Sa Majesté d'Éronde [Tome 1]

Chapitre 32 - Matthias

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Je me surprends à marcher très vite vers ses appartements. Presque en courant, j'arrive devant sa porte et bizarrement, celle-ci est grande ouverte. En entrant dedans, je ne vois personne. Seuls les draps de ma servante sont en boule sur son lit. Dans la panique, je me retourne en vitesse et repense à Mirela, qui est partie rejoindre Praline. J'accours vers sa chambre et toque doucement, cependant, personne ne me répond. Je réfléchis aux endroits où elles pouvaient aller et repense aux jardins, où elles aiment tant aller et sans attendre, j'avance vers ce lieu que je connais par cœur. En me dirigeant vers les jardins, j'entends des échos de voix dans une salle. Je ne distingue pas tout de suite les bruits, mais ce n'est que quand je suis derrière la salle que je comprends que ce sont des rires. Des rires cristallins. 

Un sourire s'étire involontairement sur mon visage et mon cœur se met à battre plus vite. Elles sont là, dans la salle de cours de Mirela. Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? De l'extérieur de la salle, je peux facilement distinguer les deux voix de mes bien-aimés. Elles sont en train de parler de... paysages ? 

Sans faire de bruits, j'essaye d'ouvrir une petite ouverture qui me permettrait de les observer. La porte s'entrouvre dans un vilain grincement, mais heureusement, les deux femmes n'ont rien entendu. Du coin de la porte, je peux enfin les voir. Mirela est debout, dans une position des plus dramatiques et Praline est assise sur une chaise, un chevalet devant elle. Sur ce chevalet, un début d'esquisse se forme. On peut facilement distinguer la position spectaculaire de ma petite sœur. Alors c'est ça les cours de Mirela ? Tant mieux, au moins, elles s'amusent ensemble. 

Mon sourire est toujours grandement présent sur mon visage et cette scène, qui se présente à moi, ne peut pas m'empêcher d'arrêter. Elles sont si belles toutes les deux. Ce que j'ai devant moi, me rend heureux. Je vois ma petite sœur s'amuser et ma paysanne se rapprocher, un peu plus chaque jour, de nous. De là où je suis, je ne peux pas voir le visage de Praline, mais la connaissant depuis maintenant quelque temps, je peux d'ores et déjà dire qu'elle tire la langue pour se concentrer. J'ai remarqué à plusieurs reprises qu'elle sortait le bout de sa langue pour se concentrer et ça m'a toujours fait rire. 

Pris dans ma contemplation, je ne remarque pas tout de suite que Mirela commence à gesticuler. Dans l'excitation, elle finit par glisser sa main qui soutenait son corps sur sa chaise et elle finit de tout son long, sur le sol. Voyant que Mirela s'est lamentablement écrasée sur le sol, Praline se lève pour aller l'aider, mais dans le feu de l'action, elle se prend les pieds dans ceux du chevalet. Prise de panique, elle se vautre elle aussi sur le sol, la tête dans le tableau coloré. Quand elle soulève sa tête du sol, le visage de Mirela se déforme en une espèce de grimace moqueuse. Toutes les deux éclatent soudainement de rire et de mon coin, je rigole doucement. Mirela se cramponne comme elle peut à ce qu'il y a autour d'elle, mais c'est encore un échec. Soudain, Mirela se met à crier de stupéfaction. 

- " Oh mon Dieu ! Praline, au secours ! Il y a un monstre hideux qui se cache là ! " 

Mirela pointe maintenant dans ma direction ! Non mais je rêve où elle m'a traité de monstre hideux ? 

Finalement, c'est au tour de praline de pousser un cri d'affolement. Elle aussi regarde dans la direction de la porte, où je suis caché. Non mais ? Je ne suis pas si hideux que ça. Outré, je sors violemment de ma cachette et entre dans la pièce, où les deux femmes sursautent et me regardent avec incompréhension. 

- " Mesdames, je ne vous permets pas de me traiter de monstre hideux ! Je ne suis pas si laid que ça quand même ! " 

- " Matthias ? Qu'est-ce que tu fais là ? " 

Merde. Pris dans le fait ! 

- " Hum, je heu... Je passais dans le coin et... hum... Je vous ai entendu parler ! Et quand je suis arrivé, je t'ai entendu me traiter de monstre hideux ! "