Le Summum ( Hans )

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2 ans se sont écoulés.
Deux années de pure banalité que ce soit dans le IIIème Reich élargissant son empire ou dans le sud de la France, n'étant pas encore occupé.

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24 novembre 1942, Béziers, Hérault, Languedoc-Roussillon, France.

Me voilà au grade de lieutenant, je suis le lieutenant Leyers de la Schutzstaffel.
C'est mon mentor, qui restera toujours mon aîné que je respecterai à ma mort, Marinus Strauss-Kahn, m'ayant jugé apte à être bien plus influent au sein de la Schutzstaffel. Je suis maintenant Obersturmbannfürher SS, à 19 ans n'est-ce pas fabuleux ? Je ferai honneur à l'Allemagne de notre cher Fürher.
L'empire hitlérien est maintenant au summum de sa grandeur. Il s'étend sur quasiment toute l'Europe continentale, sur les côtes nordiques de l'Afrique et avec l'alliance avec le Japon de l'empereur Hirohito, il s'étend jusqu'en Asie.
L'Allemagne m'a changé et transformé, je suis la meilleure version de moi. Je suis aujourd'hui un SS, un jeune SS qui serait prêt à tout pour son pays.

Je pars aujourd'hui pour le sud de la France, avec mon équipe et Strauss-Kahn. Ce pays de véritables morveux est en train de connaître le même sort qu'on nous a fait subir avec ce stupide traité de Versailles du 28 juin 1919 et cette république misérable, la République de Weimar en 1918. Sauf qu'à la différence des français, nous les pillons en toute légalité. Ils ne se doutent même pas que nous les occupons pour nos propres buts. C'est la tactique du Fürher, y aller dans la justice et la légalité. J'admire beaucoup cet homme. La capacité qu'a Hitler à captiver les foules, à les séduire et les hypnotiser, c'est totalement foudroyant !

Nous voilà arrivés tous en tanks dans une ville assez agréable.

《 Leyers, où sommes-nous là exactement ?
- Euh...
- Et ensuite on dit que c'est moi l'attardé en géographie ! éclate-t-il de rire, sous l'effet d'un excès de cognac.
- On est à Béziers, ai-je affirmé d'une voix grave.
- Détends toi Leyers, je sais qu'à 19 ballets ça fait toujours bizarre d'être loin de sa famille mais tu vas voir ici tu es le Roi du monde mon gars ! Tu pourras t'amuser à ta sauce, avoir des tonnes de filles à tes pieds. 》

Je l'ai regardé sans répondre, trop exaspéré par le comportement de Strauss-Kahn lorsqu'il est ivre mort.
J'ai vaguement observé l'extérieur, le paysage occitan ne me plaît guère. Je préfère Berlin.
Tous les yeux sont posés sur nos tanks séparant les gens en deux groupes distincts. Ils sont subjugués et irrésistiblement attirés par l'Ennemi, l'Ennemi redouté de tous. Nous sommes l'Ennemi qui a réussi à gagner.

《 On va rester combien de temps à Béziers ? demande Gustav, un nouveau recruté de 17 ans.
- On reste pas, explique Marinus Strauss-Kahn soudainement plus sérieux, on est obligés de passer par Béziers.
- D'accord, où est notre destination précise ??
- Dans un petit village à 30 minutes d'ici environ. Saint Nazaire de Ladarez.
- Joli nom, ai-je commenté.
- Joli nom ? ricane un des plus vieux. Va t'acheter du goût Hans !
- Hop hop hop on laisse Leyers tranquille, gronde Marinus. C'est un joli nom je confirme. 》

J'ai souri en voyant la remarque de mon mentor, une remarque tout à fait lucide n'ayant rien à voir avec l'alcool. Je ne pensais pas avoir ne serait-ce qu'un petit point commun avec Marinus, je ne pensais même pas que nous avons créé le moindre lien. Tout content de cette première, j'ai replongé le nez sur mon calepin. Je tiens un journal intime depuis que j'ai 4 ans, lorsque je serai assez vieux et expérimenté j'en ferai un roman.
J'aime énormément écrire. Cela me permet d'être moi-même, déballer mes sentiments avec une tournure épique, sans jamais être juger. C'est quelque chose de magique, de secret dans ma vie. J'ai longuement écrit, écrit sur tout et rien à la fois. J'ai parlé de mes ressentis, de la nouvelle fierté discrète de mon père, celle de mes deux frères. J'ai aussi gravé sur papier le paysage bitterois, la garrigue et les herbes sèches de l'hiver.
J'ai juste eu le temps de finir ma phrase que Marinus m'a sorti de mes pensées.

《 Leyers ? Tu comptes te trouver une petite femme dans le village ??
- Absolument pas Herrn ! Jamais je n'irai avec une française et je reconnais que je vais me focaliser sur mon travail.
- C'est bien.
- Tu l'as bien formé Marinus, commente un autre SS.
- Probablement le deuxième meilleur SS que j'ai pu former, affirme-t-il. 》

Le deuxième ? Qui est le premier alors ?
Bon, peu importe au final, je commence tout juste à avoir de la valeur auprès de mon mentor, je ne vais pas la gâcher maintenant.
Nous avons longuement roulé au milieu des routes qui se ressemblent toutes. Un vieil amas de goudron aplati au milieu de vignes, des très hautes vignes. Je ne savais pas que le Sud de la France était un grenier à vigne, donc à raisins et à vins. C'est intéressant pour le Reich allemand.

30 minutes plus tard environ, vers 15h30.
Le paysage a commencé à être bien plus sombre et austère, comme si nous arrivions dans une grande fosse. Les mêmes grandes fosses présentes dans les camps, comme à Auschwitz ou à Sachsenhausen.
J'ai observé sur ma droite, pour apercevoir un cimetière en contrebas.

《 Où sommes-nous Herrn Strauss-Kahn ?
- On est arrivés à destination mon gars. Bienvenu à Saint Nazaire de Ladarez !
- C'est laid, objecte l'infirmier.
- Hey oh toi là ! Si tu es pas content j'envoie un message à Himmler, il se fera un plaisir de t'envoyer où on envoit des aryens incapables de la fermer, menace Marinus. 》

Voilà donc ce fameux village, où on dit que la Résistance n'a pas franchi les portes des esprits. C'est ce village qui sera mon nouveau chez moi jusqu'à la fin de la guerre et peut-être même après.
Nous pénétrons tout doucement au milieu des premières rues, faisant l'objet de tous les regards. Je les ai tous observés, leur moindre réactions. Certains applaudissent, d'autres sont juste subjugués et immobiles.

《 Leyers ?
- Ja ?
- Où vas-tu te loger ? me demande Marinus.
- Et bien...
- Viens là où j'irai, il y a un homme à l'âme charitable qui m'offre son toit.
- D'accord merci, j'avais pensé à trouver une maison d'hôtes.
- Non mais dis ! Tu es le Roi ici Hans, tu ne vas tout de même pas payer pour rester ici !!
- D'accord d'accord ne vous inquiétez pas. Mais je regarderai sur les archives les personnes vivant seules et j'irai.
- Tu fais bien. Leyers n'oublie jamais que tu vas devoir être méchant et cruel pour être respecté ici.
- Je sais oui.
- Allez sortons sur la place. 》

Je suis sorti le premier, ébloui par le soleil, un soleil distant et glacial. Beaucoup de monde se sont amassés autour de nos sublimes bijoux.
J'ai attendu de voir comment Marinus va engager la conversation avec les français, comment nous devons nous présenter et comment les choses vont s'ensuivre.
J'ai suivi le mouvement, j'ai gardé le silence en saluant tout le monde avec un salut hitlérien.

Je me suis retourné avec vivacité quand une main féminine attrape ma veste d'uniforme. C'est une vieille femme d'une soixantaine d'années.

《 Monsieur, vous êtes sans l'ombre d'un doute nos sauveurs ! La France se portera bien mieux avec les allemands que sans.
- Merci Madame, on fera comme on peut pour que la cohabitation soit le plus agréable possible, lui ai-je répondu avec un français assez bon. 》

Je suis resté au milieu de la cohue, écoutant ces villageois me donnant leur nom et prénom, je leur baratine à quel point on est content d'avoir un accueil comme celui-ci.
Une jeune fille, écartée de la foule attire mon attention. Elle est seule à côté d'un bar, les bras croisés et le regard assassin. Pourquoi ne vient-elle pas nous accueillir ?! Ces françaises alors...

《 Hey Leyers ? Si ce soir tu as nulle part où aller je serai dans la Rue de Laurens à quelques mètres.
- D'accord merci Herrn Strauss-Kahn. 》

J'ai laissé mon mentor s'en aller, accompagné d'un vieil homme marchant avec une canne en bois faite à la main. Mon regard s'est à nouveau posé sur la fille, ses yeux me fusillent. Pour qui se prend-elle ?!
Je me suis approché discrètement, essayant de voir si c'est bien moi qu'elle ose regarder ainsi.
J'ai à peine pu voir la couleur de ses yeux, deux grandes prunelles bleues, teintées d'une touche plus claire, j'aurais cru être face à deux gros diamants. Mais ils sont aussi animés par une soif de vengeance j'ai l'impression. J'ai laissé cette fille partir. Je la retrouverai et lui expliquerai dorénavant qu'ici. C'est moi le chef, ce n'est plus elle.
La France est désormais, à compté de ce mois de novembre, une partie du Grand Reich Allemand.

Programmés pour tuerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant