Chapitre 63 - Matthias

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- " Ça ne sert à rien de courir, Matthias ! Je vais t'attraper et tu vas souffrir ! "

J'entends sa voix au loin. Il faut dire que je suis vraiment plus rapide qu'elle. Ses petites jambes peinent à suivre mes pas. J'ai largement le temps de me cacher dans la bibliothèque que j'entends la porte s'ouvrir. Un râle de fatigue fait écho dans la pièce et je dois me pincer pour ne pas éclater de rire. 

- " Ma... Thias... Je... te... jure que... arghh. Je vais te tuer. " 

Malgré ma volonté de fer, un petit rire s'échappe de ma bouche. Je plaque ma main sur celle-ci, mais c'est trop tard, elle m'a trouvé. 

Elle me regarde droit dans le blanc des yeux et se jette sur moi, me bousculant sur le sol. Ma tête frappe un peu la surface chaude. 

- " Aïe. "

- " Oups, désolée. " 

Elle continue de me regarder et me fait un petit bisou sur la joue. Ça me rappelle le comportement de ma mère, quand je me blessais. Elle m'embrassait toujours sur la joue, pour que le pouvoir du bisou se repende dans tout mon corps et aille soigner ma blessure. Ça me faisait toujours rire et j'oubliais vite la douleur. Dans cette circonstance, je rigole face à son geste affectueux. 

Son regard se transforme et elle reprend son sérieux. 

- " Matthias ? Que vas-tu faire d'Élizabeth ? "

- " Je ne sais pas encore, Trésor. " 

On se redresse, mais on reste toujours assis. Je souffle longtemps et me gratte le haut du crâne. 

- " Est-ce que tu crois qu'elle va se venger, comme elle l'a dit ? " 

- " Aucune idée. Je dois m'attendre à tout venant d'elle. Mais ne t'inquiète pas. Je vais te protéger. "

- " Je ne suis pas inquiète pour moi, Matthias. Je le suis pour Praline... " 

- " Comment ça ? " 

- " Elle ne s'est même pas encore remise de ses blessures. J'ai peur qu'elle s'en prenne à elle alors qu'elle ne puisse pas se défendre. " 

- " Ne t'inquiète pas. J'ai fait en sorte qu'il y ai toujours quelqu'un qui la surveille. "

- " Mmh. Je ne suis pas sûre que ça suffira. Il faudrait qu'il y ait quelque chose d'autre qui la bloque d'Élizabeth. "

- " À quoi penses-tu ? " 

- " Je ne sais pas. Toi, moi, Maria et les domestiques, ce n'est pas assez suffisant. Il faut trouver autre chose. " 

- " Quelque chose... ? Ou quelqu'un ! " 

Je me révèle soudainement et accours vers les portes. Mirela court après moi en me demandant ce que je compte faire. Je ne sais pas si ce plan va marcher, mais peut-être que ça motivera Praline. 

- " Matthias, mais explique-moi ! " 

- " Patience, Mirèl ! " 

Mon cœur bat à la chamade. J'ai grand espoir que ça marche. Il le faut. 

J'arrive enfin vers l'endroit que je recherche. Arrivé à mon bureau, je sors un grand papier et une plume et je commence à écrire. 

" Monsieur, madame.

        Par la présente, je vous informe que je, roi Matthias d'Éronde, vous convie à séjourner au château pour une durée indéterminée. La présence de votre famille est requise dès aujourd'hui. Le motif de ce séjour est à déterminer auprès de Sa Majesté. 

        Je vous encourage à faire vos bagages le plus vite possible et de rejoindre la famille royale, sans attendre. Nous ne souhaitons pas faire ébruiter la rumeur de votre venue, alors je vous prierais de faire le moins de bruits possibles et de suivre les indications de mon messager. 

En vous remerciant, 

Matthias Stenert, roi d'Éronde. "

C'est un message court, mais qui j'espère fera réagir les personnes concernées. J'appose mon sceau et range la lettre dans ma poche. Je me redresse et remarque que Mirela est toujours là, derrière moi. La pauvre, elle ne doit certainement pas comprendre tout ce remue-méninges. 

D'un pas sûr, je la détourne et pars en direction d'un garde, le premier que je croise. 

Comme je l'avais prévu, j'en trouve deux, surveillant l'entrée de la salle du trône. 

- " Garde ! " 

Quand ils entendent ma voix, les gardes se tournent vers moi. Je m'approche d'un deux et il me regarde, interloqué.

- " J'ai besoin que tu me rendes un service. Demain, à l'aube, je veux que tu ailles au village et que tu retrouves quelqu'un. "

Le garde m'écoute religieusement. Il faut que ça marche. Tout est entre les mains de ce garde. 

- " Je ne sais pas où ils habitent, alors tu dois fouiller. Tu dois les ramener au château. Reste discret, il ne faut que le peuple entier soit au courant. Ne te mets pas en habit de garde. On te donnera des vêtements civils et tu iras demain. Je vais te donner cette lettre. Je veux qu'ils le lisent et que tout de suite après, tu les amènes ici, discrètement. Attention, ne te fais pas repérer. Compris ? " 

Le garde hoche la tête et me regarde, les yeux brillants. Je compte sur lui et il le sait. Il ne faut pas qu'il me déçoive. Mon cœur continue de battre la chamade. J'ai repris tellement espoir en la vie. 

Derrière moi, Mirela s'approche et me prend le bras. 

- " Tu es sûr que ça va marcher ? " 

Il semblerait qu'elle ait compris plus vite que prévu. 

- " Je ne sais pas, mais je vais essayer au moins. " 

- " Et s'ils refusent de venir ? Et s'ils ne croyaient pas à cette invitation ? " 

- " Et bien, j'irai les chercher moi-même. " 

Mirela me sourit et me prend dans ses bras. Je sais qu'elle doute aussi, mais il ne faut pas que je baisse les bras. C'est peut-être la solution à tous les problèmes de Praline. 

Le soleil ne va pas tarder à ce coucher. L'hiver s'est bel et bien installé, même s'il ne neige pas encore et les nuits tombent vite. 

Dans mon dernier élan de courage, j'ordonne à tous les domestiques de se bouger et de nettoyer en profondeur le château. Ce n'est pas n'importe qui, qui vient ici. C'est la famille de Praline. 



Petite avancée pour Matt ! :)

Luv, 

May. 


Sa Majesté d'Éronde [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant