Chapitre 18 - Matthias

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Ses lèvres. 

Je ne pense qu'à ça depuis hier. Nous étions si proches. Tellement proches. Un mouvement de trop et j'aurais pu poser mes lèvres sur les siennes. Qu'est-ce qu'il m'a pris ? Je devais m'éloigner d'elle. Mais je n'y arrive pas. Je ne pense qu'à elle. Qu'à ses lèvres. 

Ça ne doit plus se reproduire ! Plus jamais. Mais pourtant, j'en ai encore envie. 

Qu'est-ce qu'il m'arrive ? 

Il faut que je m'éloigne d'elle pour de bon. En y réfléchissant, ça me tend le cœur, mais il le faut. Je ne dois pas être triste aujourd'hui. C'est le jour de fête de ma petite Mirela. Mais c'est décidé :  après la fête, je m'éloigne de Praline. Ma Cacahuète. 

Je m'approche de la salle d'eau pour me préparer pour la réception, quand elle apparaît. Elle s'arrête quand elle me voit et se courbe pour faire la révérence. Elle est tellement petite.

Je remarque qu'elle tient dans ses mains des vêtements luxueux. Ce sont les miens. Elle continue de me fixer pendant que je l'examine du regard. Comment pourrais-je réussir à m'éloigner d'elle quand elle se présente toujours comme ça ? Elle semble si fragile dans ses vêtements. 

- " Votre Majesté, je dois vous préparer pour la réception. Je vous apporte des vêtements. Permettez-moi de vous préparer un bain. "

Je me décale pour la laissez passer. Quand elle passe à ma hauteur, je peux sentir son odeur. Elle sent comme la douceur du matin. Comme quand elle est allée dans les jardins avec Mirela.  

J'aime cette odeur. Elle m'adoucit. J'entre dans le bain qu'elle a coulé et fini de me préparer. Elle m'aide à m'habiller dans le silence. La situation est tendue entre nous. Personne n'ose parler. Ses gestes sont doux mais toujours tremblants. 

- " Laisse-moi finir, Cacahuète. Va te préparer. " 

- " Majesté, je n'ai pas le temps de me préparer. Je dois encore finaliser les plats. Et je n'ai pas de tenue pour la réception. "

- " Comment ça, tu n'as pas de tenue ? Mirela ne t'a pas précisé qu'elle voulait que tout le monde y participe ? Il faut remédier à ça. Suis-moi ! "

Elle me fixe intensément, sans comprendre. Je rigole doucement face à son incompréhension et me dirige vers la chambre de ma plus grande sœur. J'approche de son armoire de vêtements et y trouve une abondance de robes. Je me tourne vers ma servante et la regarde de bas en haut. Elle est légèrement plus fine et plus petite que ma sœur, mais ça devrait faire l'affaire. 

- " Tiens, prends-toi une robe et demande à une domestique de te coiffer. " 

- " Majesté, non, je vous en prie. Ce sont les robes de la princesse Élizabeth. Elle va me tuer si elle me voit avec ses vêtements. " 

- " Oh, ne t'inquiète pas pour ma sœur. Elle ne te ferra rien, tant que je suis à tes côtés et surtout si je l'interdis de t'approcher.  "  

Praline me fixe toujours inquiète. Mais je la rassure en souriant et la pousse gentiment vers les robes. 

- " Choisis-en une, mais prépare-toi vite. Mirela aura hâte de te voir. " 

Je me décolle d'elle et me dirige vers la grande salle du trône : c'est là où se déroulera la fête. Il y a beaucoup de gens. Mirela a voulu que tous les domestiques et gardes s'amusent en ce jour. Je n'étais pas pour, mais j'ai accepté. Elle a raison, ça fera du bien à tout le monde. 

J'arrive tranquillement sur mon siège et m'y installe. Le personnel me fixe. Ils attendent sûrement un ordre de ma part et d'un seul mouvement de tête, je les invite à retourner s'amuser. 

Sa Majesté d'Éronde [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant