5 juillet 1943, Saint Nazaire de Ladarez, Hérault, Languedoc-Roussillon, France.
Il y a peu de temps, le 1er juillet, des camions ambulanciers sont arrivés au village. Des camions d'infirmières allemandes bien entendu, ce sont des femmes qui ont voulu revenir de Paris pour un train de vie un peu plus tranquille, ce que je les comprends. La campagne c'est vrai que c'est plaisant, il n'y a jamais trop de boucan, surtout depuis que mon mentor a démantelé le réseau de Résistance Roboris en faisant partir le fameux fourgon noir.
En ce moment, je ne sais pas pourquoi mais je trouve que tout va bien dans ma vie et celle de Marinus, du moins de ce que je sais de sa vie. Cet homme est un mystère à lui seul. J'aimerais des fois me confier à lui, qu'il se confie à moi comme de bons amis le feraient... enfin il est qui il est, je ne le changerai pas pour tout l'or du monde. C'est sans l'ombre d'un doute l'homme que je respecte le plus, le grand général plénipotentiaire du village possède une importance à mes yeux qu'il ne se doute pas. Cet homme dur est le seul modèle que j'ai eu, la seule figure paternelle que j'aurais.
Il y a Eve Dechambord. Cette femme est surprenante, pleine de surprise chaque jours, chaque baiser, contact, sourire, me surprend de l'effet qu'il me produit.
Je ne savais pas, si je peux être honnête, je ne savais pas ce qu'était l'amour.
A l'époque, pour moi ce n'était qu'une passe de la vie, une passe dévouée à une seule et même personne, une passe éphémère. Je ne savais pas, Frietz Leyers et ma pauvre mère ne nous ont jamais montré le bon exemple.
C'est là qu'Eve est arrivée, la première femme de ma vie. Au départ, j'étais là pour l'espionner mais petit à petit je me suis fait prendre à mon propre jeu. Je l'observais chouchouter Léon, faire la cuisine, me sourire avec politesse alors que j'ai débarqué chez elle sans qu'elle ne le demande.
Tout doucement, nous avons vraiment commencé à parler comme de bons amis, je lui racontais mes journées à la Kommandantur avec Marinus, je la questionnais sur ce qu'elle avait fait le même jour. Je n'ai pas eu le coup de foudre pour cette femme, tout s'est tissé petit à petit sans qu'on ne le voit.***
Je suis seul chez les Dechambord depuis le matin très tôt, Eve est allée rendre visite à Anne Dubois pour son anniversaire. La mère de mon ennemi, que j'arriverai à tuer de mes propres mains fête ses 52 ans.
Il m'arrive quelques fois de repenser à Maxence, ce vulgaire Résistant de pacotille. La façon dont il a osé me poignarder par surprise, son regard dans le mien, je ne l'oublierai jamais. J'espère qu'il souffre, peu importe où il soit, qu'il souffre comme il m'a humilié. Qu'il souffre comme il a fait souffert mes congénères sur la Route de Béziers et dans les autres accidents. J'ai mis du temps à recoller les morceaux de cet accident et de tous les autres qui ont suivi, mais ce ne peut qu'être Maxence coupable d'un tel affront.
Marinus aimerait lui aussi que ce vaurien soit à Lyon, il subirait les foudres de Klaus Barbie l'officier de police. Ce misérable ferait moins le malin face à lui. Cette haine que je nourris à son égard ne sera jamais calmée tant que je n'aurais pas une vengeance, une vengeance personnelle que je fournirai de mes propres mains dans l'obscurité nocturne.《 Monsieur Leyers !!! 》
Est-ce bien Léon qui m'appelle ? Il doit avoir un problème pour m'appeler de la sorte, il me déteste lui aussi.
Sans me faire prier, j'ai posé mon stylo et mon calepin pour monter voir le grand-père.
J'ai toqué puis j'ai pénétré dans l'antre de la seule famille d'Eve. Il me regarde, lui aussi coiffé de deux grandes prunelles bleues. Je ne sais pas trop comment je dois interpréter son regard, c'était le regard que me lançait Grand-père Otto lorsqu'il allait se lancer dans d'interminables monologues.《 Vous allez bien Monsieur Dechambord ??
- Magnifiquement bien.
- Je peux vous aider peut-être alors ? ai-je insisté, ne sachant vraiment pas pour quelles raisons je suis là.
- Prenez une chaise, Installez vous à côté de moi.
- Euh, oui d'accord, ai-je répondu soudainement perplexe. 》
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Programmés pour tuer
Tarihi KurguDès ses 15 ans, Hans Leyers, jeune allemand des pauvres banlieues berlinoises s'engage dans la SS avec le général plénipotentiaire Strauss-Kahn, homme dur mais d'une justesse infaillible. Tout oppose les deux personnages, de la mentalité jusqu'au p...