Chapitre 92 - Matthias

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Elle est là. Mais je n'en suis pas sûr. L'est-elle vraiment ? Quand le garde est venu m'informer de la présence de plusieurs personnes, je pensais à une nouvelle intrusion. J'étais prêt à me laisser envahir et tuer dans mon lit, mais la vision de Mirela, prise entre les griffes de ces hommes m'a fait frissonnée de dégoût. J'ai tout de suite accouru vers le hall d'entrée, ne m'attendant sûrement pas à la voir là, sublimant la pièce de sa présence. 

Lentement, je me dirige vers elle. De loin, je reconnais sa famille, me demandant ce qu'ils font tous là, mais rien n'a plus d'importance qu'elle. Elle est simplement vêtue, mais rien que ça suffit à me procurer un millier de sensation dans tout mon corps. Je ne veux pas croire que c'est réel, pour que finalement, je me réveille seul et encore plus malheureux. Pourtant, tout cela me semble si réel. 

Plus je m'approche, plus elle recule. Je ne veux pas lui faire peur, mais je suis incapable de prononcer quoi que ce soit. Je veux lui dire de ne pas fuir, de rester près de moi, mais c'est impossible. Je reste bouche bée devant sa beauté. 

- " Praline... " 

Un simple murmure s'est dégagé de ma bouche, mais je sais qu'elle l'a entendu. Je le sais à la façon dont elle s'est arrêté de reculer et au frisson qui s'est installé sur sa peau. Sa peau d'une douceur incroyable qui me manque. Son contact me manque, mais je suis toujours incapable de faire le moindre mouvement vers elle. Je ne peux qu'avancer et espérer ne pas me réveiller tout de suite. Je veux que ce rêve reste aussi longtemps que je le peux et le premier qui osera me réveiller recevra les foudres du roi. 

- " Cacahuète... C'est bien toi ? " 

Elle continue de me fixer, mais aucun son ne sort de sa bouche. Seul un petit hoquet de surprise s'immisce entre ses lèvres. Ses lèvres que je rêverais d'embrasser. 

Ses yeux me fixent toujours, vacillant entre mes lèvres. Je sais qu'elle le veut aussi et je veux que ce rêve dur assez longtemps pour qu'elle se jette sur moi et qu'elle m'embrasse. Au loin, je sens le regard brûlant de sa famille et ma sœur sur nous, mais j'y fais abstraction. Il n'y a qu'elle qui compte aujourd'hui. En cet instant, je ne veux voir qu'elle. Je ne veux sentir qu'elle. 

Mes jambes tremblent sous la peur et je sens que je ne vais pas tarder à craquer. Bientôt, je me réveillerai et ce rêve disparaîtra, emportant chaque bout d'elle loin de moi. Alors, je n'hésite plus. 

Au diable les autres. Au diable le protocole. Au diable ce qu'il nous arrivera. Je me fiche bien de savoir que tout prendra fin demain matin. 

En seulement deux pas, je comble l'espace qui s'est immiscé entre nous et attrape son bras. Je ne suis pas doux avec elle, mais je m'en fiche. Je ne veux pas profiter de ce moment, je veux l'imprégner en moi. 

Je termine de fissurer les derniers centimètres qui me séparent d'elle et fond sur sa bouche. Ce contact me glace le sang. Un éclair vient me foudroyer sur place et je suis sûr que je suis en train de me pisser dessus. Adieu ma dignité. Je n'en ai pas besoin avec elle. Elle ne répond pas à mon baiser, mais je continue. J'insiste et pousse encore plus mes lèvres sur les siennes. Elle reste figée dans mes bras. Elle ne bouge pas et ses yeux sont grands ouverts. Déçu, je me décale d'elle. Je romps le contact et laisse le vide et le froid prendre place, me laissant un goût amer dans la bouche. Elle continue de me fixer, comme si le monde venait de s'écrouler à cause de moi. J'aimerais me détacher d'elle, lui en vouloir de ne pas répondre à mon baiser, mais je n'y arrive pas. J'ai peur que si je la lâchais, elle disparaisse à jamais, mais malgré mes craintes, je me détache d'elle et laisse le vide me câliner. 

Perdu et embarrassé, j'attends que mon cauchemar prenne fin, pour que je puisse sortir de mon mal-être. Mais il ne se termine pas. Il continue de vivre dans mon cerveau et elle continue de me fixer, le regard désespéré. Et alors que je pensais qu'il ne m'arriverait plus rien, que tout se finirait ainsi, elle se jette sur moi et elle vient agripper mes cheveux de sa main droite, alors que sa main gauche vient s'abattre sur mes épaules. Son geste me surprend, alors je fais de mon mieux pour la soutenir, pendant qu'elle fond, dans un geste incertain, sur mes lèvres. 

Encore une fois, le contact de ses lèvres me renvoie un violent coup de poing dans le ventre et je me retiens pour ne pas suffoquer. Ses lèvres dansent sur les miennes, dans un rythme saccadé et novice. Je n'en prends pas note et continue de répondre à sa demande. Je lui offre mes lèvres et mon corps entier. Mes bras se baladent sur son corps, pendant qu'elle continue à s'agripper à moi. Elle me griffe le cuir chevelu, mais bizarrement, j'adore ça. Parce que pour une fois, ce rêve me semble plus réaliste que jamais. Pour une fois, je peux ressentir plus de sensation que je n'en ai jamais ressenti. Et si ce rêve est le seul moyen de ressentir des sensations, je dois m'y accrocher plus que jamais. Je dois l'accepter et le laisser me pénétrer au plus profond de ma chair, jusqu'à me marquer au fer rouge. 

Je veux ressentir chaque sensation et voir transparaître toutes les cicatrices qui me prouveront qu'elle a existé. 

Ma langue se mélange à la sienne et mon souffle se coupe. Je ne sens plus l'air passé entre nous et je sens mon corps entier réagir. Chaque vibration qui me traversent me rappelle qu'elle est là. Que je l'ai pour moi. Chaque mouvement éveille en moi des milliers de sensations, des plus minimes, au plus intenses, en passant bien évidemment par les plus envoûtantes et désirantes. Je la désire. Mon corps entier la désire. Je ne veux pas que mes lèvres soient les seules à y goûter. Je veux que chaque parcelle de mon corps s'approprie cette femme. Elle a un tel pouvoir et une emprise fulgurante sur moi. 

Néanmoins, chaque rêve a une fin. Et le mien s'arrête finalement quand ses lèvres se séparent de moi. Ses mains sont toujours accrochées à moi et je suis toujours ancré à elle. Notre souffle se mélange et ses yeux s'incrustent dans les miens. J'y vois de la passion, de l'amour, de la tristesse, mais aussi énormément de désir. Elle me désire, autant que je la désire. Un large sourire s'installe sur son beau visage et je sais à présent que je serais prêt à tout pour qu'il ne disparaisse jamais. Tout.

Lentement, je reviens à moi et elle se décroche. Elle retombe sur ses pieds et timidement, elle baisse la tête. Ses joues prennent feu, mais moi, c'est mon sexe qui s'enflamme. Je déteste la voir baisser la tête. Ça me rend fou d'excitation. 

Elle n'ose plus me regarder, et même si j'essaye d'y faire abstraction, je sens leurs regards sur nous et j'entends facilement les ricanements de ma petite sœur et de la mère de Praline. Je prie intérieurement pour que le père de Praline ne vienne pas me décrocher une droite, mais encore une fois, je me dérobe à ces pensées. Seule, elle, m'importe. 

- " Hum, hum. " 

Même si le monde venait à m'arracher de nouveau cette femme, je ne me priverais plus jamais de la regarder. Jusqu'à ce qu'on m'arrache les yeux. Je ferais tout pour toujours l'avoir à porter de vue. Parce qu'elle est la plus belle vue que je n'ai jamais observé de ma vie. 

- " Matthias. Désolée de vous interrompre... " 

Praline relève la tête, les joues encore plus rouge. 

- " Mais il faudrait emmener la famille de Praline dans leurs appartements. Ils ont fait un long voyage et il faut qu'ils se reposent. "

Cette fois, je me retourne vers ma sœur, qui semble s'être portée garante de leur sécurité. La présence soudaine de cette famille me rend perplexe. Pourquoi sont-ils là ? 

Mirela me fait un grand sourire, avant de pousser la famille de ma douce vers les couloirs du château. Je la laisse faire, me questionnant toujours sur la raison de leur présence. Soudain, une main vient saisir la mienne et seul ce contact réussit à me donner une érection. 

Merde. Je ne sais pas si, un jour, je serais capable de résister plus longtemps à cette tentation. 

- " Matthias... " 

Sa voix. Cette voix qui me hante jour et nuit. Elle me fait vibrer jusqu'à la moelle. Rien que de savoir qu'elle sort de sa bouche, ça me donne envie de replonger dans les délices de ses lèvres. 

Je me tourne vers elle et la contemple. Si ça doit s'arrêter maintenant, je serai comblé. C'est le plus beau rêve que je n'ai jamais fait. 

- " Je... Je suis heureuse de te revoir. " 

Elle finit par se décaler de moi et lâcher ma main. La brisure de ce contact me fait froid dans le dos, mais son sourire me réchauffe tout de même. Elle finit par quitter la pièce, suivant sa famille à travers les couloirs colorés de mon château. 



Luv, 

May.


Sa Majesté d'Éronde [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant