Chapitre 31 : Le camembert infernal et rendez-vous... d'affaires ?

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— Souviens-toi du camembert fou, répondis-je avec malice.

— Ça fait une éternité que je n'y avais pas pensé, s'esclaffe Caleb.

*

Lorsque nous étions tout juste majeurs, un été, on avions décidé de faire une petite excursion en train : départ Bruxelles, arrivée Londres.

Après avoir passé quelques jours avec Papi Clotaire, la bande des quatre, comme il aime nous appeler, était partie pour Paris puis Londres.

Dans la première rame, trop excités par les premières heures de voyage, nous n'avions rien remarqué de particulier. Nous n'avions pas accordé de crédit aux gens qui râlaient en revenant des toilettes. Après tout, les Français ont cette réputation...

On avait réservé des espaces pour quatre dans chaque transport, jouant aux cartes, partageant des biscuits. Trois d'entre nous en avaient même profité pour se faire une pédicure :

— Je m'ennuie, je me vois pas en quoi ça te dérange, s'énerve Georges les genoux repliés alors qu'il séchait son vernis.

— Ce n'est pas une raison, s'indigna Caleb. On vient juste de changer de train.

— D'ailleurs, vous ne trouvez pas que les gens ici sont bizarres ? demanda Joy.

— Mm... plus que chez nous ? questionnais-je.

— Possible... répondit-elle vaguement.

En regardant autour de moi, je compris ce qu'elle voulait dire. Tout le monde nous toisait étrangement certains, allant même jusqu'à se cacher le nez et la bouche.

— Il ne sent pas si fort ton vernis, constata Georges en flairant ses pieds dans une position disgracieuse.

Le produit séchant, nous découvrîmes une autre odeur plus forte, plus tenace, un peu comme un truc pourri.

On avait alors inspecté partout : sous les sièges, dans les petits vide-poches, sous nos chaussures, sans rien trouver. Finalement, on s'était mis à regarder nos voisins de travers : un couple âgé qui dormait profondément.

Dans le métro, pour rejoindre notre airbnb tout le monde s'était écarté sur notre chemin, nous laissant presque une rame pour nous tous seuls.

— J'ai l'impression que cette odeur nous poursuit, constata Caleb.

— C'est dans mes cheveux, dans ma peau, partout, chouina Joy.

— Ça va aller, on est presque arrivé, la rassura Georges en passant sa main dans son dos.

— Je n'ai jamais eu aussi honte depuis que je ne suis plus dans la même école que Candice, expliqua-t-elle.

— Ne t'en fais pas, le karma se chargea de cette... cette... cette fille, déglutit Caleb avec haine.

Le propriétaire du airbnb eut la courtoise de ne faire aucune remarque, ni de se cacher le visage. Cependant, le tour du logement ainsi que la remise des clés se fit très rapidement.

— Bon, allez ! Tout le monde à la douche ! annonça mon frère alors que le bailleur passa la porte.

— Ouais, bonne idée, ajoutais-je en ouvrant ma valise à même le sol du salon moderne.

Imités par mes comparses, nous eûmes tous la même surprise à l'ouverture des bagages : deux sacs.

L'un contenant un saucisson fort appétissant et totalement hermétique. L'autre en revanche dégageait une forte odeur pestilentielle du camembert laissé au soleil. Bien que sous vide, ledit fromage, plutôt mou au toucher avait tout contaminé. Tout le linge fouettait la fromagerie sans frigo en plein été.

Les aventures Cocasses de CharlineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant