Chapitre 20 - Praline

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Deux semaines. Voilà deux semaines que la princesse Mirela est allongée, inconsciente dans son lit. Depuis l'incident qui s'est produit lors de la réception, tout le personnel est en alerte. Le château d'Éronde s'assombrit de plus en plus. L'état de Mirela ne s'améliore pas, en fait, il ne fait qu'empirer. 

Matthias reste à son chevet tout le temps. Il ne prend même plus la peine de se laver ou de manger. C'est pourquoi, je me force à lui préparer et à le faire avaler, chaque jour, un met consistant. Parfois il se laisse faire, mais le plus souvent, il dépose son repas plus loin et n'y touche plus. 

Nous ne savons toujours pas quel est le mal qui ronge la princesse. Les médecins du royaume ont été interpellés et ramener au château, sous ordre du roi. Il voulait que tous les médecins travaillent ensemble pour déterminer la cause du mal de sa sœur. 

D'après eux, Mirela souffre d'un mal qui causera sa perte, mais ils sont incapables de trouver l'origine du problème. À plusieurs reprises, Matthias a renvoyé des médecins qu'il jugeait incompétents. La princesse gît sur son lit, tremblante et transpirante. Parfois, un son sort de sa bouche, mais c'est toujours un son de douleur. 

Pour ne pas l'affaiblir encore plus, les médecins ont préconisé de lui verser de la soupe dans la bouche, afin qu'elle ait quelque chose dans le ventre. Donc, en plus des repas du roi, je me charge de préparer les soupes de la princesse. 

Maria a arrêté de travailler. Quand elle a appris le malaise de Mirela, elle a perdu la force de faire quoi que ce soit. Je la comprends, elles sont tellement proches. Elle reste quand même souvent à son chevet, bien qu'elle en ressorte toujours plus démoralisée. 

- " Roberto, apportez-moi des carottes et des navets s'il-vous-plaît. " 

- " Tout de suite, Praline. Voulez-vous que j'aille apporter les plats à sa majesté ? "

Je suis sur le point de répondre quand on se fait interrompre par la venue du prince Lücas. Il fixe Roberto et d'un seul geste de la tête, il lui demande de partir. Il s'exécute et je me retrouve seule avec le prince. Je me courbe pour faire la révérence et le prince s'avance proche de moi. 

- " Praline... Très chère Praline. Ça fait bien longtemps que l'on ne s'est pas retrouvé en tête-à-tête comme cela. M'éviterais-tu, par hasard ? " Il me sourit avec un air charmeur, mais le seul sentiment qui me vient est le dégoût. Je ne comprends vraiment pas ce que me veut le prince. Comme il le dit, j'ai tout fait pour m'éloigner de lui. Je ne voulais pas me retrouver dans cette situation, mais c'est trop tard, je suis prise au piège avec lui et il n'y a personne pour me sauver. 

- " Pardon Votre Majesté, je suis très occupée ces derniers temps. A... Avez-vous besoin de quelque chose ? " Ma voix me trahit. J'ai peur. 

- " Tu as peur, Trésor ? " 

Ce surnom me donne des frissons. L'effet que me donne le prince me dégoûte et je tente tout pour ne pas faillir devant lui. J'essaye de me défaire de son regard insistant en baissant la tête, mais il continue de me brûler du regard. 

Soudain, le prince m'attrape le bras et me tire vers les jardins des cuisines. 

Je me laisse faire, par peur de le mettre en colère et aussi parce qu'il me retient très fort. Mon bras commence vraiment à me faire mal, mais je ne dis rien et me laisse porter. Je ne sais pas ce qui lui prend. 

- " Maintenant, on est tranquille. "

- " Tranquille ? " Ma voix est timide et hésitante. 

- " Oui ! Tranquille pour discuter. " 

- " Majesté, pardonnez-moi, mais je dois continuer de faire les soupes de votre sœur. Il faut qu'elle mange. S'il-vous-plaît, laissez-moi partir. "

J'essaye de me dégager, mais il finit par me serrer encore plus fort le bras. Il rapproche mon oreille de sa bouche et chuchote dedans. 

- " Ça ne sert à rien de fuir, « Cacahuète ». Tu seras à moi, qu'importe comment. " 

Je déglutis et il me lâche enfin. J'ai très peur de ce qu'il vient de me dire. Je ne sais pas quoi faire. Peut-être que je peux en parler au roi, mais j'ai peur qu'il ne me croit pas et qu'il me traître de menteuse. Je serai pendue. 

Je retourne aux cuisines en essayant d'oublier ce qu'il vient de se passer. Je me concentre sur la préparation de la soupe. Il faut que j'apporte le tout au roi, mais je me sens encore nauséeuse à cause du prince et mon bras me lance toujours. 

Je suis maintenant devant la porte des appartements de la princesse Mirela, avec le plateau de soupe. Je me permets d'entrer et retrouve le roi endormi sur sa chaise, la tête posée sur le lit de la princesse. Je dépose le plateau sur la table de chevet et commence doucement à verser de la soupe dans la bouche de Mirela. 

Je suis à la moitié du repas que le roi se réveille. Il sursaute en me voyant, mais se calme tout de suite quand il comprend que ce n'est que moi. 

- " Cacahuète, tu m'as fait peur. Es-tu là depuis longtemps ? "

- " Non, Majesté. J'ai commencé à la nourrir. J'ai bientôt fini. Vous devriez aller vous coucher, vous n'avez pas dormi de la nuit. "

- " Non, je dois rester avec elle. Sa santé ne s'est toujours pas améliorée. Je ne sais pas quoi faire pour la sauver. " 

Sa voix se brise et il éclate en sanglots. Je me dégage de la princesse et m'approche de lui. J'ai à peine le temps de me positionner à ses côtés, qu'il me tombe dans les bras. Il loge sa tête dans mon cou et laisse couler ses chaudes larmes. Je suis un peu bloquée par ce contact inhabituel, mais je pose quand même mes mains sur sa chevelure pour le réconforter. Ses cheveux sont d'une douceur incroyable. 

J'essaye au mieux de le calmer et il finit enfin par s'endormir dans mes bras. Je le dépose doucement sur le lit et apporte sur lui une douce couverture. Je termine de nourrir Mirela et doucement, je retourne dans les cuisines. 

La nuit arrive bien plus vite que ces dernières semaines. Me voilà, maintenant, allongée sur mon lit. Depuis les événements qui se sont produits le jour de la réception, je n'ai pas beaucoup dormi. Entre préparer les repas pour la famille royale, m'occuper de la princesse et subvenir aux besoins du roi et de ses frères et sœur, je n'ai pas eu une minute pour dormir. Je sais que c'est mon rôle en tant que servante de faire tout cela, mais jamais je n'aurais pensé que ça me prendrais autant de temps. 

Je me laisse alors bercer par le silence qui règne dans la pièce, comme dans tout le château depuis deux semaines. Mes pensées bifurquent sur le roi et mon rythme cardiaque s'emballe. Cela va bientôt faire deux mois que je vis dans le château, au service du roi. Je n'ai jamais pu revoir ma famille et ils me manquent. Des larmes perlent au coin de mes yeux quand je pense à eux. 

Je m'endors finalement, la boule au ventre et avec le mauvais sentiment que demain sera pire que ces dernières semaines. 



Les choses avancent petit à petit dans le château. N'hésitez pas à me laisser des commentaires. 

Luv, 

May. 


Sa Majesté d'Éronde [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant