Chapitre LXIX : Le sort des innocents

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Shaw s'arrêta de parler

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Shaw s'arrêta de parler. Elle n'avait pas quitté Root et Maria Alvarez des yeux. Guettant toutes leurs réactions, le moindre frémissement, le moindre mouvement de leurs pupilles.

Root savait avant qu'elle ne commençât. Shaw vit son expression glisser, ses traits s'illuminer de fierté. D'admiration. Root n'était pas complètement idiote, elle s'inquiétait, elle connaissait les dangers auxquels elles allaient immanquablement s'exposer. Elle craignait pour la sécurité d'Alvarez, mais elle ne pouvait s'empêcher d'exprimer l'enthousiasme qu'elle éprouvait pour la stratégie choisie ni à cacher son impatience à prendre une revanche sur Samaritain et son esclave-tortionnaire. À mettre fin à cette histoire. À venger tout le mal dont avait souffert Shaw.

Maria Alvarez...

... écouta avec attention. Sa pâleur s'accentua au fur et à mesure qu'elle comprenait ce que Shaw attendait d'elle. Pourtant, celle-ci, avec beaucoup de tact après sa déclaration foudroyante, avait d'abord parlé des moyens qu'elle pensait mettre en œuvre pour s'assurer de la mise à l'écart et de la sécurité d'Alma, mais aussi de Juan Ibanez et de sa famille. De toute sa famille, de sa femme comme de ses enfants et de ses petits-enfants.

Athéna avait monté une histoire qui dédouanerait entièrement l'assistant de Maria Alvarez. Samaritain devrait penser que l'homme avait été utilisé, sacrifié, trompé, laissé pour compte. Il devrait néanmoins coopérer une dernière fois avant d'oublier. Shaw savait qu'Alvarez aimait son assistant et surtout, qu'elle refuserait de se montrer injuste envers lui. Plus encore, de briser sa vie. La proposition qu'elle fit à Alvarez emporta l'adhésion de la jeune juge.

Pour Alma ce fut un peu plus difficile. Son exfiltration exigeait que l'enfant se retrouvât seule, tout d'abord confiée à la garde d'une hôtesse de l'air. Puis Maria réalisa qu'elle devrait faire confiance à une Intelligence Artificielle et à des inconnus dont elle ne savait rien.

— Maria, intervint Root. Si Athéna vous assure qu'elle protégera Alma vous pouvez la croire. Quant à John et Lionel, Genrika Zhirova est avec eux. Ni moi ni Sameen ne la leur aurions confiée si nous n'étions pas sûres qu'elle soit avec eux en sécurité. John est un ancien béret vert, un ancien agent de la CIA. Lionel est dans la police depuis plus de vingt ans. Ni l'un ni l'autre ne sont des amateurs. Lionel est de plus le père attentionné d'un adolescent. Il s'occupe avec gentillesse et attention aussi bien de son fils que de Gen. Il saura s'occuper d'Alma, la mettre en confiance, la rassurer et la consoler si vous lui manquez.

— Faire confiance à votre IA pour protéger Alma ? siffla acidement la jeune juge. Elle s'acquittera de sa tâche comme elle a protégé les victimes du Chirurgien de la mort ? Comme elle m'a protégée ? Comme elle a protégé Sameen ?

Root se pinça les lèvres et la physionomie de Shaw s'assombrit. Alvarez savait toujours taper là où cela faisait mal. Très mal. Pointer et toucher le point sensible, le défaut d'un raisonnement, d'une cuirasse. Elle n'avait pourtant pas eu l'intention d'être blessante ou de provoquer l'une ou l'autre des deux jeunes femmes. Elle réfléchissait, analysait et émettait ses conclusions. Pas toujours de la façon la plus diplomate qu'il soit, mais sans colère, froidement. Très froidement. Elle avait toujours jalousement veillé à la sécurité d'Alma, qu'elle fût physique, émotionnelle ou affective, mais l'attaque du village megêngôkre l'avait désagréablement impressionnée. Les moyens mis en œuvre, l'implacabilité des mercenaires, la détermination de celui qui la recherchait. Samaritain... Ce que lui avaient ensuite raconté Root, puis Shaw ne l'avait en rien rassurée. Elle n'avait aucune intention de remettre en cause son engagement, mais elle était en train de prendre conscience de ce que celui-ci impliquait, et la sécurité physique de sa fille lui sembla soudain primordiale.

La fille de Kaveh دختر کاوهOù les histoires vivent. Découvrez maintenant