49/ Le colosse aux pieds d'argile

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Dante aide Marco à s'asseoir près de lui. Gina leur sert deux cafés. C'est pas encore l'heure pour le reste.

— Bon. Dai. Roberto ? Il a fait quoi ?

— C'est bon, Dante. C'est réglé. J'y suis allé ce matin.

— Sûr ?

— Sûr.

— À toi, maintenant. Qu'est-ce qui rend tout bougon, mon Dante adoré ? dit aussitôt Gina en se penchant vers l'intéressé, offrant à tout ceux qui le veulent une vue plongeante sur son généreux décolleté.

— Gina !

La jeune femme éclate de rire en se redressant, les mains sur les hanches.

— Cazzo ! Ça valait le coup ! Vos yeux ont failli sortir de leurs orbites, les gars, clame-t-elle, et pas seulement à l'intention de son homme et de Dante. Les trois clients attablés n'ont rien loupé du spectacle non plus.

— Alors ? C'est quoi cette tenue ? reprend-elle

— Rien.

Marco comprend aussitôt le coup d'œil que lui lance Gina. Il doit disparaître au plus vite. Dante Lombardi ne parlera jamais devant lui. Pas de ses états d'âme en tout cas. Et manifestement, il en a gros sur la patate. Il n'y a que Gina qui parviendra à lui tirer les vers du nez. Gina qu'il considère comme sa sœur, à défaut d'autre chose.

Une fois qu'il a pris le large, Gina s'accoude au bar et repose sa question. Dante comprend qu'elle ne lâchera pas le morceau. En même temps est-ce qu'il n'est pas venu pour ça ? Pour parler. Pour vider son sac ?

— Je ne sais pas.

— « Tu ne sais pas ». Bon. C'est un début. Mais va falloir développer, piccio ! Parce que je suis pas madame Irma, moi ! C'est quand même pas encore l'anglaise...

Voyant la tête de Dante s'assombrir.

— Cazzo ! C'est l'anglaise ! Elle est pas encore partie ?

— Non. Elle est là pour quelques mois encore.

— Je crois que tu devrais céder. Tu te l'envoies jusqu'à ce qu'elle parte et puis basta cosi... tu as fait pire.

— J'ai fait pire. Mais c'est plus compliqué que ça.

— Plus compliqué ?

Dante entreprend alors de lui raconté les derniers évènements. Il ne minimise pas son rôle, mais il ne prend pas tout sur lui. Après tout, rien n'est de sa faute. Mais il a fait des mauvais choix. Et il n'a pas su réagir. Il ne sait pas réagir face aux situations que lui impose la cohabitation avec les étudiants. Il ne sait pas mentir et ne sait pas jouer un rôle. Il est lui. C'est tout.

— Puta ! Tu as grave merdé ! lâche Gina à la fin de son exposé.

— Je fais mon job, cazzo !

— Tu as merdé, j'ai dis ! Tu avais besoin d'être aussi blessant ! Une vraie brute ! Si j'avais été à sa place, tu ne t'en serais pas sorti vivant ! Crois-moi ! lance Gina en allant servir un nouveau client.

Dante sait qu'elle a raison. Alors pourquoi est-il en colère ? Peut-être parce qu'il ne sait faire que ça. Se mettre en colère et régler les problèmes à coup de poing. Comme un flash, il revoit le doigt d'Alice toucher la ride de contrariété de son front puis descendre vers sa mâchoire. Il ressent comme un uppercut la sensation que ce simple effleurement a fait naître en lui. Il serre les dents et les poings. Il n'est pas fait pour cette douceur. Il ne la mérite pas. Il ne la veut pas.


L'obstination d'Alice BaggersmithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant