Chapitre 80 - Matthias

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De la paperasse, partout. Que de la paperasse et pas une seule trace de solution. Rien. Tout autour de moi est vide, même mon cerveau. Je suis à court d'idée. Comment pourrais-je la retrouver alors que je n'ai pas la moindre idée pour commencer mes recherches ?

Je suis maudit, jusqu'à la moelle. Je tourne en rond dans mon bureau, plongé dans le noir et dans le désespoir. Seuls les bruits de mes pas résonnent. J'en viens à m'arracher les cheveux, dans l'espoir de trouver un semblant de solution, mais rien ne me vient en tête. Je commence à m'énerver contre moi-même et me triture le visage.

Pris de fatigue, je m'étale sur le bureau en bois et me laisse mourir. Ce n'est certainement pas aujourd'hui que je vais réussir à trouver quelque chose. J'ai besoin d'un verre de vin.

Mollement, je me relève et tombe au sol. J'ai l'air pitoyable, mais je m'en fiche. Personne ne peut me voir. Je rampe comme je peux vers le meuble et tâte le plan de travail, à la recherche de quelque chose de cylindrique. Quand enfin, j'y arrive, je remarque que ma coupe est vide.

- " AARGH ! "

Je râle et peine à me relever. Pourquoi s'acharne-t-on sur ma pauvre petite âme ?

Bon d'accord, peut-être que j'exagère. Peut-être est-ce que c'est moi qui m'acharne sur moi ? Je ne sais même pas. En fait, je ne sais même pas pourquoi je pense à ça. Je roule sur le dos et rigole, la coupe de vin vide dans la main. L'idée que quelqu'un me retrouve là, seul, gisant dans mon vin me fait éclater de rire. Du peu de force qu'il me reste, je tente d'attraper le pichet de vin, mais celui aussi est vide. Depuis quand sont-ils vide ces deux-là ? Il y a à peine dix minutes, tous les deux étaient encore pleins et le liquide rouge me couler délicieusement dans la gorge.

Où est passé tout le liquide ? Et pourquoi je suis en train de serrer le pichet dans mes bras ?

Je pleure sans m'en rendre compte et je finis par ré-éclater de rire en me rendant compte de ce qu'il se passe. Je sais où est passé tout le bon liquide. Dans mon ventre. Et ça y est, je repars dans un long et interminable fou rire. Pourtant, il n'y a rien de drôle, mais je ne peux même pas m'en empêcher. Bon, j'avoue que l'alcool y est peut-être pour quelque chose, mais qu'importe. Rire me fait du bien, alors je continue, jusqu'à m'étouffer dans ma salive. Je. Suis. Misérable.

Mais, j'ai soif. Et l'alcool se fait rare dans cette chambre.

- " GAAAAARDEEEE !!! "

...

- " GAAAAAAAARRRRRDDEEEEEEEEE ! "

- " Garde ? Héhéhé. Garde ? héhé. "

Le silence qui m'est renvoyé me fait rire et je me rends compte que je suis tout seul dans cette bataille. Semble-t-il que Praline ne soit pas la seule à m'avoir lâchement abandonnée. Malgré moi, je me relève et trouve la force d'avancer vers le seul lieu qui veut de moi. La cuisine.

La pièce tourne tout autour de moi, mais je me raccroche aux murs pour ne pas tomber. Faut se l'imaginer quand même. " On a retrouvé le roi de Monake, mort, puant l'alcool, contre un mur. "

Cette image de moi-même me fait rire et j'éclate de nouveau de rire dans les couloirs vides. Mon rire résonne et fait écho dans les couloirs et dans mon cœur, me rappelant que je suis aussi vide que ces couloirs à l'intérieur de moi. J'éclate en sanglots cette fois, et bave comme un bébé. Encore une fois, je suis misérable.

Les couloirs vides me paraissent interminables, mais enfin, j'arrive à la cuisine. Bien évidemment, la pièce est vide. Mais où sont-ils tous ? Bon sang.

Sa Majesté d'Éronde [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant