Chapitre LXIV : La colère des unes ; la tendresse des autres

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Malgré l'effervescence qui avait régné dans le village après sa libération, les Mebêngôkres s'étaient très vite occupés de Shaw. Le guérisseur qui l'examina, assura avec ses mots que, malgré l'hématome inquiétant qu'il avait laissé, le coup porté au foie ne l'avait pas endommagé, mais Shaw avait deux côtes abîmées et souffrait d'une commotion. Les côtes ne présentaient aucun danger, mais le coup à la tête nécessitait qu'on surveillât la jeune femme.

Il l'avait fait installer près du feu, avait posé un cataplasme sur ses côtes et un bandage sur sa tête après avoir l'avoir trempé dans une préparation médicinale. Une femme s'était ensuite proposée pour veiller sur elle.

Shaw n'avait pas repris conscience, même quand Root lui avait déplié, un par un, les doigts refermés sur un pan de sa chemise pour s'en libérer.

Na, venu aux nouvelles, parla avec le guérisseur puis, réaffirma à Root que Shaw ne courrait aucun danger corporels, mais qu'il faudrait que le chaman s'occupât d'elle plus tard. L'esprit des hommes qu'elle avait tués la menaçaient. Il ne pouvait rien entreprendre maintenant, car la blessée devait être consciente lorsque le chaman viendrait l'aider à les combattre et les empêcher de s'immiscer dans l'esprit de la jeune femme. Il dévisagea attentivement Root :

— Tu dois être protégée toi aussi. Le sang de l'ennemi a jailli sur toi.

— Ah, mais...

Na appela Djyti et le chef parut horrifié en la voyant. Il s'empara d'un bol et un jeune homme s'avança aussitôt pour venir verser de l'eau chaude dedans. Le chef l'envoya ensuite au chaman et le jeune Mebênkôkre revint avec un petit sac dont Djyti vida le contenu dans le bol. Il rajouta de l'eau et demanda à Root de s'asseoir. Il lui lava le visage et le cou avec beaucoup d'attention.

— Il faudra que tu te laves les cheveux, que tu ôtes tes vêtements et que tu les brûles. Est-ce que du sang a coulé dans ta bouche ? lui demanda Djyti.

— Non, mentit-elle.

— Heureusement, déclara le chef soulagé. Le sang est dangereux. Il faudra... Tu es une femme... Ton amie aussi. Euh...

Il se tourna vers Shaw. La femme qui assurait sa garde lui essuyait soigneusement les mains avec un linge mouillé, effaçant toute trace de sang sur le corps de la jeune femme inconsciente.

— Le chaman saura quoi faire, dit-il à Root. De mon côté, je t'ai aidé comme j'ai pu et ton amie a aussi été lavée du sang étranger qui la souillait. C'est un premier pas.

Root remercia les deux chefs. Elle hocha la tête à l'intention de la femme qui veillait sur Shaw et s'assit à ses côtés. Elle passa une main sur le crâne de la jeune femme inconsciente. Ses cheveux commençaient à repousser, c'était doux et agréable sous la paume de la main. Root croisa le regard de la garde-malade et celle-ci lui adressa un sourire qui se voulait rassurant. Root s'enquit auprès d'elle du destin des mercenaires. Tous étaient morts sauf leur chef d'équipe, Alice Ballart. Les Mebêngôkres avaient emporté les cadavres et les avaient déposés dans un lieu où ils ne mettraient pas en danger la santé des villageois. Na voulut savoir ce qu'étaient devenus les hommes de la rivière. Root lui expliqua qu'elle avait laissé le corps d'un premier mercenaire dans une pirogue, que le deuxième s'était noyé et que son corps avait été emporté par le courant. Il faisait nuit, le chef hésita à envoyer des hommes prendre soin du cadavre resté dans la pirogue, mais le danger était trop grand, il appela quatre villageois et les incita longuement à la prudence avant de les laisser partir.

La fille de Kaveh دختر کاوهOù les histoires vivent. Découvrez maintenant