Sa Majesté d'Éronde [Tome 1]

Chapitre 43 - Praline

▽

Un doux air chaud vient chatouiller ma joue et une masse m'écrase le ventre, me bloquant légèrement la respiration. Pourtant, cette sensation est agréable. Bizarrement, la surface sur laquelle je suis est plutôt molle et réchauffante, ce qui me donne envie de rester allongée dessus, mais la réalité me revient doucement au visage et les souvenirs de ces derniers jours me réveillent pour de bon. Soudain, je comprends et mon visage vire au rouge. Cette surface sur laquelle je suis allongée, c'est le corps du roi et cette masse qui m'écrase est son bras. Doucement, j'essaye de remonter mon visage et de l'observer. Il dort encore et je ne peux pas m'empêcher de le regarder. Son visage a l'air apaisé et sa bouche est légèrement entrouverte. C'était donc ça la petite source d'air chaud qui me caresser la joue. 

Toujours bloquée dans ses bras, j'essaye de me dégager petit à petit. Il est déjà tard, au vu des rayons de soleil qui pénètre dans la pièce. Il ne faut pas que l'on nous surprenne ainsi, sinon je serais pendue, alors j'utilise toutes mes forces pour me décoller de lui - à contrecœur, je dois bien l'avouer - et repartir faire mes activités de servantes, pourtant, sa prise se resserre et je me retrouve de nouveau bloquée dans ses bras musclés. Soudain, je gigote de rire quand je me rends compte que je suis définitivement bloquée par son corps. Mes secousses font réagir le roi, qui se dandine sur place et vient m'écraser de plus belle. Cette fois, je n'y tiens plus et éclate de rire. Entre deux rires, j'entends le roi ronfler et aspirer un filet de bave. 

Cette situation me fait deux fois plus rire, quand bizarrement, je sens un liquide couler sur le haut de ma tête et finir sa course sur mon nez. Dans un cri de terreur, j'essaye de me débattre, mais le roi, qui continue de ronfler, se met à grogner. 

 - " Praliiiiine ! Arrête de bouger ! Je veux dormir encore ! " 

Non mais je rêve. Il me bave littéralement dessus et en plus, il me crie dessus. Pourtant, une chose m'interpelle plus qu'autre chose. Comment se peut-il que sa voix change autant au réveil ? Je dois avouer que ça m'a cloué sur place. Sa voix, qui d'habitude est rauque, s'est mélangée à un espèce de brouillement, ce qui la rend encore plus attirante et désirable. Mon cœur se remet violemment à battre dans ma poitrine, quand enfin, je me rends compte de tout ce qu'il se passe. Je suis allongée, dans les bras du roi, alors qu'on vient de passer la nuit ensemble, collé l'un à l'autre. J'ai consolé le roi et lui, s'est ouvert à moi et m'a fait confiance. Je n'ose plus bouger et me contente de caresser son torse avec mes mains. Son souffle s'est apaisé et suit un rythme régulier, signe qu'il s'est rendormi. 

Dans un élan de courage et de tristesse, je m'élance pour me dégager de ses bras. Surprit, le roi se réveille et me libère de son emprise. Embarrassée, je baisse la tête et bafouille quelques excuses. 

- " Ne t'excuse pas, Praline. Je n'aurais pas dû te prendre dans mes bras comme cela. Ce n'est pas respectable de ma part et tu as raison, il faut que tu ailles t'occuper des préparatifs du château. Vas-y, personne ne doit nous voir ainsi. " 

Je sais que c'est ma triste réalité, pourtant, j'aurais espéré qu'il ne me dise pas cela et qu'il continue de me serrer dans ses bras. Il remarque ma déception et il finit par se rapprocher de nouveau et me prendre dans ses bras. Il approche sa bouche de mon oreille et vient m'y chuchoter quelques mots. 

- " Ne sois pas triste, Cacahuète. J'ai aimé dormir et passer du temps à tes côtés. Mais aujourd'hui, il faut que je règle toute cette histoire. " 

Égoïstement, j'avais oublié cette histoire. Je ferme les yeux et me laisse cajoler par ses caresses. En silence, je me redresse, tout en accordant un triste sourire au roi. Bien que je sois triste de le quitter, c'est la situation avec Mirela qui me chamboule le plus. Le roi me regarde toujours avec une telle tendresse, mais aussi avec beaucoup de tristesse.