Chapitre 72 - Praline

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Mon cœur bat vite. Je sais que ce que je vais faire va être difficile et je redoute ce moment, mais c'est maintenant ou jamais. Ma main tremble et je n'ose pas frapper. Que va-t-il se passer ? Je souffle une dernière fois et c'est trop tard, les trois coups ont sonné.

J'entends au loin la voix de Matthias qui m'autorise à sonner. Je pousse la porte et me tiens du mieux que je peux pour ne pas tomber. D'abord, parce que je suis faible, mais aussi parce que je tremble de peur.

Son bureau est encombré de papiers et de toute sorte de livres. Et au milieu de tout cela, il est là, penché au-dessus de son bureau. Il est magnifique dans sa tenue et je ne peux m'empêcher de penser que je fais une grosse bêtise. Sa tête se relève et quand il me voit, un grand sourire s'affiche sur son visage, mais bientôt, de l'inquiétude se lit dessus. Il s'approche de moi et vient tout de suite m'agripper.

- " Praline, que fais-tu là ? Et debout surtout ? "

- " Je... Je dois te parler de quelque chose. "

- " Tu ne pouvais pas me faire demander ? J'aurais pu venir jusqu'à toi, tu sais ? "

- " Oui, mais ça n'a pas d'importance. Ce que je dois te dire est important et ne va pas te plaire. "

- " Très bien. Assieds-toi d'abord. "

Il m'aide à m'approcher d'un siège et je m'enfonce dedans. Je m'accroche de toutes mes forces aux accoudoirs. J'appréhende cette discussion, qui je le sais, sera mouvementée.

- " Je t'écoute, ma douce. "

Oh non, ne m'appelle pas comme ça, Matthias. Ne rends pas les choses plus compliquées. Ce surnom me pince le cœur et d'un coup, je me sens nauséeuse. Je prends une grande respiration et me lance. De toute façon, c'est trop tard pour reculer.

- " Je... "

Il m'observe avec inquiétude et ça me brise le cœur. Il ne sait pas encore ce que je m'apprête à lui dire et je sais qu'il ne me le pardonnera jamais.

- " Je veux quitter le château. "

J'ai fermé les yeux en disant ça. Je ne suis pas capable d'affronter son regard, pourtant, j'ose ouvrir un œil et comme je m'y attendais, il me fixe dans le blanc des yeux. Sa bouche s'est légèrement entrouverte et ses sourcils se sont froncés. Deux rides se sont formées sur son front et je peux deviner qu'il n'a pas encore saisi le sens de ma phrase.

- " Matthias, avant que tu ne réagisses, il faut que tu comprennes pourquoi. "

Mes larmes me montent aux yeux. Je ne sais même pas comment j'ai trouvé la force de lui en parler et comment je vais trouver la force de continuer sans craquer.

- " J'ai discuté avec mon père, hier. Et il m'a dit que ma famille n'allait pas bien. Ils sont tous malades et... Et... "

Mes larmes coulent et je commence à sangloter. Je n'arrive pas à le regarder dans les yeux.

- " Et mon père est tout seul pour gérer tout ça. L'hiver est là et il faut que je les aide, tu comprends ? Il faut que j'y aill... "

- " Non. "

Je m'arrête brusquement.

- " Quoi ? "

- " Non. "

- " Matthias, s'il-te-plaît, écoute-moi. Il faut que... "

- " Non. "

- " Matthias... "

- " NON ! "

Il se relève violemment de son siège et le fait basculer en arrière. Le bruit me fait sursauter et je commence à trembler. Parce que c'est la première fois qu'il réagit de cette manière avec moi et que je redoute ce qu'il va se passer.

Sa Majesté d'Éronde [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant