23 juillet 1944, Reichstag, Berlin, Brandenburg, Allemagne.
Attendre. Nous faisons qu'attendre depuis plusieurs jours, patientant désespérément qu'Himmler ait réfléchi. Leyers et moi sommes convoqués dans le bureau du Reichsfürher SS d'ici quelques heures. La boucle va bientôt être bouclée, ce livre de notre vie, il sera fini à jamais pour ne plus jamais être ouvert. Ce sera la fin. Mon nom et celui de Leyers ne seront plus rattachés au Reich Allemand.
J'ai soupiré en m'habillant, je regarde chaque centimètres de mon visage de plus en plus marqué par la violence mentale de cette guerre. Mes yeux se font de plus en plus terne, tiré par la fatigue et des cernes grandissant de jour en jour, des rides apparaissent petit à petit sur mon front, une multitude de cheveux blancs orne ma chevelure dorée qui ne brillent plus. Je m'éteins tout doucement.
Je me suis accoutré de mon uniforme de général plénipotentiaire, étant dégoûté de devoir encore être obligé de porter ces vêtements horribles. Représentant la luxure au péril de ce qui souffrent par leurs différences. Je me suis assis sur le lit, le front sur les mains, à bout de tout.Allez Marinus, c'est la dernière ligne droite, m'aurait dit Maria.
《Marinus ?
- Leyers ! me suis-je exclamé. L'uniforme te va encore bien à toi.
- Non elle est moche l'uniforme.
- Que viens-tu faire avec moi ?
- Prendre de vos nouvelles, je sais que vous allez pas bien au fond de vous.
- C'est pas au jeune de prendre soin du vieux.
- Écoutez si je dois me faire condamner, autant que je le sois en sachant que vous allez bien.
- Tu es ridicule Leyers de te prendre la tête pour ça ! 》J'ai ri la larme à l'œil, voyant les aiguilles défiler à vive allure. J'aurais voulu casser l'horloge, j'aurais voulu arrêter le temps indéfiniment. Si je dois finir comme un fantôme sans but, autant que je sois ici dans cette chambre d'hôtel à Berlin avec Leyers, parlant de tout et de rien.
《Allez champion, nous devons y aller.
- Déjà ?
- On a Pas forcément le choix. 》Nous nous sommes levés, jetant un dernier coup d'œil au miroir avant de sortir sous le soleil de cette fin de matinée. Les gens nous ont souri, admirant le statut que nous avons sans même savoir ce qu'ils représentent.
C'est alors que Leyers s'est présenté d'un ton bien ferme et décidé auprès de la secrétaire.《Marinus ? Nous devons aller au bureau d'Himmler, il est prêt.
- Il est prêt après presque un mois celui-là ! ai-je râlé en français pour que personne comprenne. 》J'ai emboîté la marche, connaissant le chemin par cœur les yeux fermés depuis la mort de Maria. Je me suis senti étouffer face à la porte blindée, où une croix gammée en diamant est sculptée. Me revoilà à la même place une décennie après, confrontant Himmler, luttant en vain pour essayer de me protéger de ma traîtrise éternelle. Sauf que là c'est différent, il n'y a pas que ma vie en jeu mais celle de Leyers, alors je réussirai je me le suis promis.
《Ja ! hurle-t-il de sa voix cassée. 》
Un des gardes est venu nous ouvrir, arborant directement une mine plus accueillante en voyant mon grade. J'ai posé la main sur l'épaule de Leyers pour ne pas se décourager et avancer, nous nous sommes tous les deux présentés face au chef suprême de la Schutzstaffel.
《Je vous connais bien Strauss-Kahn, mais le jeune homme là qui est-il ?
- Oberfürher Hans Leyers.
- T'es Oberfürher ? C'est ton protecteur qui t'a promu à ce grade car tu es pistonné ? Aucun gamin de 25 ans serait normalement élevé à ce grade là avec une telle rapidité.
- L'Oberstgruppenfürher Strauss-Kahn m'a jugé capable et méritant de mes fonctions.
- Donc Strauss-Kahn, tu as formé ce gamin ? Depuis quand ? 》
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Programmés pour tuer
Ficción históricaDès ses 15 ans, Hans Leyers, jeune allemand des pauvres banlieues berlinoises s'engage dans la SS avec le général plénipotentiaire Strauss-Kahn, homme dur mais d'une justesse infaillible. Tout oppose les deux personnages, de la mentalité jusqu'au p...