Alice est assise sur les remblaies, elle contemple le miroitement de la mer sous les lumières colorées de la promenade dans la fraîcheur de l'aube. Elle attend que sa respiration reprenne un rythme normal. Elle vient de courir trois quarts d'heure. C'était fantastique. Porto Santo Stefano est magnifique.
Elle attrape le petit sac à dos qui complète sa tenue de coureuse et en sort une gourde d'eau décorée de stickers divers et délavés. Elle sourit. Le plus neuf a été mis par Paz après deux semaines de colocation. Un soleil miniature qui vante la beauté de la côte Est espagnole dont la jeune fille est originaire.
Alice songe à la veille. Le repas, pris entre amis, a été bien arrosé. Paz, séparée de Hans, a été sous le feu des questions. Sylvester a été impitoyable. Clairement, il n'apprécie pas cet allemand qui vient de le détrôner dans le cœur de midinette de l'espagnole. Ce qui implique qu'il ait toujours été parfaitement conscient de l'effet qu'il lui faisait, le bougre ! Pierre est resté silencieux la plupart du temps. Sauf pour lancer des phrases énigmatiques à l'intention de l'anglais. Le français ne tient pas bien l'alcool. S'il continue comme ça, son amour secret pour Sylvester ne sera plus un secret pour personne !
Alice sourit. Elle est heureuse. Ses amis semblent trouver l'amour malgré eux, et ça la comble. Elle aime quand le destin ouvre des portes insoupçonnées. Elle aime l'idée que le hasard fait bien les choses, que la plupart des malentendus et des affrontements ne sont l'œuvre que de personnes qui n'ont pas su saisir les opportunités qui leur étaient offertes. Elle aime quand la joie l'environne.
Quand Francesca la rejoint, elle la trouve les yeux fermés, le visage offert au soleil levant et souriant au petit matin.
— Tu n'as jamais de crampe à force de sourire comme ça ? demande l'italienne avec amusement en s'asseyant près d'elle.
— Une crampe ? Mais non. Le sourire est naturel. C'est bouder qui rend crispé. Tu es seule ?
— Oui. Comme je te l'ai dit dans mon message. Je voulais te parler seule. Tu espérais qui ? Dante ? Hans ?
— Au moins Hans. J'aurais voulu lui donner le numéro de Paz. Elle n'a pas osé le lui donner.
— Ne t'inquiète pas pour ça. À l'heure qu'il est, il doit déjà l'avoir.
— Comment ?
— Je t'ai déjà dit que ma famille était spéciale, non ?
— Au point de savoir tout sur tout ?
— Au point d'avoir des dossiers sur tous mes amis avec des détails compromettants au besoin.
— Je serais curieuse de savoir ce qu'il y a dans le mien, dit Alice en souriant de nouveau. J'espère qu'il y a le nombre de petits-amis que j'ai eu, et aussi l'incident musclé qui m'a valu un renvoi lorsque j'étais au lycée.
— Toi, tu t'es faite renvoyer ?!
— Et oui ! M. Lombardi n'est pas le seul homme à avoir résisté à mon charme légendaire ! Le proviseur de mon ancien lycée non plus, ne m'a jamais portée dans son cœur.
— Comment est-ce possible ?
Alice hausse les épaules en levant les mains. Son expression d'ignorance fait rire Francesca. Pourtant quelque chose lui dit que l'anglaise sait très bien pourquoi cet homme ne l'aimait pas. L'éclat de se yeux ? L'humidité qu'elle a cru y déceler ?
— Pourquoi as-tu été renvoyée ?
— C'est un peu long comme histoire. Il suffit juste de dire que j'avais décidé que plus personne n'ennuierait ma meilleure amie. Je me suis battue avec une teigne et j'ai gagné.
— Toi ! Tu t'es battue ?
— Ouaip ! Faut pas croire, mais je suis coriace ! Même si à l'époque, je n'avais pas autant de tours dans mon sac, dit Alice en sortant un petit objet du dit sac.
— Est-ce que c'est un... taser ?
— Hum, hum.
— Mais... ça n'est pas illégal ?
— Probablement. Mais c'est super efficace contre les types louches qui tenteraient leur chance...
— Tu es une fille super dangereuse, en fait ! Pauvre Lombardi ! C'est peut-être lui que je devrais mettre en garde contre toi, finalement, lance Francesca en riant.
— Ce serait cool.
— Cool ? Tu es sérieuse ? Alice ! Je crois qu'il n'a pas besoin de ça pour avoir peur de toi.
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L'obstination d'Alice Baggersmith
Chick-LitIl n'y a qu'une Alice Baggersmith. Et c'est heureux ! Le monde ne se relèverait pas s'il y en avait deux. Son obstination est légendaire, comme sa bonne humeur et son langage de charretier. On l'aime ou on la déteste. Au choix. Mais l'indifférence n...