Sa Majesté d'Éronde [Tome 1]

Chapitre 16 - Matthias

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- " Grand frère ! S'il te plaît ! Rien qu'une journée ! "

Cela fait bien dix minutes que Mirela s'obstine avec moi. Elle me supplie de lui préparer une réception pour son anniversaire. Quelle idée lui est passée par la tête ? Depuis quand elle souhaite une fête pour son jour ? 

- " Mirela ! Je t'ai dit non ! Pourquoi veux-tu faire la fête ? Ce n'est que le jour de ta naissance. Tu veux vraiment fêter ta vieillesse ? J'en serais plutôt triste, moi. "

- " Matthias... Je n'ai plus le choix. Si tu refuses, je serai obligée d'accepter le fait que tu ne m'aimes pas. "

- " Mais... De quoi tu parles ? C'est du chantage que tu me fais ? "

- " Mmh, ça dépend de ce que tu entends par chantage. S'il te plaît, Matthias ! Ce n'est qu'une journée ! " 

- " Mirela, ça suffit ! Non, c'est non. "

Son petit visage se décompose en une bouille de tristesse. Bien que l'idée d'une réception me plaise, je ne peux pas réaliser son souhait. 

À côté de moi, j'entends la paysanne ricaner. Je tourne légèrement la tête vers elle pour la regarder. Tout de suite, son sourire s'estompe et elle baisse la tête. Je l'ai prise au fait. Elle se moque de ma petite sœur. Cette vision m'a attendrie et je fais apparaître à mon tour un sourire. 

- " AHAH ! Si tu souris, c'est que tu es d'accord ? " 

J'en avais presque oublié la présence de Mirela. Je me retourne vers Mirela, qui me regarde pleine d'espoir. 

Je m'étale de tout mon corps sur mon trône et la regarde las. Elle finira bien par abandonner cette idée. Petit à petit, je la vois se ramollir. Elle se met à fixer Praline à côté de moi. Depuis trois semaines, elle et la paysanne se sont beaucoup rapprochées. Ce que je ne peux pas dire pour moi. Depuis notre rapprochement, je n'ai pas cessé de m'éloigner d'elle et de l'éviter. À vrai dire, je ne sais toujours pas ce qui m'a pris de m'approcher autant d'elle, au point de vouloir l'embrasser. Cette situation m'a déstabilisé. J'ai essayé de m'éloigner d'elle pour voir si ce n'était pas juste de la folie, mais ce n'est pas gagné étant donné qu'elle doit toujours me suivre et rester à côté de moi. 

Mirela mime un très léger " Praline " avec ses lèvres. Je crois qu'elle recherche de l'aide auprès de la paysanne. 

Je me tourne vers ma servante, attendant une réaction de sa part. La seule réponse qu'elle nous donne, c'est un mouvement de tête de gauche à droite et des yeux fuyants. Je rigole doucement en constatant que Mirela sera seule dans cette bataille. Praline a bien trop peur de moi. 

- " Mirèl, laisse tomber. "

- " Praline ! Je croyais que tu étais de mon côté ! Tu es une traîtresse ! "

La dénommée Praline écarquille les yeux et s'abandonne en excuses. 

- " Non ! Tes excuses ne changeront rien ! Mais... si tu arrives à convaincre mon frère, j'accepterai tes excuses. "

Non mais je rêve. Elle a osé. 

- " Aller, Praline ! Parle à mon frère ! "

Je me réinstalle correctement sur mon siège, prêt à entendre les paroles de ma servante. Je me tourne vers elle, impatient, et la fixe. Je l'incite ainsi à parler. 

- " Heu... Heu... Et bien... Je crois qu'il serait agréable pour tout le monde de faire une réception. Et je suis sûre que la princesse vous en sera éternellement reconnaissante. " Je me retourne vers Mirèl qui me sourit jusqu'aux oreilles. Elle hoche la tête pour affirmer les dires de Praline. " Et... Je suis certaine que si vous lui accordez cette journée, la princesse obéira à tous les ordres que vous lui donneriez à l'avenir. "