Chapitre XXIV : L'Autre, la jeune fille et son héros

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Le jet se posa à Ottawa à neuf heures cinquante six. La destination avait été communiquée au commandant de bord au départ de l'aéroport MacDonald-Cartier, le jour précédent. Son équipage savait en embarquant qu'il effectuait un simple un aller-retour. Ainsi en avait décidé Athéna. Les simulations, les calculs de probabilités avaient abouti au même résultat : la maison du Lac de la Prune assurerait un refuge presque parfait à Genrika Zhirova. Elle y serait en sécurité et l'environnement serait propice à son épanouissement physique et psychologique. Athéna ne pouvait prévoir combien de temps Genrika devrait se cacher. La région de Notre-Dame-de-Pontmain lui plairait et lui offrirait une grande liberté de mouvement, elle ne serait pas obligée de se terrer dans un lieu fermé dont toutes les fenêtres, par mesure de sécurité, risquaient d'être occultées.

Et puis, la maison était grande, les chambre insonorisées, il y avait le lac, des canoës, une jolie forêt, du bois à couper... Tout ce qu'il fallait pour que Shaw ne se sentît pas enfermée, esclave d'une situation qu'elle ne maîtrisait pas, qu'elle gardât sa liberté de mouvement, son indépendance, pour que son intimité fût respectée.

Athéna avait envisagé beaucoup de solutions avant de se résoudre à celle-ci. Son choix avait en grande partie été dicté par l'importance qu'elle accordait au bien-être de Shaw. Root s'adapterait à n'importe quelle situation du moment qu'elle ne fût pas séparée de Shaw et que celle-ci se sentît bien et fût en bonne santé. En bonne santé physique et mentale.

Genrika, quant à elle, avait connu des situations difficiles d'abord en Russie, après que sa mère fut arrêtée, puis ensuite aux États-Unis à la mort de son grand-père. À chaque fois, la jeune fille avait démontré qu'elle était dotée d'une grande force de caractère. Elle ne s'était jamais laissée influencer par son environnement. Elle avait dans les deux cas, continué à suivre son chemin quel qu'eût pu être l'environnement chaotique dans lequel elle s'était mue.

En Russie, elle avait d'abord été placée dans un foyer avant que son grand-père n'eût pu l'en sortir deux mois plus tard. Il avait usé pour ce faire, de tous ses anciens contacts, de son statut de héros. Genrika, au sein de ce foyer destiné aux rebuts de la société, avait survécu à la violence, au froid et à la faim.

Une fois réunis, la petite-fille et le grand-père avaient vécu heureux ensemble dans une petite maison acquise par Sergueï Zhirova au moment de sa retraite. Malheureusement, la folie de sa fille, journaliste militante éprise de vérité et de liberté, mais dénuée du sens des nuances et de la plus élémentaire prudence, avait éveillé la suspicion des autorités, même envers le vieil homme. Yulia avait méprisé ses conseils, ses mises en garde. La Russie des Tsars, comme celle des Soviets ou de la nouvelle Fédération restait et resterait toujours la Russie. Au sein de L'Union Européenne, on vociférait des insultes, on dessinait des caricatures qui ne déclenchaient que le rire ou des procès en diffamation dont les peines en cas de culpabilité n'entraînaient au pire que des amendes. En Russie, les mêmes comportements entraînaient des arrestations musclées, des peines d'emprisonnement, des déportations, et parfois même des exécutions non-officielles. Le pouvoir n'acceptait pas la critique, la moquerie, la caricature, il ne l'avait jamais accepté.

La fille de Kaveh دختر کاوهOù les histoires vivent. Découvrez maintenant