Chapitre 32 : Arnaud, Tony, Peter et phallus bleu-turquoise à paillettes

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Arnaud se tient devant moi, tout sourire dans son costume gris-anthracite. Ses yeux marron doré pétillent de malice alors qu'il me jette un discret regard gourmand.

— Vous vous connaissez ? demande le mafieux.

— Oui, on est ami de longue date, répond du tac au tac Arnaud.

L'homme hoche la tête à la manière d'un inspecteur de police qui a flairé un truc.

On passe au salon pour se présenter et partager un café. Suivi de délicieuses pâtisseries arabes réalisées par Amir. Je bois une gorgée de ma tasse et je le soupçonne aussitôt de m'avoir servi un décaféiné.

J'essaie de me concentrer du mieux possible malgré la présence d'Arnaud. Ce dernier prend un malin plaisir à me lancer des regards déstabilisants dans le dos de ses collègues.

Amir apporte mon ordinateur et l'on déroule la présentation.

Le mafieux, Éric de son prénom, hoche la tête plusieurs fois sans que je sache si c'est positif ou négatif.

Son collaborateur mi-géant, dont je n'ai pas retenu le nom, est totalement fermé. On dirait une porte de prison.

Pour plus de sureté, j'ignore soigneusement Arnaud qui se caresse la barbe doucement.

N'ayant aucun indice, je me sens un peu perdue. Heureusement, Amir est là pour me soutenir et pour éviter que je ne m'effondre sous la pression.

À la fin de la présentation, un silence pesant de quelques secondes fait monter en flèche mon angoisse.

— Mm bien. Tout ça m'a donné faim, affirme Eric alors qu'il n'a pas touché aux pâtisseries d'Amir.

Soudain, je panique : je n'ai pas du tout anticipé ça.

— J'ai pris la liberté de réserver dans un petit établissement à deux rues d'ici, déclare Amir.

— Parfait ! s'exclame le mi-géant.

Ils se lèvent et je croise le regard d'Amir. Mes lèvres bougent silencieusement pour former le mot « merci ». Il me sourit en me décrochant un clin d'œil. La pression retombe un peu, mais je reste sur le qui-vive.

Sur le chemin, je marche d'un pas lourd, sentant tout le poids de mon entreprise et de mes employés sur les épaules. J'ai tellement peur de ne pas avoir été à la hauteur pour les protéger.

Je ne prête aucune attention au lieu et encore moins à Arnaud. J'évolue dans un brouillard de stress, pendue aux lèvres de ses trois hommes, à la recherche du moindre indice.

Lorsque les assiettes arrivent, il y a une minute de flottement parce que je ne me souviens même pas de ce que j'ai commandé.

L'attente du verdict m'est insoutenable aussi, je participe peu à la conversation trop occupée à me maîtriser.

Peu avant le dessert, je sens une main se poser délicatement sur ma cuisse. Tous les poils de mon corps se hérissent dans un seul mouvement. Je déglutis pour retenir un sursaut ainsi qu'un cri de surprise.

Je glisse un œil vers mon voisin qui m'ignore superbement.

Gentiment, je me dégage de la prise d'Arnaud pour éviter d'éveiller tout soupçon. Il se laisse faire et ne montre aucune réaction.

Après avoir commandé les desserts, Eric sort de table pour passer un appel téléphonique. Aussi, je saisis l'occasion pour prendre l'air.

C'est avec joie que j'accueille le petit vent frais sur mon visage à la sortie de l'établissement. Je fais deux pas sur le trottoir les yeux clos pour mieux profiter de l'instant. J'entends la porte se fermer et se réouvrir aussitôt.

Les aventures Cocasses de CharlineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant