Nouveau venu ( Maxence )

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23 décembre 1942, Saint Nazaire de Ladarez, Hérault, Languedoc-Roussillon, France.

Les villageois commencent à décorer leur maison pour les fêtes de fin d'année. Saint Nazaire de Ladarez est de suite bien plus gai qu'avant, le soir, les rues s'illuminent et nous avons l'impression d'être en Laponie. Je reconnais que les fêtes de fin d'année n'ont pas le même goût depuis que ces enfoirés de Boches sont ici, ils éprouvent une grande réticence quant à fêter Noël. Mais ils peuvent enlever ce qu'ils veulent, les nazis ne pourront jamais enlever la foi de quelqu'un. Comme on pourra jamais enlever la leur. Ils sont farouchement loyaux à Hitler, c'est leur Dieu on ne peut pas en douter. Un allemand restera toujours un allemand. Cela va de soit.

Aujourd'hui, j'ai quelques jours de repos, jusqu'au 27 décembre. J'aime énormément fêter Noël avec mes parents, ce n'est pas les hordes SS qui m'enlèveront ça. Mais cette année, nous irons fêter la naissance de Jésus avec Eve et son grand-père Léon. Je pense qu'aucun français digne de ce nom mérite d'être seul pendant les plus belles fêtes de l'année. Ma mère cuisinera de la salade composée, je l'aiderai pour faire cuire le chapon ainsi que les patates vapeurs et les haricots verts. Ma famille a beaucoup de chance, vu que nous avons un bat restaurant fréquentés par les nazis, ces connards nous autorisent à avoir plus de rations que les autres. Sinon, ils laissent tout le monde se débrouiller avec ce qu'ils ont. Ces Boches me dégoûtent.
Ce qui me dégoûte encore plus, ce sont ces femmes françaises, ces femmes avec qui j'ai joué étant petit, ces mêmes femmes qui m'offraient des sucreries... Ces femmes entretiennent des relations avec l'Ennemi de leur plein gré c'est ça le pire !! Comment peuvent-elles ?

《 Maxence ??
- Oui Maman ?
- Sors-tu avec Eve aujourd'hui ?
- Non Maman. Mais je sors faire un footing tout seul.
- Fais attention à toi mon chéri. 》

J'ai souri en embrassant tendrement le front de ma mère sous les regards moqueurs des nazis, mais je m'en fous. Je suis sorti dans le village, sous les premiers flocons de neige. J'ai besoin d'air, pas l'air encombré d'allemands. L'air frais et pur de la forêt, le même air reposant que l'on respirait avant que les allemands soient là.

《 Ben alors Dubois tu restes pas dans les jupons à Maman ? ricane un Boche avec un verre de cognac à la main. 》

Retiens toi Maxence... pas en public !!!

J'ai fait le sourd et j'ai continué ma route. Je ne les supporte pas c'est physique. Nous sommes les opposés, les opposés s'attirent et s'enflamment. C'en a toujours été ainsi avec l'Allemagne, pire encore depuis que cet homme, Adolf Hitler a réussi à prendre le pouvoir au Reichstag.

J'ai soupiré en me faisant arrêté par un SS plus jeune que moi.

《 Papiers s'il vous plaît Monsieur.
- Tenez. 》

J'ai attendu qu'il fouille, voyant que je n'ai rien à me reprocher.

《 Dites moi, quel est votre prénom ? 》

Ma question l'a surpris, ses yeux verts se sont posés sur moi avec dédain, comme si je n'étais pas digne de recevoir sa réponse.

《 Je suis Hans Leyers.
- D'accord.
- Pourquoi cette question ?
- On sait jamais, peut-être pourrait-on devenir ami un jour ! ai-je ri d'un ton ironique. 》

Il est resté droit face à moi, le regard meurtrier, impassible, pas un moindre geste trahi ses émotions.
D'un ton de voix amical, je dis à ce Hans que je rentrerai avant le couvre feu et je m'en vais en trottinant vers la Rue de Béziers.
J'avoue être resté surpris face au sérieux de ce type, sa façon d'être, sa façon de marcher, son regard, ses paroles françaises avec un accent allemand terrible, son corps tendu comme un arc... si je suis ami avec cet homme, je pourrai mieux éliminer un autre nazi en Europe.

Programmés pour tuerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant