Chapitre 16 : Le pli disgracieux et gentlemen

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Le lendemain, je me rends au bureau pour mon rendez-vous avec Simon, mon client, fraîche comme une fleur arrosée au café.

— Waouh ! Tu t'es faite toute belle, me taquine Amir. On voit que Simon le beau gosse vient aujourd'hui.

— Pff ! Tu dis n'importe quoi, je suis comme d'habitude, m'amusé-je.

— Vraiment ? lance-t-il pour semer le doute.

Je soutiens son regard et ne dis rien pendant quelques secondes en m'asseyant derrière mon bureau.

Je sens qu'Amir m'observe toujours du coin de l'œil. Vu la couche de fond de teint que j'ai dû mettre ce matin pour cacher ma fatigue, il n'est pas près de me voir rougir.

Ledit Simon, arrive pile à l'heure, de sa démarche agile d'homme qui se sait séduisant. Vêtu d'une chemise blanche agrémentée d'un pourpoint gris pâle ouvert, constratant avec ses cheveux coiffés de façon rebelle, il faut avouer qu'il l'est : séduisant.

Après les salutations d'usage, nous passons directement dans l'atelier sous le regard rieur d'Amir.

— Waouh, génial ! s'exclame-t-il devant le mannequin.

— Ça vous plaît ?

— Beaucoup, répondit-il en se passant la main derrière le cou. Déjà, j'aimais beaucoup le dessin, mais de la voir en vrai... je peux l'essayer ?

— Mais bien sûr, fis-je ravie, c'est le but !

Le temps qu'il se change, je rejoins Amir au bureau.

— Alors ? me demande aussitôt ce dernier.

— Il est sous le charme !

— Mm... répondit-il avec un air coquin.

— Non, euh... Je veux dire de la jupe... La jupe lui plaît, conclus-je, en rougissant au sous-entendu d'Amir.

— Oui, oui, bien sûr...reprit-il, en m'observant le menton posé dans ses mains.

Je détourne le regard en faisant semblant de m'intéresser à mon écran d'ordinateur. Je me félicite intérieurement de ne lui avoir rien dit pour l'histoire du sms.

La porte de l'atelier s'entrouvre et la tête de mon client apparaît dans l'entrebâillement.

— C'est bon ? demandé-je, ravie de me sortir de cette situation délicate.

— Oui, oui, j'ai passé la jupe.

— Parfait, j'arrive, dis-je en me dirigeant vers lui sous le regard très attentif de mon assistant.

Dans l'atelier, j'invite Simon à se placer devant le miroir contre la fenêtre.

— La taille a l'air bonne, dis-je de mon ton d'experte. Vous vous sentez bien dedans ?

— Nickel, répondit-il.

— Bougez un peu pour voir... demandé-je en mettant à sa gauche.

— Il n'y a pas un drôle de pli là ? me sollicite-t-il timidement en me montrant le côté de la braguette.

Effectivement, la ride est bien visible dans le skaï brillant.

— Oui, c'est bizarre, dis-je en attrapant une pince en plastique.

Je saisis le tissu sur sa hanche en tirant légèrement dessus pour le lisser. Loin d'obtenir l'effet escompté, le pli s'agrandit. En fronçant les sourcils, je le contourne pour me placer devant lui en maugréant dans ma barbe.

— Je ne comprends pas, finis-je par m'énerver en malmenant le skaï dans tous les sens, les dents serrées.

Faisant fi de Simon, je passe la main sous la jupe et joue avec la doublure. Rien à faire cette fichue pliure se moque impunément de ma personne.

Les aventures Cocasses de CharlineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant