Sa Majesté d'Éronde [Tome 1]

Chapitre 8 - Matthias

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Cela fait bien dix minutes que je l'observe lire. Elle est concentrée dans sa lecture. Je remarque qu'elle répète sans cesse certains mots. Elle les répète au moins dix fois avant de passer à la suite de sa lecture et de recommencer sur d'autres mots. 

Accolé à l'embrasure de la porte depuis le début, je me dirige vers elle, quand elle se met à répéter le mot "Byzantin". Si je comprends bien, elle lit l'histoire des rois d'Italie. 

- " Byzantin est un Empire qui puise ses origines à Rome. "

La paysanne se relève à l'entente de ma voix. Elle titube et trébuche, face la première au sol. Un cri de douleur sort de sa bouche et je ne peux m'empêcher de réprimer un sourire. Quelle maladroite celle-là. Évidemment, je ne l'aide pas. Tout à l'heure, au bain, je l'ai aidé à se relever que pour la laisser retomber. C'était plutôt marrant et surtout, c'était mon but. Je voulais prendre ce bain, mais je crois qu'elle en avait plus besoin que moi. Je sais me montrer juste, parfois. 

Elle se redresse enfin sur ses pieds, mais cache encore son visage. Je déteste quand elle fait ça. Je lui balancerais bien ce livre sur sa tête. D'ailleurs, en parlant de livre, je tends la main pour attraper celui qu'elle tient entre ses mains. À mon contact, je la sens trembler. Je sais que je suis effrayant et cruel. Je regarde la couverture ancienne du livre. "Histoires des Rois" . C'est bien ce que je pensais. Je connais par cœur les livres qui sont installés dans ma bibliothèque personnelle. Tous les livres qui m'ont le plus marqué finissent ici. Chaque semaine, je me retrouve dans la bibliothèque royale et je me cherche un livre. 

La bibliothèque royale a été conçue par mon père, pour ma mère. Elle aimait par dessus tout la lecture. C'est elle qui m'a inculqué cette passion. Bien que j'en ai d'autres, la lecture reste mon pilier de sérénité. J'aime m'asseoir dans les jardins et lire sans me soucier du monde extérieur. C'est pour cela que j'ai fait construire de grandes fenêtres qui donnent vue sur les jardins. 

La paysanne n'a toujours pas prononcé de mots depuis que je suis face à elle. Je sais d'avance qu'elle va s'excuser, mais un détail m'intrigue. 

- " Cacahuète, depuis quand sais-tu lire ? Je ne savais pas que les paysans savaient lire. "

Elle ose enfin me regarder dans les yeux. Malgré la nuit tombée, ses joues sont rouges. Elle a peur de me regarder. 

- " Majesté, j'ai appris à lire toute seule. Personne ne sait que je sais lire. Je m'excuse d'avoir pris un livre. Je ne vous trouvais pas et les livres mon attirés. "

- " Et bien, vous êtes plus intéressante que je ne le pensais. Et plus audacieuse aussi. " Elle comprend que je fais référence aux livres quand je vois qu'elle replonge son visage vers le bas. Seigneur, mais qu'elle s'arrête ! 

Je replace doucement le livre dans l'étagère et me retourne vers la sortie. Toujours derrière moi, je vois la paysanne me suivre pas à pas. Elle essaye de marcher un peu plus vite pour essayer de rattraper mes grands pas. Je décide de m'arrêter soudainement et ce qui devait arriver, arriva. Cacahuète se heurte durement contre mon dos. Elle est tellement petite que son front heurte mes omoplates. Elle recule et bafouille mille et une excuse. Rouge de honte, elle n'ose pas me regarder. Quant à moi, je rigole. J'adore l'embêter. Elle est tellement pathétique que ça en devient drôle. Je décide de continuer mon chemin sans attendre la suite de ses excuses. Je vois bien qu'elle s'est légèrement écartée de moi. C'était marrant. 

De retour dans la salle de dîner, je retrouve ma place habituelle. Ma petite Mirela est placée à ma gauche. Toujours, au plus proche de mon cœur. Elle est ce que j'ai de plus précieux. Mes frères et sœurs jumeaux sont à ma droite, respectivement. Je n'ai pas eu beaucoup d'affinités avec eux. Ils préféraient toujours rester entre eux quand nous étions petits. Quand ma mère est morte, je me suis occupé de Mirela. Père était trop déprimé. Les jumeaux eux, restaient ensemble. Ils se complétaient. 

- " Et bien. La bête s'est enfin lavée. " S'exprime ma plus vieille sœur. 

- " Elle ne ressemble plus à une bête maintenant. " Rigola mon frère. 

Ces deux-là se moquent toujours de tout. Ils ne sont pas jumeaux pour rien. 

- " Et alors ? La bête ne devrait pas retourner faire son travail ? Retournez donc aux cuisines au lieu de nous regarder bêtement. " 

Quelle délicatesse. Je sens la fille gigotée à ma droite. Je sais qu'elle n'est pas à l'aise avec eux. D'un geste de la tête, je lui indique la direction des cuisines. Au moins, elle sera avec Maria. Je pense qu'elle va aimer Maria. Elle est la gouvernante préférée de Mirela. 

Je me tourne légèrement vers Mirela pour discuter avec elle. 

- " Mirèl, comment s'est passé ta journée ? As-tu travaillé avec ta gouvernante aujourd'hui ? "

- " Mmh, grand frère. Je t'aime, tu le sais, mais tu n'aurais pas d'autres sujets de conversation plutôt ? Tu es ennuyant ! Tu parles toujours d'éducation avec moi ! Comme tu le sais, je suis obligée d'étudier ! La faute à qui, hein ? " Cette dernière phrase, elle me le dit en plissant les yeux. 

- " À parce que c'est de ma faute si tu dois étudier ? Que ferais-tu sans moi hein ? C'est plutôt des remerciement que je devrais entendre de ta bouche ! " 

- " Tu es démoniaque mon frère. " 

- " Je t'en prie, mini-démon. " 

- " Vos Majestés, le repas est servis. " 

J'entends que le repas nous est servi. J'ai ordonné à ce que ce soit toujours la paysanne qui me serve. Elle sert à ça, après tout. 

Je la vois arriver avec mon plat dans les mains. Son visage est crispé de concentration. Pendant plus d'une heure, la paysanne nous regarde manger. Le souper se passe tranquillement, en dehors des quelques piques de remarques qu'Élizabeth envoie à la fille. Quand enfin, je me lève, elle se dirige vers les cuisines avec mes plats vides. Elle est censée me rejoindre à mes appartements après cela. 

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Coucou ! Comment ça va ? 

Petites questions pour vous : 

1) Est-ce que les chapitres que je vous propose sont assez longs à votre goût ou pas assez ? Mercii pour vos réponses ! 

2) Que pensez-vous des personnages ? :)

" Mirèl " c'est le surnom que donne Matthias à sa petite sœur. (Pour ceux qui auraient des doutes).

Luv, 

May.

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