Seul à seule ( Freya )

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20 août 1943, Zermatt, Alpes suisses, Suisse.

Je crois que je n'ai jamais été aussi déçue par Hans, je l'ai appelé au secours à mainte reprises, il ne m'a répondu que par de courtes lignes vagues et implicites pour dire qu'il ne pourra jamais remonter à Berlin d'ici tôt. Je sais que la guerre a certaines restrictions, mais personnellement je les aurais bravé pour aller voir mon meilleur ami en France.

Résultat j'ai dû aller me faire avorter par l'infirmière Solverdz, j'étais toute seule. Je me souviens de tout, de la fraîcheur morbide de la salle, des instruments désinfecter, des lumières blanches singulières... J'ai fait tuer mon bébé, je l'ai fait tuer car j'avais peur oui. J'ai peur du pays dans lequel je vivais.
L'Allemagne n'est plus du tout ce qu'elle était, ce n'est plus la nation forte et puissante qu'elle était. Hitler a mis en ces gens de faux espoirs qu'il ne pourra jamais assouvir, jamais son empire prospérant sur la défaite des autres ne pourra durer un millénaire. Un vrai empire ne repose pas sur la haine entre les individus.
Je me rappelle encore le visage des berlinois, tous aussi méchants et arrogants les un que les autres, tous aussi puérils et corrompus. Les allemands m'ont chassé, persécuté jusqu'à la sortie de la ville pour mon seul crime d'avoir été enceinte et d'être tombée amoureuse d'un français déporté je ne sais où.

Adolf m'a aidé à traverser les Alpes jusqu'en Suisse, il est bien trop serviable. Le frère de mon meilleur ami pense à chaque fois au bonheur des autres, à leur survie plutôt qu'à la sienne.
Je suis très heureuse de ne plus être sur le sol allemand. Fuir en Suisse m'a aussi permis de rencontrer ce fabuleux homme, Max Dubois. Il est génial lui aussi. Génial mais très mystérieux, jamais depuis que je vis sous son toit il ne s'est confié sur sa vie passée en France. Pas une seule fois.

Je reconnais qu'au début de notre nouveau quotidien ensemble, les réfugiés sont venus par dizaine pour échapper à la barbarie orchestrée par Hitler en personne. Je n'ai pas trop eu le temps de me poser et d'apprendre à le connaître, cet homme beau et gentil qui veut bien m'accueillir temporairement jusqu'à la fin de la guerre. Honnêtement, je ne savais pas où aller en Suisse, ni même ce que je pourrai devenir toute seule sans mon acolyte perdu en France, Hans.
Alors de savoir que j'aurai un toit jusqu'à la fin de la guerre me rassure énormément.

Une petite routine assez mignonne s'est installée dans la maisonnette de Max. Il fait sa vie, il aide les gens à trouver un nouveau chez eux loin de la frontière germano Suisse, où ils pourront vivre et être heureux.
J'essaie de l'aider mais il ne veut pas, après que je lui ai révélé mon avortement, le bûcheron français a suggéré que je me repose le plus possible.
Même si pour être franche, je pense que c'est plus le fait que je sois allemande qui le bloque psychologiquement... Je n'ai jamais compris les gouvernements d'aujourd'hui, ils ne font qu'attiser la haine entre les peuples.

《 Freya ?
- Oui ?
- Peux-tu venir stp ? 》

Je lui répondu à l'affirmative et l'ai rejoint dans la salle de bain.
J'ai ouvert la porte avec soin.
Oh la la il a un corps d'Apollon cet homme c'est dingue, Max est en vieux pantalon, les cheveux ébouriffés, me regardant avec insistance. Mes yeux ont contourné chacun de ses muscles, ses abdominaux dessinés et assez volumineux, ses pectoraux épais et durs, ses épaules développées... Je suis restée figée face à ce corps somptueux, ne sachant pas quoi faire à part le regarder, regarder chaque parcelle de sa physionomie.
Il est l'incarnation de la beauté, la beauté mentale et physique.

《 Freya ?
- Oui, désolée.
- Peux tu me désinfecter les plaies que j'ai dans le dos ?
- Ou-oui Oui bien sûr.
- Tiens, me dit-il en tendant le flacon de désinfectant. 》

Il s'est retourné et a appuyé ses mains contre le mur carrelé, laissant en spectacle son dos à l'air, recouverts de deux grosses griffes épaisses.
Avec maladresse, je me suis emparée de la solution et j'ai trempé mes doigts à l'intérieur pour les passer avec délicatesse sur les plaies.
Max a poussé un râle de douleur, alors j'ai arrêté mais il m'a rassuré en répétant qu'il avait vu pire dans sa vie.

《 Max ? Comment t'es-tu fait ça ?
- Je me suis battu et l'autre avait une arme c'est tout.
- D'accord. 》

Mon pouls s'est accéléré lorsqu'il s'est retourné doucement, ses yeux n'osent pas me regarder, soudainement éprise d'une vague d'adrénaline et de désir, j'ai passé mes mains dans son cou brûlant pour le forcer à me regarder.

《 Je suis allemande c'est pour ça n'est-ce pas Max ?
- Je... Je ne suis pas censé faire ça...
- Est-ce que tout ce que nous vivons a un sens honnêtement ?
- Pas tellement c'est vrai. 》

Ses mains sont passées sous mon haut du dimanche, sans pour autant aller là où il ne faut pas.
Ses beaux yeux marrons ont traversé les miens avec une telle douceur que j'aurais pu m'évanouir sur place honnêtement. Observer son visage de si près, c'est perturbant et exaltant à la fois.
J'ai senti une légère pression contre mes reins, me tirant vers lui.
Nos lèvres se sont croisées, mélangées, découvertes pour la première fois, dans un instant doux et calme. Nous nous sommes à nouveau regardés, et avec un sourire en coin on s'est compris et avons recommencé.
Cette fois dans de longues secondes fougueuses où on a goûté réellement l'un à l'autre. Ses mains m'ont soulevé avec aisance, me voilà enroulée autour de sa taille, calée sur le lavabeau craquant de çà et là. Tout à coup, Max s'est arrêté, il m'a regardé et m'a chuchoté pleins de mots doux à l'oreille.

《 Tu es sûre de vouloir faire ça Freya ?
- Personne ne nous en empêche. 》

Il m'a offert un beau sourire, un vrai sourire, sincère avant de plonger ses douces lèvres dans mon cou. Je me suis accrochée à sa jolie chevelure épaisse, la tête vers le Ciel, priant Dieu pour que cet instant dure une éternité, m'abandonnant totalement à un plaisir désiré et charnel auprès de Max.

Programmés pour tuerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant