Chapitre LXVIII : Du danger de s'engager aux côtés de Shaw

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 Anna Borissnova ne s'était pas attardée à Montréal

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Anna Borissnova ne s'était pas attardée à Montréal . Elle n'avait gardé avec elle que son permis de conduire. Elle le détruisit après avoir abandonné sa voiture à Domaine-Enchanté, passa la frontière à pied, rejoignit Plattburgs en stop, et, de là, prit un bus pour New-York.

Elle usa de tout ce qu'elle avait appris au cours de ses années passées au sein de la SVR pour se fondre dans l'anonymat. Un anonymat auquel elle ne croyait plus vraiment.

Son arrivée à l'appartement occupé par son équipe fit sensation. Elle sonna. Borkoof lui ouvrit et elle se retrouva noyée dans ses bras puissants.

— Alexeï, fit-elle un peu surprise par une telle démonstration d'affection.

Le géant se recula et un sourire embarrassé se dessina sur ses lèvres. Matveïtch apparut et le dispensa de toutes explications.

— Anna !

Il connaissait les incroyables ressources dont pouvait faire preuve la jeune femme, sa prudence, son intelligence, mais Chouvaloff comme Korotkov s'étaient tous les deux fait coincer, l'un après l'autre, et Vasselov avait été enlevé pratiquement sous leurs yeux, sous ses yeux à lui, en pleine opération. Aliokhine s'était fait mettre hors combat de la même façon. Anna, d'après ses propres aveux, n'avait échappé à Sameen Shaw que parce que celle-ci avait décidé de l'épargner, qu'elle n'avait pu se résoudre à la tuer. Ils avaient été rapatriés du Kurdistan parce que quelqu'un en avait donné l'ordre et un homme, un seul homme, leur avait soufflé une cible sous le nez. Les gens qu'ils combattaient, que ces gens soient Sameen Shaw toute seule ou Sameen Shaw et ses complices, ou Sameen Shaw, son équipe et d'autres ennemis non-identifiés, ne s'apparentaient en rien à des amateurs. Leurs exploits égalaient les plus folles opérations mises en œuvre par des services secrets ou des organisations militaires. Terriblement efficaces. Déjouant tous les systèmes de surveillance et sans pitié. Pires que sans pitié, certains s'avéraient cruels. Sadiques.

Matveïtch se serait bien gardé de l'avouer à Borkoof, mais il avait pratiquement abandonné l'espoir de la revoir. Seule, sans soutien, après trente-cinq jours d'absence. Pour lui, elle avait malheureusement atteint le but qu'elle s'était fixé : elle avait retrouvé Khatareh Deghati, Sameen Shaw ou le Chirurgien de la mort quelle que fut son identité et elle était tombée.

Depuis qu'ils étaient retournés à New-York, il se levait chaque matin avec la même angoisse que le géant blond qui aimait tant Anna et il pensait avec nostalgie et un pincement au cœur qu'il n'entendrait plus la voix profonde et envoûtante de cette grande femme née en Sibérie occidentale entonner les chants qui les emportaient, lui et ses camarades au cœur de la Russie éternelle. Et la voilà qui frappait doucement à la porte, qui se dressait sur le palier du haut de son mètre quatre-vingt trois. Égale à elle-même, calme, réservée.

— Je sais pourquoi Sameen Shaw nous connaît. Je sais pourquoi Chouvaloff, Korotkov et ma famille ont été tués. Et je sais qu'elle n'a tué aucun d'entre eux, déclara-t-elle d'une voix égale.

La fille de Kaveh دختر کاوهOù les histoires vivent. Découvrez maintenant