Chapitre 93 - Matthias

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Les dernières heures continuent de jouer dans ma tête. Je ne sais pas vraiment comment réagir à tout ça. Depuis ces trois dernières heures, je ne me suis toujours pas réveillé de ce rêve et je commence sérieusement à me demander si tout était réel. Si j'ai réellement vu la femme que j'aime, ou si je l'ai réellement embrassé devant toute sa famille.

Depuis qu'elle a disparu entre les couloirs, je ne l'ai pas revu. Je ne sais pas si tout cela était un mirage monté de toutes pièces par mon cerveau. Je n'ai pas eu de nouvelles d'elle, ni même de ma petite sœur. Mirela n'est toujours pas venu me voir pour m'expliquer, mais mon intuition me dit qu'elle est partie dormir. Je n'aurais certainement aucune réponse avant le matin.

Le feu de la cheminée continue de faire danser ses flammes et les reflets orangés se projettent partout dans la pièce. Chaque livre entreposé dans ses murs brille autour de l'astre. Les fenêtres de la bibliothèque donnent vue sur les montagnes enneigées d'Éronde. J'ai ressenti le besoin de venir dans cette pièce. C'est dans cette pièce que la cheminée est la plus grande. Ironique, quand on sait que les tous les murs qui l'entourent sont constitués de papiers et de bois. Le risque d'incendie est énorme, mais je ne peux m'y résoudre. C'est dans cette pièce que mon cœur a choisi de m'emmener.

J'observe les flammes qui dansent, sans pouvoir m'arrêter. C'est fou à quel point ce moment est paisible. Je ne ressens aucune tristesse en moi.

- " Matthias ? "

Je me détourne de ma contemplation pour découvrir la petite femme qui se tient à l'embrasure de la porte. Mon cœur se met instantanément à battre.

- " Je croyais que tu dormais. "

- " Non... Je voulais te voir. Je t'ai cherché partout. "

Je m'approche d'elle et heureusement pour moi, elle ne recule pas. Au contraire, elle fait plusieurs pas dans ma direction. Alors qu'il ne nous reste que quelques centimètres à combler, elle s'arrête et pose sur moi, un regard remplie de tendresse et de doute. De quoi a-t-elle peur ? A-t-elle peur, comme moi, que ce rêve s'arrête ?

D'une main, je cherche à toucher sa peau. Sa joue est d'une douceur incroyable et elle se laisse bercer par mes caresses. Elle finit tout de même par combler la distance qui nous sépare et se cale contre moi. Je ne prends pas la peine d'attendre encore plus longtemps et la bloque contre moi. Je veux l'empêcher de respirer, si ça peut me permettre de la garder contre moi pour toujours.

- " Tu m'as tellement manqué, Matthias. "

Je resserre ma prise. Je ne veux pas qu'elle parle. Je veux juste profiter de sa présence.

Je sens mes larmes sur le point de se déverser sur mes joues, mais je me force pour que ça n'arrive pas. Elle ne doit pas voir à quel point je suis faible.

Praline se redresse et m'accorde un petit sourire timide. Impatient, je me jette sur ses lèvres et fait jouer ma bouche sur la sienne. Elle répond de nouveau à mon baiser, pour mon plus grand plaisir et se laisse porter dans cette danse enflammée. C'est moi qui mène le pas. Je sens encore que ces gestes sont timides et maladroits, mais je lui laisse le temps de se découvrir et d'apprendre. Mon besoin d'avoir plus se fait grandissant, mais j'essaye de le repousser, pour ne pas l'effrayer. J'imagine sans peine qu'elle n'a jamais été touchée par un homme, comme je le fais. Je ne dirais pas non à plus, mais je veux prendre tout mon temps avec elle. J'ai encore bien des années pour la découvrir.

Subitement, sa langue se fraie un passage entre mes lèvres et je ricane face à son audace. Je sens qu'elle sourit contre mes lèvres, mais j'accepte volontiers sa langue. J'aime quand elle se montre audacieuse avec moi. Elle n'a pas peur. Je le sais. Je le sens.

Sa Majesté d'Éronde [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant