5 août 1944, Berlin, Brandenburg, Allemagne.
Peut-être que finalement toute cette histoire va bien se terminer. Cela fait plus d'une semaine que nous avons eu Marinus et moi notre entretien avec Himmler. Le Reichsfürher avait l'air décontenancé, mais à la fois ahuri et fou de rage, sauf qu'il aurait déjà frappé s'il voulait vraiment le faire. Pourquoi aurait-il attendu aussi longtemps ? Je garde espoir chaque jours que Marinus m'annonce que nous pouvons rentrer au village, que je serre Eve dans mes bras, que tout redevienne comme avant.
Je ne sais pas si le Seigneur sera de notre côté, mais j'ai l'impression que la boucle va bientôt être bouclée. Après de mois d'appréhension, d'angoisse, de colère, de solitude, de combat acharné pour pouvoir vivre, Marinus et moi allons pouvoir rentrer je le sais au fond de mon être.Nous sommes encore dans cet hôtel, tous les deux plongés dans un monde parallèle, en silence. Un silence où règne la paix et la confiance. J'ai regardé à travers la fenêtre le paysage dévasté de Berlin par delà l'entendement humain. Les rues sont en ruine jonchées de détritus tous aussi vulgaires, les bâtiments en train de s'effondrer, l'air chaud et étouffant pollué par les obus des Alliés, je me suis levé pour aller observer les gens. Le peu de gens qui osent sortir, essayant d'entretenir une même vie banale, escaladant les talus de pierres et de briques, le visage sali par la guerre, mentalement à bout. Cette image m'a fendu le cœur en deux.
Mon pays... Mon pauvre pays se fait détruire, physiquement et mentalement, il se fait ruiner. Par la faute à qui ? Au Chancelier, au Fürher. Leur prétendu chef, leur faux guide les a menés inévitablement à la mort. Le Grand Reich Allemand est sur la fin de sa vie, mais est-ce que l'Allemagne réussira à naître à nouveau comme un Phoenix ? Bonne question.
《 Leyers arrête de regarder à l'extérieur.
- Pourquoi ça ? Regardez les Marinus, pourquoi ils ne soulèvent pas voyons ? Ils sont tous à l'article de la mort !!
- Ils ne se soulèvent pas car c'est la fin Leyers, ça va être la fin du Grand Reich. Les gens comptent les jours et survivent, comme partout ailleurs je pense.
- D'accord.
- Bon... Veux-tu sortir aujourd'hui ?
- À quoi bon...
- Allez Leyers fais pas ton prude. On reste calfeutrés depuis des jours ça suffit. J'ai un endroit à te faire voir.
- Je viens dans ce cas. 》Intrigué par ce fameux endroit, j'ai vite enfilé ma veste d'Oberfürher et suivi mon mentor jusqu'à l'extérieur de l'hôtel. Nous avons longuement marché au milieu des débris de la ville, des cris de supplice face à cet éternel désastre, ignorant un peu tout le monde à vrai dire. Nous avons fait attention à personne, nous ne pouvons pas montrer de la compassion ici. Pas là, pas dans ce contexte, le moindre signe de gentillesse nous traînerait à l'abattoir.
《 Nous y sommes. 》
J'ai acquiescé, observant devant moi les dizaines et dizaines de pierres tombales en marbre, toutes droites et toutes alignées. C'est étrange. J'ai pris une grande inspiration, me sentant vaciller dans cet atmosphère oppressante, c'est que je sentirai les fantômes des morts à côté de moi, m'observant comme un intrus. Je suis resté immobile, fouetté par le vent brûlant quasiment acide, ne sachant où aller, incapable de bouger, me sentant étouffé dans un étau meurtrier.
《 Pourquoi un cimetière ?
- Je dois te présenter à quelqu'un. 》Marinus s'est dirigé avec assurance un peu plus loin dans le cimetière, serpentant avec totale indifférence au milieu des tombes.
Mon mentor s'est soudainement arrêté face à une plaque en marbre plus jolie que les autres, décorée de quelques fleurs commençant à faner. Je l'ai regardé, se mettre la main sur le cœur comme s'il le sentait se déchirer. Puis mes yeux se sont posés sur la tombe.Maria Strauss-Kahn
2 juillet 1902 - 18 août 1934
Épouse aimante, mère bien-aimée.
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Programmés pour tuer
Fiksi SejarahDès ses 15 ans, Hans Leyers, jeune allemand des pauvres banlieues berlinoises s'engage dans la SS avec le général plénipotentiaire Strauss-Kahn, homme dur mais d'une justesse infaillible. Tout oppose les deux personnages, de la mentalité jusqu'au p...