Chapitre 14 : Quinoa et petite culotte

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Ce regard appartient à un homme assis à une table de l'autre côté du long meuble en bois vernis.

Un homme* grand, très grand même, il doit faire dans les deux mètres ou pas loin, je suis couturière, je m'y connais en métrage.

Ses magnifiques yeux gris contrastent élégamment avec sa peau de couleur lattée. Comme scannée par leur propriétaire, j'ai l'impression qu'il peut voir juste dans les tréfonds de mon âme à travers ses petites lunettes à bord métallique. Ses cheveux noir de jais, coupés court, rebiquent çà et là, comme le font les cheveux qui frisent, et lui apporte une petite touche rebelle sexy.

Bâti comme un joueur de basket professionnel, bien droit, vêtu d'une chemise quelconque qui met très bien sa carrure en valeur, je suis devant un très beau spécimen comme on dit.

Il porte un regard appréciateur sur ma personne, ses yeux pétillent de gourmandise et je suis on ne peut plus flattée d'être reluquée ainsi par un homme aussi troublant. Il dégage l'aura innocente de celui qui ne se rend pas compte qu'il a un charme fou.

Je lui souris et il fait de même ce qui finit d'enflammer la licorne que je suis. La chaleur se répand sur mon visage. Pour ma défense, son sourire est communicatif et lui donne un air très coquin.

C'est à ce moment-là qu'une femme très élégante se laisse tomber sur la chaise en face de lui.

Le charme est rompu.

Pour couronner le tout, mon voisin de bar, tape dans mon verre dont le contenu se déverse sur ma robe.

Agacée, je descends de mon tabouret pour me nettoyer et tombe nez à nez avec Patrick.

- Charline ! Les autres sont dehors. C'est la folie ici !

- Ouais, tu l'as dit, commenté-je en m'essuyant comme je peux avec un mouchoir.

- Oh mince, tu es trempée, tiens, me propose-t-il en me tendant un mouchoir en tissu.

Une fois épongée, en prenant le chemin de la sortie avec Patrick, je repense à ce bel inconnu. Le sourire me revient rapidement aux lèvres, mon cœur se gonfle de fierté, je redresse la tête bien et je passe le pas de porte du restaurant de bien meilleure humeur.

Cupcake : un / planche à pain : zéro !

Devant le bistrot, je comprends que le groupe a croisé Youssef et son mari en arrivant. Ce dernier s'étant dévoué pour aller me chercher.

En raison du monde qui continue d'affluer dans l'établissement, on opte pour un lieu moins bondé en bas de la rue.

Une fois à table, mon téléphone sonne une énième fois : ma mère essaye de me joindre. Gonflée à bloc par mon inconnu aux yeux envoûtants, je décroche sous l'œil inquiet de mon frère :

- Oui, allô maman ?

- Ah Cupcake ! Le réseau est vraiment mauvais en France ! Ça fait je ne sais combien de fois que...

- Non, maman, la coupé-je d'un ton sec, c'est juste que je ne voulais pas te répondre. Comme je te l'ai dit l'autre soir : je suis occupée.

- Cupckae ! s'indigne-t-elle.

- Tu n'as qu'à demander à ton assistant d'appeler le mien et nous conviendrons d'un rendez-vous. Bonne soirée.

Je raccroche alors que je l'entends fulminer à l'autre bout.

Ayant une pensée pour mon pauvre Amir, je ne remarque pas que tous les regards de la table sont braqués sur moi.

Je sens mon visage me piquer, gênée par toute cette attention, j'aurais dû m'éclipser.

Les aventures Cocasses de CharlineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant