Chapitre 87 - Mirela

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- " Mirela Florence Stenert, il en est hors de question ! "

Je déglutis avec force. Quand Maria dit mon nom au complet, je sais que ce n'est jamais bon.

- " Mais Maria, s'il-te-plaît. Je dois le faire ! "

- " Non et non et non et non. Non, c'est non, jeune fille. "

- " Maria, ne sois pas ridicule. Je ne partirais qu'une seule nuit. Je reviendrais vite ! Promis. Et en plus, je serais avec Lücas, je ne risque rien. Et le médecin sera là, lui aussi. "

Elle secoue la tête dans tous les sens, comme si j'avais fais une énorme bêtise.

- " S'il-te-plaît ! Laisse-moi ramener Praline à la maison ! "

- " Je te promets de faire attention et de ne pas me faire tuer. "

- " PRINCESSE MIRELA ! "

- " Ok, ok, pardon. "

Je ricane et m'approche d'elle, les bras grands ouverts. Je sais que je suis capable de tout avoir d'elle quand je la prends dans mes bras. Elle ne résiste jamais à des câlins. Et j'avais raison, car je l'entends souffler et me câliner en retour.

- " Je ne peux pas dormir en paix, sachant que tu seras hors du château. Ce sera la première fois que tu quitteras ces murs. Et que dirait Matthias s'il venait à le découvrir ? Il me tuera s'il savait. "

- " Ce pourquoi tu es la meilleure ! Tu devras faire diversion ! Je compte sur toi. "

- " Je ne suis pas sûre... "

- " Maria, fais-moi confiance. Je te promets de faire attention. "

- " Êtes-vous obligés de partir aussi tard ? Pourquoi pas pendant le jour ? Vous y verrez mieux. "

- " Lücas pense que ce sera plus facile et plus discret. Au moins, Matthias sera endormi. Même s'il passe ses journées enfermées dans sa chambre. "

- " Bon, j'imagine que je n'aurais jamais le dernier mot. Mais je veux que tu me promettes de revenir en un morceau. "

- " Promis ! "

- " Très bien. Alors je vais t'aider à préparer tes affaires. Tu auras besoin de vêtements chauds, mais discrets. Il ne faut pas que tu te fasses attraper. "

Je rigole devant son air affolé. Elle sera toujours ma petite maman de substitution, même si je ne le lui avouerais jamais. Elle a toujours été là pour moi et je sais qu'elle le sera toujours. Et encore une fois, aujourd'hui, son comportement me conforte dans l'idée qu'elle me soutiendra toujours, qu'importe mes choix. Et je l'aime pour ça.

- " Et je vais te faire des biscuits. Tu auras besoin de force. Et tu devras en donner à Praline et à sa famille. D'accord ? Et ne t'inquiète de rien, je m'occuperais de tout. Ah, et ne... "

- " Maria ! Tout ira bien, calme-toi. Je ne pars que pour quelques heures. "

Je la prends dans mes bras et câline son petit corps. Elle me rend mon étreinte et je finis par me décoller d'elle. Je l'observe pendant qu'elle examine mon visage. Je sais, à travers son regard, qu'elle est inquiète. J'aimerais lui dire à quel point tout ira bien, mais intérieurement, je ne sais pas ce qu'il va se passer. Je ne sais pas si j'en ressortirais indemne.

- " Il faut que je me prépare. Je ne sais pas quand on partira. "

- " D'accord, viens. Nous allons faire ta valise. "

On se dirige vers ma chambre, tranquillement.

- " Une valise ? Pas besoin d'autant de choses. Il me faut juste de simples vêtements et des fourrures pour ne pas mourir de froid. Je n'aurais besoin de rien d'autre. "

- " Et les biscuits ! N'oublie pas les biscuits. "

- " Oui, tu as raison. "

J'éclate de rire et rentre dans ma chambre. À deux, nous préparons une tenue, simple et confortable pour mon départ. À mesure que le temps avance, mon cœur se met à battre plus fort dans ma poitrine. J'appréhende le trajet, la réaction de Praline et celle de Matthias. Est-ce qu'il va être en colère contre moi ?

Alors qu'on continue de parler, trois bruits sourds retentissent à la porte. Mon cœur fait un saut de cinq mètres dans ma cage thoracique, mais je me reprends quand Lücas fait son apparition dans ma chambre.

- " Jeune homme, on ne vous a jamais appris à attendre avant d'entrer dans la chambre d'une demoiselle ? "

- " Oups, pardon Maria. "

- " Hum. Écoute-moi bien jeune homme. "

Maria s'approche dangereusement de Lücas, mais je sais qu'elle n'est pas sérieuse. Lücas recommence quand même à reculer, prêt à se prendre les foudres de Maria.

- " Tu as intérêt à prendre soin de ta petite sœur, sinon, je te tape. "

Je le vois déglutir et faire un micro sourire.

- " Oui, madame. Promis, madame. "

- " Bien. "

Cette fois, je me dirige vers lui, prête.

- " Alors, quand part-on ? "

- " Le garde est prêt ? "

- " Oui, il n'attend plus que nos ordres. Et le médecin ? "

- " C'est bon pour lui aussi. Si tout le monde est prêt, nous pouvons y aller. Dès ce soir. "

- " Ce soir ? "

- " Oui. Je te croyais prête à tout pour Praline. "

- " Je... Heu, je le suis. "

- " Très bien, alors sois prête pour ce soir. "

Je lui accorde un simple hochement de tête, avant qu'il ne fasse demi-tour.

Je souffle et me pose sur mon lit. L'angoisse commence à prendre le dessus sur moi et heureusement, Maria s'approche de moi pour me soutenir.

- " Tout va bien ma chérie. Tu vas y arriver. Tu ne dois pas avoir peur. Tu es prête pour cette grande aventure, qui n'appartient qu'à toi. Je suis confiante, tu vas nous ramener notre paysanne. Et Matthias sera heureux, tu verras. Tout cela grâce à toi. "

- " Merci Maria. Heureusement que tu es là, avec moi. Je n'y arriverais jamais, sinon. "

- " Je le serais toujours, petite princesse. Et tu verras. Quand tu seras de retour, il aura plein de mets que tu adores. "

- " Oh oui, là, tu m'as convaincue. "

Je saute sur mes pieds et bondis dans les airs. Ses encouragements m'ont remis de bonnes humeurs. Je la serre dans mes bras, avant de changer de tenue. La nuit commence déjà à pointer son nez.



Luv,

May.

Sa Majesté d'Éronde [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant