Chapitre 101 - Matthias

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- " Entrez. " 

J'ouvre doucement la porte et passe ma tête dans l'embrasure. Lücas est dos à moi, plongé dans le tri de ses papiers. 

- " Salut, petit frère. " 

Il se retourne enfin pour m'observer, avec de gros yeux. Je crois qu'il ne s'attendait pas à me voir. Il se redresse vers moi et me sourit timidement. Je sens que ça va être compliqué de renouer avec lui.

- " Salut, Matthias. " 

- " Est-ce que je te dérange ? " 

- " Non, pas du tout. Est-ce que je peux t'aider ? " 

- " Non, je voulais simplement discuter avec toi. " 

- " De quoi ? "

Je sens que la discussion est un peu trop formelle. Nous n'avons jamais parlé au-delà de quatre phrases. 

- " De tout et de rien. De toi aussi. " 

- " Moi ? " 

- " Oui, hum... " 

Je ne sais vraiment pas comment commencer, alors je m'assois sur son lit, pendant qu'il me suit du regard. Je sens son regard interloqué me brûler la peau. 

- " Je voulais juste savoir comment tu allais... depuis... " 

- " Je vais bien. "

Il me regarde, mais ne me parle pas plus. Il ne veut pas me dire ce qui le tracasse et je le sens se refermer sur lui. 

- " Tu sais que tu peux tout me dire, Lücas. Je sais qu'on n'est pas proche toi et moi, mais je suis quand même ton grand-frère, tu peux tout me dire. "

- " Tout te dire ? Vraiment ? " 

Il ricane et lève les yeux au ciel. Il ne veut pas me prendre au sérieux et son comportement me fait serrer la mâchoire. J'ai l'impression de voir Élizabeth devant moi. Il me rigole au nez, alors que je veux simplement l'aider.

- " Oui, Lücas. Vraiment. Je veux juste t'aider, savoir comment tu te sens. "

- " Comment crois-tu que je me sens, Matthias ? "

- " Je... " 

- " J'ai perdu ma sœur, il y cinq jours et depuis, je ne t'ai pas vu une seule fois. Tu n'es pas venu une seule fois pour savoir comment j'allais. Ce n'est que maintenant que tu viens vers moi. "

- " Lücas, moi aussi, ça m'a affecté le départ d'Élizabeth. "

- " Ah oui ? Mais si ça t'a autant affecté, au point de ne plus sortir de ta chambre, pourquoi n'as-tu pas simplement annulé le mariage ? Fait revenir notre sœur ! Elle mérite sa place avec nous. "

- " Non, Lücas. Tu sais aussi bien que moi que ce n'est pas vrai. Élizabeth nous faisait beaucoup de mal et surtout à toi. Elle t'a manipulé, trop de fois, et encore aujourd'hui, j'ai l'impression de l'entendre parler en t'écoutant. "

- " Sottises ! Je ne suis pas à sa merci ! J'ai fait mes propres choix, tout cela étaient mes décisions ! " 

- " Donc, c'est toi qui as décidé de t'en prendre à Mirela ? Et à Praline ? Volontairement, tu vas me dire ? Pourquoi, alors ? Qu'elles étaient les raisons qui t'ont poussé à faire ça ? En-dehors du fait que ça déranger notre sœur ? "

Il me fixe sans rien dire, les poings serrés. Il sait que j'ai raison. Lücas n'a jamais voulu nous faire du mal. Tout venait d'elle. 

- " Lücas. Je sais que tu n'es pas une mauvaise personne. Je ne suis pas là pour te rappeler les décisions que tu as prises dans ta vie. Je suis là, parce que tu es mon frère et que je veux prendre soin de toi. " 

- " Pourquoi ? Pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi pas avant ? " 

- " Parce qu'avant j'étais idiot. J'ai été aveuglé par ma détresse que j'en oubliais celle des autres. Je n'ai pas su voir à travers vos émotions et je vous ai laissé tomber. Mais aujourd'hui, je sais ce que j'ai à faire. Je sais quel est mon rôle. Je suis ton grand-frère et c'est à moi de prendre soin de vous. Si seulement, je l'avais compris bien plus tôt. J'en suis navré. Je crois que tout ceci aurait eu un plus beau tournent si j'avais été un meilleur roi et frère pour vous tous. Mais la seule chose que je peux faire aujourd'hui, c'est rattraper le temps que j'ai perdu, et le passer avec toi. Accepte mon aide, je te promets de faire tous les efforts nécessaires pour que tout s'arrange. " 

- " Je ne sais pas, Matthias. Comment pourrais-je te croire ? " 

- " Je ne sais pas non plus, Lücas. Fais-moi simplement confiance, en tant que frère. Si tu m'aimes encore un peu, laisse-moi une chance. " 

Je me redresse de son lit et m'approche de lui. Son regard se pose sur la main que je lui tends. Ce sera une poignée sincère, preuve de ma bonne volonté. Il s'attarde longtemps sur celle-ci et alors que je m'apprêtais à abandonner, il attrape ma main, et serre la sienne. Sa poignée est dure, mais devient le symbole de notre lien. Aujourd'hui, je lui ai promis de prendre soin de lui et je dois tout faire pour qu'il renoue un lien avec moi. 

- " Oooooh, c'est trop mignon ! Venez-là, mes bébés... " 

La voix de Mirela résonne dans toute la pièce, alors que je l'observe entrer sans gêne dans la chambre de Lücas. Les bras de Mirela s'écartent en grand, avant de se plaquer contre nous et nous forcer à nous coller. 

- " Mirela, qu'est-ce que... " 

- " Chuuuut, tout va bien aller, maintenant. Je suis là, d'accord ? Oh, mes petits bébés... " 

- " Mirela ! " 

- " Quoi ? " 

- " Tu nous écoutais ? " 

- " Heu... non, oui. Non ! " 

Elle s'écarte finalement de nous, avant de reculer doucement et arriver devant la porte, elle détale comme un lapin, sans demander son reste. 

- " Seigneur, aidez-la. "

Lücas rigole, avant de s'écarter un peu de moi, me coupant soudainement à la proximité qui s'était involontairement installé entre nous. 

- " Je te promets de prendre soin de vous. "

Il hoche la tête et m'observe, grand sourire aux lèvres. C'est la première fois qu'il me sourit autant. Je me sens soulagé de m'être rapproché de lui. 

- " À tout à l'heure ? Au dîner ? " 

- " À tout à l'heure. " 

Je le regarde une dernière fois, avant de quitter la pièce et de souffler de soulagement. Au loin, je vois une petite ombre s'agiter et disparaître quand j'arrive vers elle. 

- " Mirela, je sais que c'est toi. Viens-là ! " 

Doucement, Mirèl fait son apparition et triture ses doigts. Elle n'ose pas me regarder, mais je sais qu'elle est en train de sourire. 

- " Tu écoutais à notre porte ? " 

- " Oui, je suis désolée, mais je vous ai entendu parler et comme c'est rare de vous entendre tous les deux, et bien, j'ai écouté. Je suis contente que ça commence à s'arranger. " 

- " Oui, moi aussi. " 

Elle m'observe, avant de se jeter dans mes bras et de me serrer aussi fort qu'elle peut. 

- " Tu m'as manqué, grand-frère. Tout va s'arranger maintenant, n'est-ce pas ? " 

- " Oui, mon Trésor. Tout va s'arranger, je te le promets. "



Luv, 

May.


Sa Majesté d'Éronde [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant