Chapitre 104 - Praline

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- " Matthias, tu aurais dû m'en parler avant. " 

- " Bien sûr que non, si je te l'avais dit, la surprise aurait été gâchée. "

- " Depuis quand tu pensais à tout cela ? " 

- " Depuis qu'Élizabeth est partie. Le jour de son départ, je me suis senti triste, évidemment, mais j'ai ressenti à quel point je me sentais enfin libre de faire ce que je voulais. Et avec qui, je voulais, sans être jugé. Et au moment même où je pensais à cela, tu es venue dans la chambre et tu m'as pris dans tes bras; c'est là que j'ai tout de suite compris que c'est ce que je voulais. Rester avec toi, pour toujours. Tu ne m'as jamais lâché cette nuit. Je me suis endormie dans tes bras et au réveil, j'y étais toujours. Tu m'as bordé jusqu'à ce que je n'y pense plus et je me suis rendu compte que tu étais réellement la femme de ma vie. Je ne savais pas à quel moment je devais en parler à tes parents, mais finalement, je suis heureux de l'avoir fait hier. Maintenant, tu es à moi. " 

- " Tu oublies quelque chose, tout de même. Les villageois... Que vont-ils en penser ? " 

- " Je crains, ma douce, qu'ils n'aient pas beaucoup de choix, si ce n'est de l'accepter. "

- " Je suis quand même septique à ce sujet. "

- " Écoutes, Praline. Que je me marie avec une princesse ou une villageoise, ça ne changera rien. Les villageois ne m'apprécient pas. Alors, je vais faire ce que je veux, que ça leur plaisent ou non. "

- " Ça ne t'inquiète pas ? Ce qu'ils pourraient en penser ? "

- " Si, bien sûr. Mais je t'aime et mon choix est fait. Je t'épouserais et tu deviendras ma reine. Leur reine. "

- " Et s'ils décidaient de se révolter ? " 

Matthias me regarde, perplexe. Je sais que j'ai touché un point sensible. 

- " Et bien... Nous nous battrons pour leur montrer qu'ils ont tort. Notre amour est plus fort et peut-être qu'un jour, ils comprendront qu'il n'y a rien à faire. Je suis fatigué de me battre pour que les autres soient heureux et que moi, je passe en dernier. Aujourd'hui, c'est à mon tour d'être heureux et tant pis si ça ne plaît pas. "

- " D'accord, mais ça me fait quand même peur. "

- " Je comprends... Je ne t'ai même pas demandé ton avis, hier. Je ne sais même pas si c'est que tu veux toi aussi. Je t'ai imposé le mariage, sans t'en parler après. "

- " Ne t'inquiète pas, Matthias. Tu sais que c'est ce que je veux, avec toi. Je suis juste... Inquiète ? " 

- " À quel sujet ? "

- " À l'idée de devenir reine. C'est inimaginable pour moi. Je... Je n'aurais jamais cru une seule seconde que je deviendrais reine, c'est fou. Je suis née paysanne et bientôt, je serais au plus haut rang. Je ne sais même pas comment ça fonctionne. Je ne sais rien de tout cet univers. Et si je n'étais pas à la hauteur ? " 

- " Tout va bien, ma douce. Ce n'est pas quelque chose d'inné. Il te faudra juste un peu de patience et du courage. Je suis encore en train d'apprendre et comme tu peux le constater, je ne suis pas le meilleur dans ce rôle. Je suis sûr que tu seras bien meilleure que moi là-dedans. " 

- " Ne dis pas de bêtises. Je ne sais absolument pas comment on dirige un pays ! Comment peux-tu y arriver ? Ça semble si facile quand je te regarde faire. " 

- " Ne t'inquiète pas. Je ne te demanderais jamais de prendre les commandes. Je veux juste que tu restes avec moi et que tu me soutiennes dans ma vie. Le rôle de la reine n'est pas de diriger en général. À moins qu'il ne m'arrive quelque chose, tu devras accepter le travail. "

- " Mais ce n'est pas ton frère qui devra prendre le relais s'il t'arrive quelque chose ? " 

- " Normalement oui. Mais si, toi et moi, on a un héritier, c'est lui qui prendra le relais, sauf s'il est trop jeune. Si c'est le cas, il faudra que tu prennes les commandes, au moins jusqu'à ce qu'il soit assez grand pour diriger. " 

- " Et c'est quel âge " assez grand " ? " 

- " Quatorze ans, c'est le minimum requis. " 

- " Mais, tu n'es pas monté au trône à onze ans ? "

- " Je n'ai malheureusement pas eu le choix. Mes deux parents sont morts avant mes quatorze ans. Il a fallu que quelqu'un prendre l'accès au trône et ça ne pouvait être que quelqu'un de la famille royale, donc moi. "

- " Je comprends... J'en suis navrée. Ça n'a certainement pas dû être facile pour un jeune enfant. "

- " Non, ça ne l'était pas. D'autant plus que beaucoup de gens ont essayé de profiter du fait que j'étais naïf. Mais je suis confiant à l'idée de te savoir au trône à mes côtés. Et maintenant que tu es avec moi, nous allons pouvoir créer notre famille à nous et personne ne pourra nous faire de mal. " 

- " Tu crois ? " 

- " Bien sûr. Et comme je suis le roi, je saurais élever nos enfants pour qu'ils puissent être de grands monarques. Ce seront les meilleurs dirigeants que le pays n'aura jamais eus. " 

- " Tu oublies ton père... " 

- " Certes, mais il n'est plus de ce monde. Maintenant, il faut penser à l'avenir. "

- " Et bien, en parlant d'avenir... Quand se déroulera notre mariage ? " 

- " Tu es pressée ? " 

- " Oui ! Et surexcitée ! " 

- " Très bien, alors disons... Après-demain ? " 

- " QUOI ? Mais non, c'est impossible, je ne serais jamais prête à temps. Et les préparat... " 

- " Du calme, Cacahuète. C'était une blague ! "

- " Ah... Méchant. " 

Il ricane librement devant moi. Je me vexe et me retourne. Je refuse de le voir se moquer de moi aussi facilement. Ses bras viennent m'entourer le corps et il me berce lentement. 

- " Quand veux-tu te marier avec moi ? " 

- " Je ne sais pas. Maintenant ? Rien que tous les deux ? " 

- " Si ça ne tenait qu'à moi, on serait déjà devant l'autel. Mais je croyais que tu voulais avoir le temps de te préparer. " 

- " Oui, évidemment. Mais je veux aussi être ta femme, maintenant. " 

- " Et que penses-tu de dans deux mois ? "

- " Pourquoi aussi loin ? Qu'y a-t-il dans deux mois ? " 

- " Et bien, dans deux mois, ça fera un an qu'on se connaît. " 

- " Déjà ? C'est impossible... "

- " Et oui... Déjà. " 

- " Alors, va pour dans deux mois ! J'ai tellement hâte ! " 

- " Ça nous laisse assez de temps pour préparer le tout et annoncer nos fiançailles au reste du monde. " 

- " Obliger ? " 

- " Malheureusement, oui. Mais, dis toi que Mirela s'est déjà occupée de la plus grosse partie. Elle en a parlé à Maria, qui s'est chargée d'en parler au reste du château. Bientôt, la nouvelle se rependra partout dans le royaume. "

- " Laissons le temps faire les choses, dans ce cas. " 



Luv, 

May.


Sa Majesté d'Éronde [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant