L'anglais ne répond rien. Cette simple phrase à peine audible, ouvre une multitude d'horizons inexplorés, et même jamais envisagés. Sylvester s'est toujours pensé hétéro. Il n'a jamais eu beaucoup de petites amies, cela dit. Même s'il avait été sollicité assez souvent, il avait toujours eu mieux à faire. Il était très attaché à ses amis du club d'aviron, et aussi à ceux du club de polo.
Toutefois, ces amitiés viriles n'avaient jamais donné lieu à un questionnement sur sa sexualité. Jamais ? Il y avait peut-être eu un ou deux pincements au cœur au début de l'adolescence en voyant disparaître de sa vie, James Fielding. Mais rien qui remette en cause les certitudes que son éducation lui avait données.
Jusqu'à Pierre Milleran.
Pierre est un gars sympathique et intelligent. Pas particulièrement beau, mais charmant. Attachant. Et surtout, il éveille en lui des idées très particulières qui n'ont rien à voir avec l'amitié. Le premier mois de leur cohabitation, après plusieurs nuits troublantes hantées par le français, Sylvester, en jeune homme rationnel et posé, s'était dit qu'il devait réfléchir sérieusement à la question. Les rêves s'étaient espacés mais n'avaient pas vraiment disparus. Rien de probant n'avait résulté. Il en était resté là de ses questionnements.
L'anglais avait une telle vision idéalisée du monde, de son séjour en Italie, de l'amour en général, qu'à aucun moment, il n'avait remarqué quoique ce soit chez Pierre qui aurait pu lui indiquer une inclinaison à son égard. Ni les allusions sur son physique, ni les moqueries avec les filles, ni les regards songeurs. Rien.
Était-ce l'éclat d'Alice qui l'avait rendu aveugle ? Les multiples évènements liés à Francesca ? Sa fausse jalousie à l'égard de Lombardi ou de Hans ? Il ne savait pas quoi répondre.
Mais en cet instant, la tête de Pierre lovée au creux de son cou, il se sent très con. Vraiment très, très con, même. Et il le dit pendant que l'une de ses mains se détache du dos de Pierre et vient lui caresser les cheveux avec douceur.
— Je suis vraiment trop con.
Pierre ne répond rien, mais il se colle plus encore contre Sylvester avec un petit hoquet.
— Tu te marres ?
— Pas vraiment.
Sa voix est toujours un murmure, car Pierre n'y croit pas encore. Il est terrifié à l'idée de se faire rejeter. Il pense que Sylvester n'a pas encore compris. Sauf que l'anglais lui relève le visage et l'embrasse. Le doute n'est donc plus permis. Le cœur du français explose. Et Sylvester se sent prêt à explorer de nouvelles contrées.
D'ailleurs l'anglais est très entreprenant. Il songe qu'ils ont perdu assez de temps. Et maintenant que tout lui apparaît si clairement, il a hâte d'expérimenter en vrai ce qu'il a si souvent rêvé.
Les deux garçons s'embrassent, s'enlacent, s'explorent. Le lit n'est pas loin. Ils sont seuls. Leur désir est si fort qu'ils ne pensent à aucun moment que quelqu'un pourrait les surprendre - Après tout, la porte n'est pas fermée à clé-. Ils s'en foutent.
Ils se déshabillent dans le désordre et les caresses. Leur nudité ne leur fait pas honte, ni leur audace. Pierre est même fasciné par le corps de Sylvester qu'il découvre enfin en entier. Il n'a pas peur de son membre érigé. Il a déjà eu des amants. Il le désire en lui et le lui dit, parce que ce moment est tellement inattendu et incroyable, il promet tant, que la pudeur n'y a pas sa place.
Sylvester n'aurait jamais pensé prendre autant de plaisir à pénétrer un homme. Et parce qu'il n'est pas bouffi de préjugés sur lui et les autres, il s'en réjouie. Alors il continue et joint ses propres gémissements à ceux de Pierre qui lui demande de ne pas s'arrêter. Surtout ne pas s'arrêter.
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L'obstination d'Alice Baggersmith
Chick-LitIl n'y a qu'une Alice Baggersmith. Et c'est heureux ! Le monde ne se relèverait pas s'il y en avait deux. Son obstination est légendaire, comme sa bonne humeur et son langage de charretier. On l'aime ou on la déteste. Au choix. Mais l'indifférence n...