Chapitre 54 - Matthias

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- " Matthias, écoute-moi. Je te jure que je l'ai vu. J'ai vu la larme couler sur sa joue ! J'ai vu ses paupières bouger. Elle a bougé ! C'est bon signe ! Il faut que tu ailles la voir ! Elle se réveillera plus vite ! "

- " Merci Mirela. Je vais aller la voir. " 

Je laisse Mirela quitter mes appartements avant de fondre en larmes. Ça y est ? Elle se réveille enfin. Après tout ce temps. J'ai failli perdre espoir, mais je savais qu'elle ne m'abandonnerait pas. Ma Praline. Doucement, je me relève et quitte ma chambre. Arrivé devant sa porte, je n'ose pas entrer. C'est ainsi depuis plus d'un mois. J'arrive devant sa porte, mais juste avant d'entrer, je me dégonfle et retourne m'enfermer dans ma chambre. Je n'ose pas la voir, je n'ose pas la regarder et la voir si petite dans ses draps. Je n'aime pas imaginer à quel point elle souffre. Je n'aime pas me rappeler sans cesse que c'est de ma faute si elle est dans cette détresse. Je me hais de savoir que tout est de ma faute. Est-ce qu'elle me hait ? Je ne supporterais pas de la voir me haïr. 

Tremblant, je pose ma main sur la poignée et la tourne. C'est le moment que je redoute depuis ces dernières semaines. Son visage est si beau et reposé. Toujours aucune trace de douleur ne transparaît, mais je sais qu'elle souffre. 

Je m'approche de son lit et m'accroupis vers elle. Son corps bouge au grès de sa lente respiration. Elle semble toujours en paix. Je sais qu'elle nous entend, je l'ai toujours su, mais je n'ai jamais su trouver les mots pour la réconforter. 

- " Ma douce... " 

Ma voix sort tout seul de ma bouche. Je laisse mon cœur parler pour moi. Je n'ai pas la force de réfléchir. 

- " Je... Tu... Tu... Merde. " 

Je n'arrive pas à trouver les mots. 

Je fonds en larmes devant le corps inerte de la femme que j'aime. 

- " Praline... Tu vas mieux n'est-ce pas ? Tu vas bientôt te réveiller ? Tu le dois. Tu dois te réveiller, pour moi. Pour Mirela. Pour Maria. On a besoin de toi. J'ai besoin de toi. "

Je laisse à Praline le temps d'assimiler mes paroles avant de reprendre, les larmes aux yeux. 

- " Ma Praline, je t'en supplie, reviens moi. Je suis tellement désolé. Tout est de ma faute. Je n'aurais jamais dû te laisser avec moi. J'aurais dû prendre soin de toi comme je te l'avais promis. Je m'en veux tellement si tu savais. Je suis seul sans toi. Je suis démuni et bête sans ta présence. J'ai besoin de toi pour vivre. Je suis complétement perdu. Personne n'arrive à me réconforter aussi bien que toi. Tout est de ma faute, Cacahuète. "

Mes larmes continuent de couler sur mes joues et je sais que ça ne sert à rien de les essuyer. Elles reviendront dès l'instant où je les aurais balayées. 

- " Pardonne-moi, ma douce. Je t'aime. "

Sans attendre une seconde de plus, je me relève et d'un pas précipité, je cours vers mes appartements. Je ne supporte plus d'être dans cette pièce où mon amour gît. Je m'enferme dans ma chambre et me jette directement sur mon lit. Je ne prends même pas la peine de me déshabiller et enfonce ma tête dans mon oreiller. La douceur de mes draps et la chaleur qui finit par s'en dégager m'enveloppe et me calme doucement. Je finis par reprendre un certain rythme cardiaque et me laisse bercer par le bruit des gouttes d'eau qui s'abattent sur les grandes fenêtres de la chambre. Le monde autour de moi s'assombrit et je m'endors sans penser à ce qui peut m'arriver. 


" Matthias... Aide-moi. "

" Praline ? C'est toi ? " 

Sa Majesté d'Éronde [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant