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" Ma douce. " Ce sont les mots qui me trottent dans la tête depuis plusieurs jours. Je n'ai pas revu le roi depuis qu'il m'a parlé des problèmes du royaume et pourtant, je pense à lui tout le temps. Je ne sais pas ce qu'il se passe entre lui et moi, mais à plusieurs reprises, on se rapproche beaucoup et le jour où la princesse Mirela a demandé une réception, j'ai découvert un roi heureux, souriant et tendre.
D'habitude, le roi me surnomme Cacahuète. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Je pensais que c'était pour se moquer de moi, mais maintenant, il continue de m'appeler comme ça quand on est en privé et je dois avouer qu'au début, ça me dérangeait. Mais maintenant, je trouve ça mignon. Ça me fait penser que c'est un surnom intime, qu'entre lui et moi. Mais il y a cinq jours, il m'a appelé " ma douce. " Et depuis, je me sens bizarre. Je ne sais pas quoi penser de tout ça.
De toute façon, ça fait cinq jours que je ne l'ai pas vu et je suis occupé aux préparatifs de la réception.
Demain aura lieu la réception. Nous avons prévu une journée entière pour la princesse. La fête sera majestueuse. Les cuisiniers ont prévu de multiples mets. Ils se sont acharnés à produire les meilleurs repas pour satisfaire tout le monde. Bizarrement, à plusieurs reprises, la princesse Elizabeth et son frère jumeau sont venus dans les cuisines. Comme d'habitude, le prince n'a pas parlé. Elizabeth, elle, semblait plutôt chercher quelque chose, elle avait toujours avec elle une petite bourse. Je ne sais pas ce qu'elle contient, mais elle semblait bien remplie. Elle ne nous parlait pas vraiment, mais elle semblait plutôt intéressée par les plats. À plusieurs reprises, elle plongeait ses doigts dans les repas pour y goûter. Également, elle nous a confié l'importante tâche de faire des biscuits pour elle. Bien que ce soit déjà prévu dans le menu, je trouvais ça étrange qu'Élizabeth appuie autant sur ce point. Elle a précisé que ce devrait être moi qui devais les faire. Ainsi, je suis en train de préparer la pâte à biscuits.
Mirela voulait que tout le monde participe à la fête, même les domestiques et gardes. C'est une attention particulièrement touchante pour chacun de nous.
Je suis occupée à mélanger les ingrédients quand on se fait interrompre par la venue d'un garde.
- " Toi ! La paysanne ! " Je relève la tête vers l'homme de métal.
- " Le roi vous demande. Veuillez me suivre. " Je relâche mes affaires sur la table et suis le garde.
- " Les autres, continuer de travailler. Tout doit être prêt pour demain. "
Le garde me conduit directement dans les appartements du roi. Je frappe à la porte et entre dans la chambre, où je vois le roi accoudé sur sa table de travail. Quand il me voit entrer, ses sourcils se lèvent. Il a l'air étonné de me voir.
- " Cacahuète ? Que fais-tu ici ? Ne devrais-tu pas être dans les cuisines ? "
- " Votre Majesté, je suis ici à votre demande. Le garde m'a amené à vous, à votre demande. "
- " De quoi parles-tu ? Je ne t'ai jamais demandé. "
Un lourd silence s'installe dans la pièce. Je ne comprends rien. Nous continuons de nous fixer sans rien dire.
- " Es-tu sûr que c'est le garde qui t'a fait venir ici ? " Le roi s'avance de plus en plus vers moi. Il est tellement proche de moi que je peux sentir son souffle sur le haut de mon crâne.
- " N'est-ce pas plutôt parce que je te manque ? " Il me fixe avec un sourire charmeur collé au visage.
Je tente de me décoller discrètement, mais plus je me recule, plus il se rapproche. Je finis par me coller au mur : je n'ai plus d'échappatoire. Ça recommence. On se retrouve de nouveau très proche. Je ne sais toujours pas quoi faire dans cette situation. Mon cœur s'emballe et je commence à trembler. J'essaye de m'échapper, mais il agrippe mon poignée au dernier moment.
- " Tu vas où comme ça ? Tu viens ici et tu t'échappes dans la seconde qui suit ? "
Son sourire me fait craquer. Je me recourbe légèrement et baisse la tête. Cependant, le roi frappe violemment le mur de son poing, ce qui me fait sursauter. Mon regard remonte automatiquement sur son visage.
- " Je t'ai déjà dit de ne pas baisser la tête ! " Il me fixe avec force et envie. Mon rythme cardiaque s'accélère, tandis qu'il se rapproche. Il se penche vers moi, à tel point que sa bouche se trouve à quelques millimètres de la mienne. Est-ce qu'on va s'embrasser ?
Est-ce que j'en ai envie ? Très fortement.
Est-ce que je dois le faire ? Très certainement pas. Je sais que je vais le regretter. Un violent dilemme se tourne dans ma tête. Et je crois qu'il se passe la même chose dans la tête du roi, car il hésite. Sa tête effectue de légers mouvements de recul et de rapprochements. Je vois dans ses yeux qu'il en a autant envie que moi.
Il me regarde intensément, mais finit par se détacher de moi. Je peux enfin respirer normalement. Il me tourne le dos et souffle durement. Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Il se tourne une dernière fois vers moi et je peux lire de la tristesse dans ses yeux. Un voile de regret traverse ses pupilles. Il hésite à me dire quelque chose.
- " Retourne aux cuisines, Praline. Demain est un grand jour pour Mirela. "
Je suis encore tremblante, mais je finis par effectuer une révérence et quitte la pièce. Quand je referme la porte derrière moi, je me permets de lâcher un souffle de désespoir. Il y a toujours ces rapprochements entre lui et moi qui finissent par me chambouler. Ça ne devrait pas se passer comme ça, mais pourtant, à chaque fois, j'en meurs d'envie.
À chaque fois, j'ai envie qu'il coupe ce rapprochement pour qu'il dépose enfin ses lèvres sur les miennes. J'ai envie de sentir son souffle chaud sur mon visage. J'en rêve aussi de reposer mes mains sur son corps chaud et doux. Mais je sais que je ne dois pas penser ça et je me sens mal d'avoir ce genre de pensées.
Sur le chemin du retour aux cuisines, je suis toujours dans mes pensées. Ce n'est qu'au bout de cinq minutes que je me rends compte qu'il n'y plus personnes dans les cuisines. Les plats chauffent toujours, mais il n'y a plus personnes pour les mélanger. Je tente de les trouver autour des cuisines et dehors, mais il n'y a personnes. Je prends l'initiative de mélanger les repas et de reprendre la préparation de la pâte à biscuits, mais bizarrement, ceux-ci sont déjà formés en boules, prêts à être enfournés demain.
Je me permets alors une pause dans la cour qui est accessible par les cuisines. Il fait beau aujourd'hui, malgré un léger vent frais et j'espère qu'il ferra tout aussi beau demain.
Demain est un grand jour, comme l'a dit le roi. Tout doit être parfait pour la jeune princesse. Et malgré toutes les tâches à faire, l'excitation se fait ressentir parmi les domestiques.
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Et voici un autre chapitre ! Le chapitre avant le grand jour !
Que pensez-vous du rapprochement avec Praline et Matthias ?
Luv,
May.
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Sa Majesté d'Éronde [Tome 1]
Lãng mạnLe pays d'Éronde est gouverné par un roi tyrannique, qui laisse derrière lui un pays endommagé par la pauvreté. Depuis bien trop longtemps, le peuple d'Éronde va mal, et les révoltes sont de plus en plus présentes. Et malheureusement, pour survivre...