Elle était tombée, victime d'une IA aux yeux de qui elle était un virus à combattre. Quatorze mois de détention, perdue dans les méandres de son esprit, de ses pulsions violentes et d'une douleur qu'elle n'avait su surmonter.
Elle serait libérée.
E...
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Quand Shaw se réveilla, la nuit tombait déjà. Elle fronça les sourcils, étendit un bras, cherchant une présence.
— Root ?
— Je suis là, Sam, lui dit Root en s'approchant. Désolée, j'avais trop chaud et John est venu frapper à la porte.
— Qu'est-ce qu'il voulait ?
— Me prévenir qu'il partait pour Ottawa avec Finch.
— Qu'est-ce qu'ils vont foutre là-bas ? demanda Shaw d'un ton peu engageant.
— Je crois que John s'est dit que cela ferait du bien à Harold de prendre l'air... Je pense surtout que John voulait... euh... s'éclipser, conclut Root.
— ... ?
— Son côté gentleman... expliqua Root... Nous laisser... tranquille...
— C'est débile ! jugea Shaw n'ayant visiblement pas compris l'intention.
Root sourit, Shaw pouvait parfois se montrer obtuse et... très naïve.
— Vraiment ?
— Ouais.
— Tu te sens comment ? demanda Root désirant changer de sujet.
— Euh...
Shaw décida d'oublier qu'elle avait pleuré, qu'elle s'était comportée comme une brute, et que ces « retrouvailles » avaient été un gros...bordel. Elle dévisagea Root. Son air détendu et son sourire qui n'auguraient rien de mauvais, la rassérénèrent.
— J'ai faim et j'ai mal au crâne.
— Mmm, rien qui ne puisse s'arranger. On va d'abord s'occuper de ta tête. Je peux regarder ?
— Mouais, c'est moche, maugréa Shaw arborant une mine d'enfant contrarié. Sans rire, tout le monde m'en veut.
— Je t'aime bien les cheveux courts, lui déclara Root comprenant que Shaw faisait allusion au fait qu'on l'avait encore rasée.
— Pas moi. Je me sens... nue.
— Je t'aime bi....
— Root, ta gueule !
— D'accord, s'esclaffa Root. Je peux regarder quand même ?
— Mmm, acquiesça Shaw.
Root dut avouer que si les points de suture et la plaie se présentaient bien, la tonsure n'était pas très seyante, elle comprenait que Shaw fût furieuse. Elle la rassura, la complimenta sur le premier point et ne mentionna pas le deuxième. Du coup, Shaw lui parla de Francis Letourneur et de la mission qui les avaient conduits Reese et elle dans la ZEC de Bois-Coupé-Désert. Elle continua en se rhabillant, puis durant la préparation du dîner et pendant tout le repas. Root s'étonna autant que Reese de l'intérêt que semblait avoir éveillé chez Shaw la découverte de la forêt. Elle lui raconta ce qu'elle avait appris, expliquant dans les détails comment reconnaître des traces d'animaux, puis lui rapporta les aventures du garde. Root ne l'avait jamais autant entendue parler. C'était curieux. Elle se demanda à un moment si Shaw ne souffrait pas d'une commotion qui lui avait activé une partie du cerveau jusque-là en sommeil. D'autant plus que Shaw se révéla être une bonne conteuse. Son récit était intéressant, précis et bien construit, passionnant même. Root l'écouta avec plaisir et au cours du dîner, elle entraîna Shaw dans une véritable discussion, évoquant sa propre expérience.
