Chapitre 68 - Matthias

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J'aimerais pouvoir dire que je me sens mieux, mais ce n'est pas le cas. En fait, je suis plus mal que tout à l'heure. J'ai... peur ? 

Oui, j'ai peur. Parce que je vais dîner avec le père de Praline et qu'il y aura toute ma famille. Et qui dit toute ma famille, veut dire Élizabeth et Lücas. Avec un peu de chance, ils ne viendront pas. Je ne sais même pas s'ils sont au courant que la famille de Praline est là et j'ai peur qu'en le découvrant, ils décident de s'en prendre à eux. 

Je ne supporterais pas qu'ils leur fassent quoi que ce soit. Je ne sais pas de quoi je serais capable. 

L'heure du dîner à sonner. Me voilà assis à la table à manger. Mirela gesticule à côté de moi, impatiente de revoir le père de Praline. Je suis heureux qu'elle l'apprécie, même si je ne comprends pas pourquoi elle l'aime autant. Sa bonne humeur m'aide à me sentir mieux, mais je commence à paniquer un peu. 

- " Mirela. Arrête de bouger, tu me donnes le tournis. " 

- " Pardon, Matthias, mais je suis contente ! " 

- " J'ai bien l'impression, oui. Pourquoi aimes-tu autant le père de Praline ? " 

Elle me fixe avec un grand sourire, avant de hausser les épaules. Son air hébété me fait rire et soudain, les portes s'ouvrent, mais pas sur les personnes que je voulais voir. Merde. 

- " Mirela, qu'est-ce toute cette agitation ? " 

- " Ça ne te regarde pas, Élizabeth. " 

L'intonation de Mirela me fait pouffer de rire. Elle est vraiment étonnante. 

Comme à son habitude, Lücas se tient sagement derrière, tel un vrai toutou. Bizarrement, il n'a pas cette expression grave qui est tatouée sur le visage. Cette fois, j'ai l'impression de voir de la fatigue et du désarroi. Que se passe-t-il avec lui ? A-t-il enfin compris qui était sa jumelle ? 

Les portes s'ouvrent de nouveau et cette fois, le père de Praline arrive, seul. Où est Robert ? 

- " Vos Majestés, veuillez pardonner mon retard. " 

- " Prenez place, Patrich. Où est robert ? " 

- " Il dort, Majesté. Le voyage l'a épuisé. Je n'ai pas réussi à le faire bouger d'un centimètre. " 

- " Ça ne fait rien. Nous lui ferons monter un repas quand il se réveillera. " 

Depuis le début, je sens le regard amer d'Élizabeth et le questionnement de Lücas, mais j'y fais abstraction. 

- " Patrich, permettez-moi de vous présenter Lücas et Élizabeth, mes frères et sœurs. Et Mirela que vous connaissez déjà. "

- " Je suis honoré. Sincèrement. " 

Comme je m'y attendais, les jumeaux ne disent rien. Mirela, elle, se met tout de suite à parler avec le père de Praline. Elle ne lui laisse aucun répit, tandis que je détourne de leurs conversations pour faire face au regard de mépris de ma chère et tendre sœur. 

En chuchotant, elle s'approche de moi, mais je peux sentir toute la haine du monde se déverser sur moi. 

- " Qu'est-ce que c'est que cette mascarade, Matthias ? Que fait ce... paysan ici ? " 

- " Ce "paysan", comme tu dis, est le père de Praline. Je l'ai fait venir ici, pour qu'il voit sa fille. "

- " Comment ? Mais tu es malade ? " 

- " Non, je vais très bien. Quoi que j'ai un peu mal à la tête en ce moment... " 

- " Vas-y, rigole Matthias. Tu ne feras pas ton malin très longtemps. " 

Sa Majesté d'Éronde [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant