28 janvier 1944, Saint Nazaire de Ladarez, Hérault, Languedoc-Roussillon, France.
Il y a seulement quelques jours, j'ai eu l'impression de recevoir un coup de couteau en plein cœur. Un lourd couteau dentelé, à la lame épaisse et aiguisée, remuant tout doucement mon âme et mes émotions que j'ai pu ressentir jusque là.
Hans va partir, il me l'a révélé avec une grosse boule lui serrant la gorge, je ne l'avais jamais vu ainsi, aussi bouleversé. Je me rappellerai toute ma vie de ses trois derniers mots << Je te reviendrai >>, il doit partir je ne sais où avec Marinus Strauss-Kahn. Ce n'est pas le fait qu'il parte avec son mentor qui blesse le plus, je sais qu'il est entre de bonnes mains, mais c'est plutôt le fait que je ne sais rien du tout de la fameuse mission secrète. Je ne sais pas où il va, pourquoi faire, le temps que ça prendra... J'ai terriblement peur, je ne peux pas me le nier. J'ai peur que cet Oberfürher que j'aime ne revienne jamais oui, j'ai peur qu'il meure là-bas, j'ai peur de me retrouver sans lui face à la dure réalité d'un village meurtri par la guerre.Je le reconnais, je ne sais plus ce qu'était ma vie sans lui, je ne sais plus comment est-ce que je vivais seule me débrouillant très bien. C'est peut-être car je n'ai jamais eu à être seule face au monde... J'ai toujours eu une épaule sur laquelle m'appuyer, mon grand-père, ma mère, mes sœurs, Maxence, sa mère et plus que quiconque, Hans.
Je l'aime plus que je me pensais capable d'aimer, je voudrai tellement qu'il reste surtout depuis que mon meilleur ami m'a annoncé la traîtrise de mon père...
Je n'en reviens pas que mon père, mon second héros d'enfance, celui que je considérais comme le plus fort, est en réalité celui qui pactise avec le Diable. Il fait partie de toute cette organisation meurtrière, il approuve toutes ces idées racistes et injustes... Il ne vaut pas mieux qu'eux, je ne peux plus le considérer comme mon géniteur.J'aimerais tellement que toute cette horreur finisse, que la force de la liberté démocratique écrase une dictature respectée et approuvée. Certaines fois, je me sens terriblement seule, en tant que française je veux dire... Plus personne ne se bat pour sa propre vie, ils se laissent tout faire face aux brutes nazies comme le Capitaine Jäger, c'est à en croire que ces gens avec qui j'ai grandi ne sont même plus fiers de leur nationalité, à croire qu'ils commencent à se considérer allemand. La mentalité du français a changé, le français ne veut plus avoir son charisme et sa puissance, je suis sûre qu'il est conscient de la détresse dans laquelle il est plongé. Mais pourquoi ne pas se réveiller dans ce cas ? Que Dieu vienne en aide à la France, qu'il donne assez de force aux bons français pour venir se battre à nos côtés !
Je suis en train de coudre comme me l'a appris mon grand-père, confortablement installée sur son fauteuil, perchée comme une vilaine commère à la fenêtre. Je couds des vêtements laineux pour les nouveaux nés et les personnes fragiles, l'hiver 1944 se fait très rude. Il faut se préserver, se préserver à une éventuelle victoire des Alliés, et à la chute progressive du nazisme. J'ai entendu dire par mes sources résistantes que les soldats SS reculent de parts et autres de l'Europe, c'est clairement fabuleux. Peut-être qu'un jour, si tout ça se termine pour de vrai, Maxence pourra revenir là où est sa place avec cette mademoiselle Freya, peut-être pourrions-nous commencer une vie agréable, simple.
J'ai vu passer dans la rue Saint Étienne des soldats qui encadrent le grand général plénipotentiaire du village, Marinus. Oh Seigneur ils montent chez moi, je suis seule, qu'est-ce que je suis censée faire ? Mon cœur s'est durement emballé en entendant des coups puissants s'abattre sur ma petite porte où passe tout le froid.
Je me suis levée, pas sûre du tout de ce que je suis en train de faire.《Bonjour, Fräulein Dechambord c'est ça ? Papiers d'identité s'il vous plaît.
- Laissez la, gronde le général, je sais que c'est Eve pas besoin de papier. Puis-je entrer s'il vous plaît ?
- Oui, oui, vous pouvez. 》
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Programmés pour tuer
Ficción históricaDès ses 15 ans, Hans Leyers, jeune allemand des pauvres banlieues berlinoises s'engage dans la SS avec le général plénipotentiaire Strauss-Kahn, homme dur mais d'une justesse infaillible. Tout oppose les deux personnages, de la mentalité jusqu'au p...