18 juin 1940, Saint Nazaire de Ladarez, Hérault, Languedoc-Roussillon, France.
Je ne pensais pas dire ça mais... mon meilleur ami Vittorio me manque malgré sa traîtrise envers le pays. Il a réussi à repartir dans sa ville natale à Naples en Italie, pour échapper à l'Occupation des allemands.
Depuis quelques jours, la France est rattachée une humiliation, à une trace indélébile de honte et d'infamie. Pétain, le maréchal, le héros de la Bataille de Verdun, celui qu'on considérait tous comme un allié face à la menace allemande est en réalité un traître. Philippe Pétain a demandé l'armistice à Adolf Hitler et l'a annoncé au peuple avec une phrase bien fausse.
《 C'est le cœur serré que je vous dis qu'il faut tenter de cesser le combat. 》
C'est faux ! Cet homme, le Président du Conseil, du gouvernement de Vichy, celui qui a obtenu tous les pouvoirs n'est en réalité qu'un imposteur !!!
Depuis le 14 juin, les troupes nazies ont pénétré Paris sans aucune riposte, et quelques jours après l'armistice est signée. Les Allemands ont gagné sans même se faire saigner à blanc... c'est déplorable. Je ne comprends pas comment les Boches font pour avoir quasiment toute l'Europe à leur service. Ce sont des êtres affreux et abominables.《 Eve que fais-tu ?? demande Papi, me coupant de mes pensées.
- Je rêvasse.
- Comme d'habitude !
- Tu veux quelque chose Papi ??
- J'ai les cheveux en bataille ma chérie tu peux venir me donner le peigne ?
- Bien sûr. 》J'ai donné le peigne à mon grand-père et suis repartie me préparer pour aller chercher le pain à la boulangerie.
Je sais que Papi est déboussolé de voir son pays ainsi, de plus en plus asservi face à l'Allemagne mais il ne le montre plus, je sais qu'il a peur que je plonge à mon tour dans l'anti germanisme, ce qui est déjà le cas.Je me suis vêtue d'une robe légère à motif et dressée mes cheveux en une couette au milieu du crâne. Ça fera l'affaire.
《 Papi ! Je vais chercher le pain.
- D'accord. Prends moi une baguette façon paysanne s'il te plaît.
- Bien reçu. 》J'ai dévalé les escaliers à vive allure, retenant ma robe se transformant en ballon de montgolfière.
《 Eve !! Attends moi.
- Maxence ? Tu dois pas couper cet après-midi ?
- Je viens voir si tu digères le fait que tu sois seule avec Léon.
- Oh, ne t'inquiètes pas ça va. 》Maxence est resté face à moi, comme si il attendait que je fasse quelque chose. Je reconnais que je le trouve vraiment attirant, beaucoup plus qu'avant.
Mon ami est vêtu d'un jean légèrement sali par la terre, avec un tee shirt gris et une grosse veste polaire rouge bordeau. Ses cheveux bruns acajou sont rabattus en arrières et ses yeux... ses yeux marrons sablés ne m'ont jamais paru aussi brillant. Tout comme ses lèvres ne m'ont jamais paru aussi suaves.《 Je dois y aller Maxence.
- D'accord, tu veux que je vienne manger ce soir ? Ma mère prépare un bœuf bourguignon.
- Oh oui ce serait sympathique en effet, ai-je acquiescé en m'enfuyant presque en courant. 》J'ai trottiné jusqu'à la boulangerie à l'autre bout de là où j'habite, pour essayer de m'enlever les pensées obscènes entre Maxence et moi. Je le peux pas éprouver la moindre attirance envers lui, il a 6 ans de plus que moi ! Je vois bien que depuis quelques temps, lui aussi c'est différent. Mais pourquoi ?
J'y suis.
《 Bonjour !
- Bonjour Eve, tu vas bien ? me salue la boulangère.
- Très bien et vous ?
- On fait aller, les récoltes de blés sont plus abondantes depuis certains temps mais ça va pas durer. Que veux-tu du coup ?
- Une baguette de pain façon paysanne, une flûte ainsi que deux croissants.
- 2 francs s'il te plaît.
- Et voilà, merci bonne journée ! 》J'ai pris le grand sac en carton et je suis sortie sous l'air très chaud de ce milieu du mois de juin.
Une affiche, une affiche bleue blanche et rouge, une nouvelle affiche attira mon attention. Je l'ai lu attentivement.Ouah... c'est magnifique ! C'est tellement beau d'avoir une source d'espoir à laquelle se raccrocher, De Gaulle sera notre Libérateur je n'en doute pas. Je ferai partie de ces gens qui aideront la France à retrouver son libre arbitre. Il reste plus qu'à espérer que les français arrivent à entendre le message de Charles De Gaulle. Il faut que mes compatriotes soient loyaux à notre pays, notre beau pays qui mérite de vivre librement.
Aucune nation ne mérite de vivre sous le joug d'Hitler, cet homme de Braunau a rendu fou l'Allemagne. Ce peuple, qui se disait civilisé est devenu fou, ils sont tous devenus des monstres avares.Je suis réjouie, mon espoir d'une France indépendante ne va pas mourir d'ici tôt. Je ferai partie de ces personnes qui ont entendu le message du général De Gaulle, et qui le transmettrai aux autres. J'ai à nouveau toqué à la porte vitrée de la boulangerie.
《 Oui Eve ??
- Est-ce qu'il vous reste des exemplaires du message du général De Gaulle ??
- Oui bien sûr pourquoi donc ??
- J'aimerais en avoir quelques uns, pour les afficher dans le village. Au bar des Dubois par exemple et à côté de la mairie.
- Bien entendu ! s'exclame-t-elle. Cela fait du bien de voir des jeunes attachés à la France !! 》Elle m'a rapidement sorti une dizaine de feuillles, accrochée avec un large élastique.
《 Tiens Eve.
- Merci beaucoup.
- Dis moi ma petite, je te vois souvent maintenant avec Maxence Dubois, c'est ton nouveau tuteur depuis que tes parents sont plus là ? souligne-t-elle.》J'avais oublié à quel point les nouvelles vont vite dans un petit village comme Saint Nazaire de Ladarez... J'ai répondu à la boulangère que Maxence n'est pas du tout mon tuteur légal, je m'occupe de moi-même et Papi seule mais je sais qu'il sera toujours là si besoin est.
Je suis sortie avec mon paquet en main, je vais maintenant me rendre à la mairie pour demander la permission au Maire du village de placarder les affiches dans des endroits stratégiques pour qu'un maximum de personnes le voit.Une heure plus tard. Aux tintements de 13h.
Après une moulte de négociations avec les conseillers et adjoints du maire j'ai eu mon autorisation ! Ils m'ont donné du Scotch et une agrafeuse pour faire mon objectif.《 Eve ? 》
Qui est-ce qui m'appelle encore ??
Je me suis retournée d'un geste brusque. Ce n'est que Maxence. J'ai soupiré pour enlever ce surplus de nerfs accumulé après m'être contrôlée des événements des derniers mois.
《 Maxence ! Tu as fini de couper le bois ?
- Oui, toi aussi tu es tombé sur le message du Général ??
- Oui, n'est-ce pas fabuleux ?
- Si, c'est un message d'espoir pour la France.
- Ça on est d'accord, ai-je acquiescé en reculant de lui.
- Tu veux un coup de main ? J'en ai déjà affiché quelques uns à Béziers.
- Oh, j'avoue qu'un coup de main ne serait pas de refus. Tiens, lui ai-je tendu le rouleau de Scotch. 》C'est alors qu'il a saisi en me noyant dans ses yeux. Je suis restée statique, surprise par l'effet que me produit Maxence depuis peu.
Mais j'ai aussi compris autre chose.
Avec mon ami d'enfance, nous ne faisons pas qu'accrocher des affiches d'un message patriote du général De Gaulle. Nous participons à la libération de la France. Sans même le voir clairement, nous nous sommes tous les deux engagés à résister contre le IIIème Reich. Vivre libre ou mourir.
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Programmés pour tuer
Historical FictionDès ses 15 ans, Hans Leyers, jeune allemand des pauvres banlieues berlinoises s'engage dans la SS avec le général plénipotentiaire Strauss-Kahn, homme dur mais d'une justesse infaillible. Tout oppose les deux personnages, de la mentalité jusqu'au p...