Chapitre 24 - Praline

87 3 6
                                    


Il fait froid, sombre et j'ai peur. 

Je ne comprends pas ce qu'il s'est passé. En l'espace d'une nuit, je me retrouve dans les cachots, accusée pour quelque chose que je n'ai pas fait. Je ne peux pas croire que tout cela est arrivé. 

Comment tout cela a bien pu arriver ? Comment ont-ils pu croire que je pouvais être responsable de ce malheur ? Et Matthias ? Qu'a dû penser Matthias ? 

J'ai vu son regard, remplis de haine, de mépris, de dégoût et d'incompréhension. 

Que va-t-il se passer pour moi maintenant ? Va-t-il finalement m'exécuter ? 

La dernière fois que j'étais dans ces cachots, c'était il y a deux mois. À ce moment-là, je ne pouvais pas deviner que ma vie allait changer autant. J'y ai découvert un monde tellement différent du mien. En deux mois, j'ai appris à connaître un peu plus ce roi que tout le monde déteste tant. J'ai connu un roi soucieux de sa famille. 

Je suis dans le même cachot que la dernière fois. Elle est toujours aussi sale. Le temps s'est beaucoup rafraichi depuis ces derniers mois et les cachots ne sont pas cachés de ce vent glacial du soir. Quand les gardes m'ont traîné dans les sous-sols, j'ai remarqué que les cachots étaient vides. Quand j'étais plus jeune, on me disait toujours que les cachots étaient toujours pleins et j'ai pu le constater quand j'y étais. 

Dans le noir, mes yeux ont pris beaucoup de temps pour s'acclimater, mais désormais, j'arrive à distinguer quelques mouvements par-ci et par-là. D'après les bruits, je peux facilement dire que ce sont des ras qui m'accompagnent dans ma détresse. Je me suis recroquevillée dans un coin de la cellule. Mes jambes sont redressées et j'ai la tête dans mes genoux. J'ai peur d'ouvrir les yeux et de voir à quel point je suis dans une situation misérable. 

Soudain, un léger bruit métallique se fait entendre, suivi d'un léger mouvement de lumière. J'ai du mal à tout distinguer, mais après quelques minutes, je peux enfin voir que quelqu'un est face à moi. La torche qu'il tient dans sa main me permet de voir son visage. Je reconnaîtrais entre mille son visage. Ses traits sont durs et tirés par la fatigue. Il s'est arrêté à plusieurs mètres de ma cellule. Je crois qu'il n'ose pas s'approcher plus. Personne ne parle. Je n'ose rien dire, par peur, mais aussi par respect. 

Le roi finit par combler les derniers mètres qui nous séparaient et je peux remarquer dans sa main, un trousseau de clés. En silence, il insère une clé rouillée. La grille s'ouvre dans un grincement strident. Il s'arrête à l'entrée, toujours sans un bruit. Je m'élance pour me relever et essaye d'enlever la poussière qui me recouvre. Quand je relève la tête vers lui, je peux enfin voir ses yeux rouges et remplis d'eau. 

Il tente de dire quelque chose, mais il finit par se raviser. À mon tour, je veux m'exprimer, mais la peur m'assaille. Finalement, le roi souffle et se cale sur les barreaux de ma cellule. 

- " Praline... Je... Je... " Son regard est profondément triste. Il souffle de nouveau, cherchant ses mots. " J'ai besoin de savoir, d'en avoir le cœur net. " Il se redresse et s'approche de moi. Je peux sentir son souffle chaud sur le haut de ma tête. " Es-tu à l'origine de tout ce mal ? Réponds-moi sincèrement, s'il-te-plaît. Dis-moi que ce n'est pas toi... "

Sa voix se brise avant qu'il ne termine sa phrase. En même temps, je peux sentir mon cœur se déchirer en mille morceaux.  

Comment pourrais-je lui faire comprendre que je suis innocente ? Mon cœur bat à mille à l'heure. J'ai mal, je suffoque. J'ai envie de pleurer et de dormir pour tout oublier. Je dois tout de même rester forte et lui montrer que je suis innocente, pourtant, mon corps refuse d'obéir et me voilà accroupie sur les genoux, face au roi. Mes larmes coulent, sans que je puisse le contrôler. 

Sa Majesté d'Éronde [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant