10 janvier 1944, Saint Nazaire de Ladarez, Hérault, Languedoc-Roussillon, France.
Il y a peu, Eve et Marinus, comme s'ils étaient les meilleurs amis du monde, ils m'ont prévenu de tour ce qu'il se tramait dans les hautes sphères du Reich Allemand. Je le savais qu'un jour où l'autre, nous serions confrontés à cette dure réalité. Notre amour, aussi intense que sincère, il n'y a aucune chance pour qu'il s'en sorte. Il finira mal, c'est une certitude. Mais pour être franc... je ne pensais pas que l'épée de Damoclès me pointerait aussi tôt. Je ne voulais pas avoir de choix à faire, entre la vie et mon histoire avec Eve. Je me suis tellement attaché à elle que même sous la torture je l'aimerai. Je le sais au fond de moi.
Je me suis trop appuyé sur le statut de Marinus et ma relation avec lui, il m'a promis de nous protéger face à tout le Reichstag s'il le devait, et il l'a fait j'en suis persuadé. Le général Strauss-Kahn est un homme de parole qui ne faillit jamais à ses promesses. Le destin nous a rattrapé tellement vite... alors on profite. Nous ne pouvons faire que ça, profiter de chaque instant en espérant que l'ultime moment soit lointain, que ce ne soit jamais demain.
J'essaie de faire comme si cette situation ne m'affecte pas, je joue l'Oberfürher Leyers imperturbable et insensible quand je travaille, mais quand je suis dans ses bras... Je peux me lâcher, je peux être moi-même, déballer toutes mes émotions que je ne peux plus contenir, profiter de chaque parcelle d'Eve. Je veux rester auprès d'elle oui, j'ai une peur bleue de partir sur le front de l'Est comme mon pauvre grand frère et le fils de Marinus qui y est encore. Je ne suis pas quelqu'un de fort, du moins pas assez fort pour me battre, voir les dures réalités de la guerre. Je ne survivrai jamais à cette partie là du conflit international.
Je travaille actuellement sur des documents très privées du Fürher lui-même, je signe, je lis, j'écris, j'appelle, je ne m'arrête jamais. Je suis exténué je l'avoue, entendre parler sans arrêt du meurtre de masse, du racisme, des massacres incessants sur les lignes de front... Peut-être que je me plains trop, certains diraient que je fais partie des privilégiés, à être sans arrêt enfermé dans des bureaux, que je ne fais rien de mes journées, que je les passe à boire et à fumer... Je n'en sais rien.
《 Oberfürher Leyers ?
- Quoi ?! J'ai demandé à ne pas être dérangé.
- C'est le Capitaine Jäger. J'ai à vous parler.
- Entrez. 》Je ne le supporte pas ce type, il incarne tout le côté putride et négatif de l'homme, Emmrich n'est pas digne d'avoir tous les privilèges et la nationalité allemande. Je le déteste encore plus depuis que Marinus m'a dit que c'était à cause de lui que le Reichsfürher SS a des doutes quant à ma loyauté à l'empire.
Il est rentré, s'est installé sur la chaise tel un éléphant, sirotant son whisky avec une cigarette à la bouche. Je l'ai regardé d'un mauvais œil, il sait qu'avec mon asthme très irrégulier je ne supporte pas d'absorber la fumée des autres. Même si je fume de temps en temps, c'est mon propre plaisir à moi.《 Jette ta cigarette Jäger s'il te plaît.
- Oh fais pas ta prude ! Tu as un problème de santé ou quoi ?
- J'ai dit tu vas jeter ta cigarette !!! 》J'ai haussé le ton tellement fort que même Jäger en est resté interdit, les yeux écarquillés sur son fauteuil. Assez satisfait de ma soudaine piquée d'autorité, j'ai souri en le regardant écraser la cigarette à la fenêtre de mon bureau. Je le déteste à un point où je ne savais même pas que c'était possible humainement parlant. Emmrich a fait mine de ne pas avoir été vexé par sa soumission, et a enclenché le sujet de conversation sensible.
《 Alors Oberfürher Leyers, tu as quitté ta catin de française ?
- C'est loin d'être une catin mon cher, ouvre les yeux.
- Ouvrir les yeux sur quoi imbécile ?
- Ouvre les yeux sur quel genre d'hommes que tu es. Il faut que tu te rendes compte de l'évidence. Le nom d'Emmrich Jäger ne raisonnera jamais comme une identité importante et légendaire. Tu es qu'un Capitaine, un capitaine dépravé de la société, qui ne sait rien faire d'autres à part se faire paraître grand en se mêlant de la vie des autres. Tu n'es pas digne de ton statut.
- Comment oses-tu ?!
- Pour faire court, jamais tes petites dénonciations auprès de Marinus me feront peur je préfère te le dire. Ce n'est pas toi qui va m'empêcher de faire ce que je veux. 》
VOUS LISEZ
Programmés pour tuer
Ficción históricaDès ses 15 ans, Hans Leyers, jeune allemand des pauvres banlieues berlinoises s'engage dans la SS avec le général plénipotentiaire Strauss-Kahn, homme dur mais d'une justesse infaillible. Tout oppose les deux personnages, de la mentalité jusqu'au p...