Chapitre 2 - Prologue

194 6 0
                                    


Lourdement assis sur son trône, le roi regardait gravement ses gardes. Il connaissait à l'avance ce qui allait se passer. Attendant le moment de Délivrance, ses yeux passaient en revue l'immensité de la pièce où se trouvait une grande partie de son personnel de garde. Les murs étaient faits de pierres grisâtres, partiellement recouverts de banderoles aux couleurs rouge et noir du pays. L'imposant trône du roi se trouvait dans le fond de la salle, devant de grandes fenêtres qui donnent vue sur le paysage montagneux d'Éronde. Contrastant avec les étendues vertes du pays, le château se dégageait par son imposante grandeur. Malgré son image, le château était presque vide. Le personnel manquait, soit tué ou viré. Une grande partie démissionna par craintes du roi. Il fallait se rendre à l'évidence que pour vivre aux crochets du roi, il fallait y laisser sa vie.

Un grand lustre doré surplombait la salle principale. Ce lustre scintillant apportait à la pièce un semblant de vie, cruellement manquant dans le château. C'était le seul objet de décoration visible dans la pièce. La salle était vide, sans vie. Même les gardes paraissent sans vie, rigides, et sans cœur.

Coupant le roi de son inspection de la pièce, un garde annonça la Délivrance. Ce moment consistait simplement à emmener les prisonniers du jour dans la salle du trône et de leur attribuer à chacun leur sort final. Bien que tous savaient qu'il n'y a qu'une seule fin en soit avec le roi, ils devaient tous y passer. Il en était appelé ainsi, car c'était une délivrance pour les prisonniers d'enfin pouvoir s'échapper de ce monde brutal. Le regard du roi se durcit, prêt à poser ses sentences, et à maudire ces paysans pour cette perte de temps.

Les doubles portes s'ouvrirent lourdement, laissant place à une foule de paysans. Il était de coutume de laisser les familles des prisonniers venir pour assister à la Délivrance. Le roi offrit aux familles de retrouver les coupables pour les voir souffrirent une dernière fois, et pour les dissuader de tenter d'autres infractions. Dirigeant les familles sur le côté de la pièce, les gardes firent entrer un à un les condamnés. Se redressant sur sa chaise, le roi observa sans pitié le premier prisonnier qui lui était présenté. Sans surprise, il a été attrapé en train de voler. La sentence ? La peine de mort par pendaison. Les prochains coupables suivirent, avec toujours cette même énergie de mort. Les familles imploraient le roi, pleuraient, criaient, souffraient.

S'ouvrant une énième fois dans la salle, les gardes firent entrer un prisonnier. Indifférent à la situation, le roi ne portait plus attention à la personne qui lui était présentée.

Un garde s'avança avant de se prononcer.

- " J'annonce, la prisonnière Praline Blanca, coupable de vol de pain. " Annonça-t-il devant le roi.

Clamant haut et fort son jugement, le roi reporta son attention sur la jeune fille debout devant lui. Il la voyait chanceler sur ses deux pieds, se demandant ce qui clochait chez elle. Soudain, celle-ci se mit à tituber et à s'écrouler au sol. Épuisée et morte de faim, la jeune fille ne pouvait plus supporter l'attente. Toujours consciente et la tête baissée, elle resta à l'écoute du roi. Pas du tout troublé, le roi posa les yeux sur un garde et d'un mouvement de tête, il ordonna de ramener la jeune fille dans sa cellule en attendant sa sentence final, la mort.

Pleurant de toutes ses larmes, un homme dans la cinquantaine se dégagea de la foule de famille et se précipita aux pieds des trois longues marches qui accueillaient le trône. L'homme se recourba au sol et supplia de vives voix de pardonner la seule erreur de sa fille. Il ne cessa d'expliquer sa situation précaire au roi, mais celui-ci ne fit que regarder avec dégoût l'homme à ses pieds. Patrich , le père de Praline, portait des vêtements sales et déchirés. Son visage était fatigué et tiré par les années. Il n'avait que 50 ans, et pourtant, il portait tout le poids de sa famille sur lui.

Le roi cracha.

- " Comment osez-vous venir salir mon sol de votre présence et m'implorer le pardon ?! N'avez-vous donc aucun respect pour votre roi ? Je ne pardonne pas. Jamais. Si vous ne voulez pas perdre vos enfants, surveillez-les ! " Se tournant vers ses gardes, il ordonna. " Ramener la dans sa cellule et qu'elle y pourrisse comme ces autres chiens ! "

Patrich se releva soudainement et fixa le roi dans les yeux.

- " Mon roi, soyez bon, je vous en supplie. C'est ma fille ! Comprenez ma douleur, je ne peux perdre ma famille ! " Supplia-t-il. " J'implore et me courbe devant sa majesté et vous supplie de la relâcher. Je me rends coupable à sa place. Par pitié, libérée-la ! "

Cruellement, le roi fit cesser ces plaintes. Il en avait assez d'entendre à tout-va les plaintes des familles. Il balaya la pièce du regard, et son visage se déforma de dégoût. Bombant le torse, il descendit les quelques marches et se dirigea lentement vers la jeune fille encore au sol. Arrivé à ses pieds, du dégoût toujours tatoué au visage, il lâcha durement sa condamnation.

- " Vous voulez de la pitié ? " Dit-il avec rage. " Très bien, qu'il en soit ainsi ! La paysanne ne mourra pas. Elle vivra... dans mon palais. Elle sera dorénavant ma domestique personnelle. Elle subira alors mes lois ! "

Il s'accroupit finalement au niveau de la jeune fille en pleurs. Depuis son arrivée, elle n'osa pas regarder le roi dans les yeux. Matthias lui tint alors le menton pour lui relever le visage. Elle vit alors un homme dur, sans craintes, ni pitié. Elle ne saisit pas tout de suite ce qui lui arrivait, mais elle s'avait qu'elle le regretterait. Presque en chuchotant et principalement à l'intention de la fille aux yeux marron, le roi s'exprima.

- " Ainsi, vous verrez que je suis bon et que je vous fais un cadeau en vous tuant. Bientôt, vous me supplierez de vous tuer. "

Les larmes de Praline redoublèrent. Retournant à son siège, le roi prononça ses dernières paroles.

- " Ramenez cette voleuse aux cachots. Je viendrais moi-même la chercher quand il sera temps ! ".

Tirant douloureusement la jeune fille sous les bras, les gardes la ramenèrent aux sous-sols, où se trouvaient des cachots sales, empestant la mort et les excréments d'humains et d'animaux. La traînant au sol, elle regarda une dernière fois sa famille, murmurant un léger et pénible "pardonnez moi".

Balancée sur le sol dur et humide de la cellule qui lui a été attribué depuis 3 jours, elle regarda partir les gardes et observa les autres prisonniers. Tous étaient dans le même état pitoyable qu'elle. Elle ne put s'empêcher de ressentir de la pitié.

Ses larmes coulèrent de plus belle, mais ce fut la fatigue qui acheva la fille qui s'écroula finalement au sol, dans un bruit sourd.



Deuxième chapitre ! Ça vous plaît ? :)

Luv,

May.

Sa Majesté d'Éronde [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant