64/ Une étincelle

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— Arrête de râler. C'est de ta faute ! Alors assume !

— Dégage. Tu ne devrais même pas être là !

— C'est ça ! Pour que tu te tires encore. Je ne suis pas née de la dernière pluie.

— Presque !

Sans broncher, une infirmière recoud stoïquement l'arcade de Dante avec délicatesse sans prendre part à cet échange. Elle se demande ce qui lie ces deux énergumènes. Lui, avec sa gueule cassée qui pourrait effrayer les enfants, et elle, avec son physique de lutin fâché qui n'arrangerait pas les choses. Elle a vaguement entendu quelqu'un évoquer l'Arène quand ils sont arrivés. Vu l'état du jeune homme, il a dû passer un bon moment à s'y battre. Un perdant ? Un champion ? Mais alors que fait-il ici ? L'organisation qui règne sur l'Arène possède son propre circuit de soins. Elle aimerait en savoir plus, mais son rôle se borne à finir de réparer ce qui peut l'être. Elle coupe le fil et s'assure qu'aucun des bandages et pansements qu'elle a posés n'aient bougé, puis se lève pour sortir, laissant les jeunes gens seuls.

Dante, assis sur la table d'observation, les bras en appui, le visage baissé. Alice, adossée au mur près de la porte, le fixant obstinément.

— Au moins, tu auras reçu des soins convenables, finit-elle par dire avant de se détourner pour sortir.

Mais à peine a-t-elle entrouvert la porte qu'une main vient se poser à plat sur la battant pour la refermer d'un coup sec. Alice ne bouge plus. Elle sent le corps de Dante derrière elle. À quelques centimètres du sien. Elle sent sa chaleur. Puis elle sent ses bras qui l'enlacent, l'entraînent vers la table de consultation. Il l'attrape, la pose avec facilité malgré ses blessures et l'embrasse dans la foulée.

— Je ne suis pas une compensation, M. Lombardi. Je l'ai déjà dit, murmure-t-elle en tentant de le repousser quand il abandonne sa bouche pour son cou.

— Tu n'en es pas une, dit-il sur le même ton en l'enfermant plus encore dans ses bras, tandis qu'il mordille son lobe d'oreille.

— Vraiment ?! dit-elle en l'écartant d'elle avec plus de vigueur.

— Vraiment, répond-t-il en appuyant ses deux mains de chaque côté de la jeune femme et en la regardant franchement.

— Tu ne vas plus me repousser ?

— Bien sûr que si ! Tu es trop collante.

— Trop collante ! C'est toi qui es trop distant.

— Tu t'imaginais quoi ? Que j'allais tomber sous ton charme sans faire de manière.

— Il y a un peu de ça.

— Tu es...

— La pire nana que tu ais jamais rencontré. Oui, je sais, soupire Alice.

— La nana la plus persévérante que je connaisse. La plus déterminée. La plus têtue. La plus chiante.

À chaque nouvel adjectif, le sourire d'Alice s'agrandit. Elle ne peut pas s'en empêcher. Elle le trouve trop mignon quand il tente de mettre des mots sur ce qu'il ressent et qu'il est contrarié de ne pouvoir le faire clairement.

— Si je l'avais été moins, tu ne m'aurais même pas remarquée.

— Possible. Probable.

— Pas ton genre ?

— Définitivement.

— Alors que maintenant, tu n'es pas près de m'oublier.

— Je ne vois pas comment je pourrais faire, vu que tu es plus collante qu'une tique.

— Je suis venue te sauver !

— Tu ne t'es pas dit que tu n'avais rien à faire là ? Que tout ça ne te regardait pas et te dépassait largement ? Que tu mettais les pieds dans un monde qui n'est pas le tien. Un monde dangereux. Un monde peuplé d'ombres, alors que tu n'aimes que le soleil.

— Tu te trompes.

— Je me trompe ?

— Je préfère le soleil, mais parfois l'ombre a du charme, dit-elle en déposant un baiser léger sur ses lèvres. Et puis, ça me regardait ! Tout ce qui te concerne me regarde ! Cazzo ! Comment je fais, moi, si tu disparais !

— Ah ! Mais ça me rappelle quelque chose... Mais tu ne penses qu'à toi, ma parole !

— Ok. Un point partout, la balle au centre, dit Alice en se renfrognant.

Il se penche un peu plus vers elle et l'embrasse tendrement.

— J'aime bien aussi quand tu boudes, murmure-t-il en l'enlaçant.


L'obstination d'Alice BaggersmithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant