Épilogue

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Francesca sort du bureau en courant. Elle tient son smartphone près de son visage crispé. Rien de ce qui se passe de l'autre côté du combiné ne doit lui échapper. Elle se contente de frapper deux coups contre la porte du bureau de Dante sans s'arrêter. Elle poursuit sa course jusqu'au parking.

Elle plonge derrière son volant et démarre sur les chapeaux de roues. À peine arrive-t-elle à la sortie principale en faisant crisser les pneus sur le béton peint du sol, que Dante apparaît, essoufflé, mais prêt à monter côté passager.

— Alice est au courant ? demande-t-il alors que des gémissements se font entendre dans l'habitacle.

— Pas encore, commence-t-elle avant de poursuivre pour celle qui se trouve bien trop loin pour le moment. Tiens bon ! J'arrive !

La voiture fait une embardée en tournant sur une avenue où la circulation est déjà dense. Dante ne se formalise pas. Son corps suit les mouvements secs de la voiture que Francesca malmène. Il parvient à passer un appel malgré tout. Alice ne répond rien à l'unique injonction qu'il lui donne : « viens maintenant ».

***

Le premier cri est un jaillissement infini. Il crève les cœurs et emporte avec lui souffrance et stress. Il est la libération. Il est la vie qui s'affirme et prend sa place.

Min-ha pose sur sa poitrine cet enfant qu'elle a porté et qu'elle va élever avec celle qu'elle aime au point d'avoir accepté cette grossesse, au point de la désirer et d'en souffrir. Elle observe les premières grimaces de l'enfant face à cette violence qu'on lui impose. Il regrette peut-être le cocon du ventre de sa mère. Il oubliera. Il oublie déjà et accepte les bras qui vont l'entourer et le protéger, les cœurs qui vont le chérir.

Autour du lit, Alice et Dante sont enlacés. Ils tiennent chacun une tablette. Sur la première Paz et Hans sont en visio depuis leurs pays respectifs. Ils n'ont pas encore trouvé le moyen de se réunir pour de bon et semblent satisfaits malgré tout de leur amour au long cours. Sur la seconde, Sylvester et Pierre sourient depuis Paris où ils résident depuis plus d'un an désormais. Ils promettent de venir bientôt pour couvrir ce petit bonhomme de cadeaux made in Paris.

Tous se joignent avec bonheur aux deux mères pour souhaiter la bienvenue à ce premier bébé dans leur petit groupe d'amis. Enfin, pas tout à fait le premier.

La porte s'ouvre bientôt sur une Gina tout sourire qui porte dans ses bras sa petite fille : Alicia. Il est des amitiés improbables contre lesquelles il est inutile de lutter. Gina adore Alice. Elle espère que sa fille aura au moins autant de détermination et d'énergie dans la vie.

Mais aujourd'hui, elle n'est pas là pour Alice. Gina dépose sa fille dans les bras de Dante sans même lui demander son avis et se précipite sur Min-Ha qu'elle serre très fort dans ses bras.

— Tu l'as fait ! Porca miseria ! Tu l'as fait ! Et regarde-moi ce beau garçon ! Il est parfait ! J'espère qu'il tombera amoureux de ma Alicia... ça ne peut que donner le meilleur !

Francesca ne peut s'empêcher d'éclater de rire. Le destin de ces deux bouts de choux ne sera sans doute pas celui qu'on leur prédit, parce que la vie ne prend jamais la voie la plus simple. La preuve en est de leur groupe cosmopolite et hétéroclite. La vie aime les complications.


L'obstination d'Alice BaggersmithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant