Il est midi, le fond de l'air est doux, mais j'ai chaud.
Le bistrot où nous avons rendez-vous a une grande cour intérieure complètement isolée que les propriétaires appellent le jardin.
Très végétalisé et hermétique aux bruits de la vie parisienne, je me sens totalement ailleurs. Arrivée première, je profite de cette parenthèse des plus agréables.
J'observe les différents verts des feuilles, je compare leurs tailles, certaines plantes bourgeonnent ; signe que le printemps n'est pas loin. Quand les gens passent à leurs côtés, les végétaux s'animent d'un paisible balancement en accord parfait avec la petite musique de fond. Il flotte dans l'air beaucoup de joie et une ambiance sereine. J'essaie de m'en imprégner afin d'exécuter ma tâche en douceur.
Peter ne tarde pas à arriver, élégamment vêtu d'une chemise blanche, au col entrouvert qui rehausse son teint.
On passe aussitôt commande et je sens la pression monter.
Peter est bien droit sur sa chaise comme à son habitude, les poignets appuyés délicatement sur la table dans une posture qui respecte toutes les règles de bienséance.
Il me fait un rapide tour de sa semaine et je l'écoute à moitié. J'essaye d'imaginer une discussion posée entre nous qui m'amènerait à être plus à l'aise. De temps à autre, je jette de petits coups d'œil vers les plantes pour retrouver la zénitude qu'elle m'avait inspirée ; sans grand succès.
Soudain, il prend un air sérieux, son nez frémit ; signe qu'il est agacé.
— Charline, qu'est-ce qu'il y a ? Je vois bien que quelque chose te tracasse.
— Je suis complètement cinglée : je dors avec une combinaison pilou pilou licorne. Il est vrai que j'affectionne beaucoup cet animal, mais ce n'est pas pour ça. Depuis toute petite, j'ai une sainte horreur des draps. Il te comprime là tandis que tu n'as rien demandé...Et puis ils glissent et tu te retrouves les fesses à l'air alors qu'avec une combi tu n'as pas ce problème. Attention, ne te méprends pas, j'aime avoir le popotin à l'air dans certaines circonstances, avoué-je d'un bloc. Et puis je ne mange pas de saucisse à cause de mon cousin gay à tendance SM de Strasbourg. Ma mère m'appelle cupcake parce que je suis grosse, du coup j'ai voulu faire un régime pour te plaire. Ça va faire 3 semaines maintenant et je n'ai pas perdu un gramme. En revanche, j'ai des rêves érotiques où tu me fais torridement l'amour sur un lit de frites avec une couverture en bacon...
Prenant pleinement conscience de ma tirade, je la stoppe là, mortifiée sans oser le regarder. J'ai explosé.
Du coin de l'œil, je crois percevoir un mouvement vif de son bras.
— Garçon !? appelle-t-il de vive voix.
Je me redresse légèrement et jette un coup d'œil à son faciès anglais toujours aussi impassible. Un serveur accourt à ses côtés, paniqué :
— Oui !?
— Il nous faudrait des frites et du bacon si vous avez pour ma demoiselle. C'est une urgence. dit-il très sérieusement sans me quitter du regard.
— Bien, Monsieur !
Le garçon part en cuisine d'un pas pressant alors que la chaleur de mes émotions me brûle le visage.
— Je suis content que tu te sois enfin ouverte à moi, Charline. Pour être honnête avec toi, je n'attendais que ça et je commençais à perdre espoir.
Il boit tranquillement une gorgée d'eau tandis que mes picotements descendent lentement vers mes bras et mon torse. Alors qu'il reprend en esquissant un sourire du coin des lèvres.
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Les aventures Cocasses de Charline
ChickLitCharline est un petit bout de femme bien en chair, elle a toujours eu le chic pour se mettre dans des situations impossibles ! Toujours positive et de bonne humeur, pin-up autoentrepreneur le jour, licorne la nuit, elle a décidé de trouver la person...