Tic Tac ( Eve )

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22 janvier 1943, Saint Nazaire de Ladarez, Hérault, Languedoc-Roussillon, France.

Je me suis renseignée pendant des heures, des nuits entières sur l'arrestation de Maxence Dubois. J'ai appelé les Résistants, les Collabo sans mentionner le motif de sa "disparition, personne n'a su me fournir de réponse. Personne. J'ai très peur, tous ses proches ont peur.
J'ai fait une promesse à Anne sa mère, je lui ai promis de lui ramener son fils même si je dois tuer pour le faire. Je ne sais rien d'où il est depuis que Hans est arrivé chez moi.
Sauf que tout concorde avec les idées de mon esprit bien tordu. Le Boche s'en allant, et quelques minutes après Mme Dubois venant chez moi en larmes... Serait-ce lui qui a fait arrêté Maxence ? Je sais que mon ami est quelqu'un de réfléchi, qui ne va pas se jeter dans la gueule du loup sans élaborer un plan B derrière.

Je suis vers la salle des fêtes, je viens de franchir le pont menant jusqu'à une base que j'ai établi avec Rose. Elle doit sûrement m'attendre à l'heure qu'il est. En observant tout autour de moi, j'ai ouvert la porte pour la refermer avec rapidité.

《 Eve enfin tu es là !
- Désolée, le Boche m'a embourbé dans une leçon de morale ou plutôt un long monologue que j'étais obligée d'écouter ! Bon, le chauffeur t'a fourni des informations ?
- Oui. Regarde ça. 》

Rose m'a longuement expliqué les notes qu'elle a transcrites sur une feuille de manuscrit. L'unité de Marinus Strauss-Kahn compte exécuter Maxence.
Seigneur... mais qu'a-t-il pu bien faire ? Je me suis passée la main dans les cheveux, bouillonnant de colère face à ces chiens nazis, prêts à tout pour tuer ceux qui ne sont pas à la hauteur de leur attente ou qui ne partagent pas les mêmes idées.
Elle m'a dit que des soldats le prendraient d'une espèce d'enclos naturel à la sortie du village vers 14h pour le fair défiler en trophée sur la place. La prochaine étape serait de l'amener sur le grand estrade en bois à la salle de Réunion, puis un grand discours en humiliant mon pauvre Maxence devant tout le village et sa mère. Un Boche l'achèverait d'une balle dans le cœur au tintement de 15h30. Les explications de mon amie sont claires et précises. D'un air décidé, je me suis levée en la remerciant.

《 Eve attends.
- Quoi ?
- Tu as une idée en tête avoue le.
- Je veux pas que Maxence meure.
- Mais c'est toi qui pourrait mourir !
- Non, je ne mourai pas. Personne moura. Rose, tu es avec moi ? Je te demanderais simplement de divertir Marinus avec de jolies phrases de fille cultivée que tu es.
- Bien sûr que je suis avec toi. 》

La jolie fille du village, de belles boucles d'or ornent son crâne, accompagnées par deux grands yeux verts, elle a couru vers l'autre côté du pont. Là où nous sommes les deux petites françaises, loyales à Pétain et Hitler.
Nous avons continué le chemin jusqu'à chez moi, ignorant les rires exagérés des allemands dans la Salle de Réunion. C'est là qu'ils se réunissent pour prendre des décisions importantes.

Vous êtes en train de décider si vous allez tuer Maxence ou pas hein !!! Sales Boches ! Vous le premier Hans Leyers.

On est rentrées chez moi à 13h45. J'ai écouté le moindre bruit, trahissant la présence de l'allemand. Mais il n'y a personne à part Papi qui doit lire les dernières actualités. Heureusement que le sous officier n'est pas là, cela évitera de foirer mon plan. Si mon plan ne fonctionne pas... Je serai morte en même temps que Maxence.

Je suis montée à l'étage avec Rose, je lui ai indiquée la chambre de mon grand-père pour qu'elle aille lui tenir compagnie le temps que je prépare l'attirail familial.

《 Eve viens me voir, dit alors Papi quelques secondes après l'arrivée de Rose.
- Oui ?
- L'allemand n'est pas trop intrusif ??
- C'est à peine si je le vois pendant la journée Papi, ne t'inquiètes pas.
- Bon d'accord. 》

Programmés pour tuerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant