Chapitre 34 : Série Turques et prises de conscience

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— Euh... Je suis flattée vraiment, mais... J'ai rencontré quelqu'un, avoué-je en le regardant timidement. Et je voudrais... Je voudrais tenter ma chance avec lui.

Arnaud soupire en se redressant ;

— On dirait que j'ai trop attendu.

— Désolée...

— Ne t'excuse pas, je suis très content pour toi, affirme Arnaud. Il a une de ces veines.

— Tu crois ?

— Bien sûr ! N'en doute jamais, m'ordonne-t-il avant de me faire un baise-main.

Nous partons donc en ami manger au bar à salade du coin. On passe un bon moment, il ne réitère pas sa proposition ni même ne tente une autre approche, ce dont je lui suis reconnaissante.

À la fin de la soirée, il me raccompagne et nous échangeons un chaste bisou sur la joue. Puis il me fixe intensément quelques secondes, soit il espère que je vais changer d'avis, soit il veut graver mon image dans sa mémoire.

Ne sachant pas sur quel pied danser, je me contente de lui faire un de mes plus sincère sourire.

Il me le rend calmement avant de regagner son hôtel.

Sur le chemin vers mon appartement, je me demande si j'ai bien fait de le repousser. De tout miser sur Peter, surtout avec son comportement étrange de cet après-midi.

Lorsque j'actionne ma clé dans la serrure, une porte grince doucement sur le palier :

— Bonsoir Madame Logui, dis-je sans me retourner.

— Oh bonsoir Charline...

— Ils sont repartis aux États-Unis. Vous ne les verrez pas pendant un moment, annoncé-je en ouvrant l'appartement.

— Ah quel dommage, répondit-elle sans honte.

Je me tourne vers elle alors qu'elle poursuit :

— Je sais bien que je suis une vieille peau et que je ne devrais pas reluquer les jeunes hommes comme ça...

— En fait, on dit « mater » maintenant en langage jeunots, mais bon...

— Ah, je note. Mais comprenez que ça me fait du bien. Ça me rajeunit en quelque sorte. Je me sens plus vivante et mon amant ne s'en plaint pas...

— Stop, stop. J'ai saisi... Mais vous n'avez pas peur d'être... comment, un peu ridicule ?

Elle explose de rire avant de m'avouer :

— Mais ma chère, ça ne tue pas ! Et on est toujours grotesque : vous trouverez régulièrement quelqu'un qui dira de vous que vous l'êtes. Le tout c'est de ne pas y accorder d'importance et d'expérimenter votre vie à fond ! Vous vous doutez bien qu'à mon âge, je ne suis libérée de ces tourments. J'aurais tellement souhaité l'avoir fait avant.

Dans la soirée, dans ma combinaison pilou-pilou licorne préférée, les paroles de ma voisine tournent dans ma tête.

Elles confirment le fait que je me pose beaucoup trop de questions et que je devrais avancer.

J'envoie mon message/ rapport de la journée à Joy. Cette dernière est surprise par le comportement de Peter et fière de moi pour avoir un choix. Si l'on peut appeler ça comme ça.

Je lui parle aussi de madame Logui et de son conseil. Là-dessus, elle renchérit en disant que je dois rester moi-même et arrêter ce stupide régime.

Je crois qu'elle a raison, mais j'ai tellement peur de n'être que la grosse excentrique que c'est plus fort que moi.

Cependant, en tant que demi-Belge, je devrais peut-être racheter des frites. On ne sait jamais si j'ai des invités ou quoi.

Les aventures Cocasses de CharlineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant