous étiez si touché, pourquoi ne pas venir aux funérailles ? Pourquoi ne pas affirmer votre paternité ? Pourquoi ne pas être venu me chercher à ce moment-là ?

— Parce que j'ignorais tout du sort que te réservaient les Lombardi.

— Vous mentez ! Vous mentez toujours ! hurle Dante en tombant à genoux et en frappant le sol avant de bondir vers Vittorio.

C'est encore les poings de Renzo qui le cueillent. L'homme de main ne met pourtant pas toute sa force dans ses coups. Il aime bien Dante. Il ne veut pas lui faire de mal. Même si la colère et le chagrin l'ont rendu fou. Justement parce que la colère et le chagrin l'ont rendu fou. Il veut le mettre KO, mais pas le tuer. Il veut l'épuiser et le ramasser. Il veut lui faire comprendre que tout ça n'a aucun sens. Alors, il frappe, mais Dante utilise sa pitié contre lui. Ils ont si souvent combattu l'un contre l'autre pour s'entraîner. Le jeune homme connaît les points faibles du colosse et s'en sert.

Luigi ne peut pas le laisser faire. Il se mêle au combat et n'est pas aussi miséricordieux que son collègue. Il frappe de toutes ses forces. Mais Luigi ne fait plus le poids face à Dante depuis plusieurs années déjà. Il finit très vite à terre, inconscient. Et Renzo le rejoint bientôt.

Ettore Bagliardi se place devant Vittorio pour faire barrage même s'il se demande vraiment ce qu'il fait ici. Il n'est pas un homme d'action, lui. Avec son luxueux costume et ses pompes bien cirées, il fait sourire Dante.

— Dégage, Ettore !

Spatallone qui ne serait pas contre le fait de voir le patriarche du clan de Luca à terre, se demande s'il peut laisser faire sans en payer un prix trop exorbitant. À croire les rumeurs, l'héritier du clan serait moins regardant concernant les affaires. Il finit par conclure qu'il ne doit pas se mêler de tout ça. Les affaires de famille doivent se régler en famille, même si ça se passe dans les vestiaires de l'Arène.

***

Alice est seule dans le couloir devant la porte fermée du vestiaire. Les rugissements de l'arène couvrent tout ce qui pourrait sortir de cette pièce fermée devant laquelle Vittorio de Luca lui a demandé d'attendre. Un certain Rafaelo est avec elle.

Gina et Francesca doivent se faire un sang d'encre, car elles ignorent où elle est. L'homme du clan de Luca l'a entraînée loin de l'arène en profitant d'un mouvement de foule. Et maintenant elle est là à attendre. Mais ça n'est pas son fort, la patience. Vraiment pas son fort.

— Il faut que j'entre.

— No. Le patriarche a dit d'attendre. Alors on attend.

— Porca miseria ! Je ne suis pas là pour faire la potiche ! Si on m'a fait venir...

Alice ne finit pas sa phrase, un coup sourd et brutal ébranle la porte. La jeune femme profite de la surprise de son geôlier pour se précipiter et ouvrir. Et ce qu'elle voit la stupéfie, mais pas suffisamment longtemps pour que Rafaelo puisse l'arrêter. Elle se précipite à l'intérieur de la pièce.


L'obstination d'Alice BaggersmithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant