Sylvester est très fier de lui. Grâce à de vagues connaissances de ses parents, il a réussi à trouver une jolie petite maisonnette pour les loger tous les quatre entre le port et le mont Argentario. Ils ont une belle vue et suffisamment de chambres pour avoir envie de rester là « for ever ». Le ciel est magnifique. Et malgré la fraîcheur matinale, la mer les appelle indéniablement.
L'anglais est prêt à braver les ardeurs du soleil. Il a amené tout ce dont sa peau a besoin pour brunir. Il est prêt. Et contrairement à d'habitude, il a troqué son costume pour une tenue plus légère. Beaucoup plus légère. Beaucoup, beaucoup. Il entre donc dans le salon, torse nu et en short de bain, une serviette de plage autour du cou et un petit sac à dos à la main. Genre surfeur en goguette.
— Vous n'êtes pas prêts ? lance-t-il à ses camarades qui discutent en admirant la vue sur la petite terrasse.
— Si. Regarde ! s'exclame Alice en se levant.
Sa robe jaune éclipse le soleil. Elle rayonne elle-même de manière peu naturelle.
— Mais qu'as-tu fait à ta peau ?
— C'est joli, hein ! C'est une huile de protection que m'a donnée Paz. Il y a des paillettes d'or dedans ! Et ça sent super bon ! C'est français !
— Tu m'étonnes ! C'est vrai que tu sens... Le biscuit... Tu ne peux définitivement pas sortir comme ça ! Tu vas te faire dévorer toute crue ! Même moi, j'ai envie de te manger, s'écrie-t-il en la tirant par le bras pour l'amener à la salle de bain.
Alice éclate de rire et lui dépose un petit baiser sur la joue. Il rougit aussitôt en s'arrêtant. Comment résister à cette fille ! C'est tout bonnement impossible. Elle est si... envoûtante !
Pierre s'approche. Il porte une chemise de lin sur un jean. Il paraît très décontracté par rapport à d'habitude. Quant à Paz, elle a choisi d'accompagner Alice dans son délire sixties en choisissant de porter une robe avec une coupe presque semblable, mais beaucoup plus sobre d'un bleu tendre qui rehausse son teint naturellement halé et ses yeux noirs.
— Laisse donc Alice faire ce qui lui plaît ! Tu n'es ni son frère, ni son petit ami ! Et mets quelque chose de plus couvrant ou nous allons devoir aussi gérer une émeute d'ici au port ! s'exclame l'espagnole en entraînant Alice à sa suite
— Je suis anglais comme elle. Donc je représente ce qui se rapproche le plus d'une quelconque autorité pour elle !
— Mais tu n'es pas son petit ami, dit Pierre d'une voix lente. Tiens, mets ça, finit-il en lui tendant une chemise.
— Qu'est-ce qu'elle a voulu dire par émeute ? grommelle Sylvester en boutonnant la chemise alors que les filles sont déjà sorties.
— Elle a voulu dire que tu es bien trop séduisant pour te permettre de sortir aussi ouvertement dénudé, lui murmure Pierre avant de sortir à son tour, laissant l'anglais sans voix et rouge comme une pivoine.
Quelque chose lui dit que contrairement à ce qu'il pense en général, il ne maîtrise absolument pas la situation. Sylvester sort en interpellant Pierre.
Francesca ouvre la fenêtre de la chambre en souriant. La vue est toujours aussi spectaculaire. La maison, plantée sur un flanc de montagne, s'ouvre sur l'horizon dégagé et surplombe le port. Si la jeune femme se désole de la raison de sa venue aujourd'hui, elle ne peut nier le plaisir qu'elle a de se retrouver ici. Porto Santo Stefano a toujours été lié à d'heureux souvenirs. Les fêtes estivales, les promenades en bateau, la mer infinie, la crique et sa plage minuscule. Les après-midis avec ses cousines à se prendre pour des sirènes.
— Aaaaahhhhhh ! Frani est là ! Frani ! Olivia et Laria font ensemble de petits sauts de cabri sur la terrasse juste sous ses fenêtres.
Elles ont toutes les deux revêtu des peignoirs à fanfreluches et arborent des papillotes multicolores dans les cheveux. Leurs sourires sont vrais, éclatants comme elles. Francesca leur sourit en retour. Finalement, même s'il y aura forcément un moment ou deux de désagréables, ce week-end risque d'être plutôt réussi. Elle envisage déjà de présenter ses cousines à sa petite bande d'étudiants étrangers.
Sylvester Rainford va faire une syncope. C'est sûr ! Parce que si Laria et Olivia n'ont pas le physique typique des italiennes, ayant emprunté leur blondeur et la silhouette évanescente à leur mère d'origine allemande, elles savent se mettre en valeur et jouer de leur charisme. Une vie à briller sur les réseaux sociaux, ça aide !
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L'obstination d'Alice Baggersmith
Chick-LitIl n'y a qu'une Alice Baggersmith. Et c'est heureux ! Le monde ne se relèverait pas s'il y en avait deux. Son obstination est légendaire, comme sa bonne humeur et son langage de charretier. On l'aime ou on la déteste. Au choix. Mais l'indifférence n...