Programmés pour tuer

Fraternité ( Hans )

13 juillet 1944, Reichstag, Berlin, Brandenburg, Allemagne.

Marinus et moi sommes restés des jours entiers à attendre Himmler, nous avons été patients, dix jours à nous faire poiroter cela commence à faire beaucoup il ne faudrait pas exagérer !
Nous avons tous deux logés dans un hôtel luxueux pas très loin de notre lieu de rendez-vous avec le Reichsfürher. Mon mentor est chamboulé de revenir à Berlin en de telles circonstances, et je reconnais que moi aussi. Je ne pensais jamais revenir, mais revenir pour signer mon acte de mort... Ce n'est pas ce que j'imaginais pour être franc.

Dix jours pensant à ce qu'il va advenir d'Eve seule en France, de Marinus, de mes frères et de moi... Seigneur... que vas-tu nous réserver ? Bénis nous pour cette fin de guerre peu importe combien de temps elle dure, nous allons être épuisés à bout, sans avoir la force de se relever. Si seulement... Si seulement les choses étaient différentes... Tout cela est strictement de ma faute. J'ai été qu'un petit égoïste qui n'a pensé qu'à son bonheur.
J'aurais été plus discret, personne n'aurait rien su de mon histoire. Je serai avec Eve à l'heure qu'il est, et Marinus pourrait tisser des liens avec Nikolaus parti sur le Front depuis trop longtemps.

《Leyers ?
- Oui ?
- Tu es perdu dans tes rêveries n'est-ce pas ?
- Oui.
- Bon écoutes. On va devoir y aller. Mais tu ne devras pas venir avec moi face à Himmler. Avant que tu ne t'emporte... C'est parce que c'est trop dangereux Leyers, je m'occupe de tout. Toi tu es là pour rester en vie.
- Alors qu'est-ce que je fais ?
- Va voir Herman. Il est au Reichstag lui aussi avec quelques membres de la jeunesse hitlérienne. 》

Herman... Mon pauvre petit frère, personne n'a été là pour essayer de le sortir de ce système tumultueux, ils l'ont laissé seul.

《Leyers, fais attention quand tu seras face à ton frère. Ne lui dis pas qui tu es devenu, car lui il est toujours le petit jeune farouchement accroché au Grand Reich Allemand. Joue le jeu de l'Oberfürher pour profiter de lui.
- Marinus vous avez pris un air de fatalité en disant ces mots.
- Profite de ta vraie famille, de ton sang c'est ce que je veux dire. Profite simplement.
- D'accord, je vous remercie. 》

Je me suis levé en enfilant mon blouson en cuir, accompagné de Marinus.
L'entretien va bientôt avoir lieux, et je vais devoir offrir une confiance aveugle en les talents de diplomate de mon mentor. Je ne sais pas s'il y arrivera, Himmler est un monstre, vicieux, qui aime faire souffrir les autres, il en jouit. Il en jouira encore plus en voyant le grand général plénipotentiaire Strauss-Kahn arriver vers lui, il se régalera de lui rappeler la mort de sa femme Maria, des tortures infligées pendant des années à Nikolaus et maintenant sur le front de l'Est.

Marinus s'est présenté à la secrétaire.

《Oberstgruppenfürher Strauss-Kahn. Je viens voir le Reichsfürher Himmler.
- D'accord. Vous connaissez le chemin. Et vous jeune monsieur ?
- Oberfürher Leyers. Je viens voir Herman Leyers, on m'a dit qu'il était ici. 》

La jeune femme m'a donné un papier m'indiquant où je dois me rendre.

《Leyers écoute moi. Si à 14h je ne suis pas venu te chercher, envoies Herman amadouer Himmler.
- Faites attention à vous Marinus.
- Ne t'inquiètes pas pour moi. C'est à toi de prendre soin de toi le temps que je te sauve la mise. 》

J'ai serré la main à Marinus, avant que nous nous éloignons dans deux directions opposées.
J'ai marché tranquillement jusqu'au bout du couloir, frappant à la dernière porte à droite.

《Entrez ! 》

Un petit frisson d'appréhension m'a traversé le dos en entendant la voix de mon frère. Je ne me suis pas fait prier, j'ai ouvert, la boule à l'estomac. Il a dû changer en deux années.
Herman est là face à moi, le nez encore plongé dans des papiers. Je l'ai observé en silence, n'osant pas le couper. Il a drôlement grandi, prenant déjà la carrure imposante familiale, Herman a gardé mes yeux verts, et ma chevelure épaisse boisée, mon frère porte un uniforme de SS de première classe.